30 août 2018

Chronique : Je, tu, elle d'Adeline Fleury (Editions François Bourin) - Sortie 30 août 2018

Description de l'éditeur
Une passion si ardente, qui ravage le corps et le coeur, ça ne devrait pas exister. Quelque chose d'aussi puissant, qui écrase tout, c'est bien trop grand pour une simple femme comme « Je », qui ne connaissait jusqu'alors de la jouissance que le nom. Il faudrait qu'elle le quitte. Mais, chez « Tu », il y a cette force qui, irrémédiablement, l'attire et la retient. Et « Tu » non plus ne peut se détourner de cette histoire qui confine pourtant à la folie.
Un tropisme d'autant plus ravageur qu'entre les deux amants s'immisce son spectre à « Elle », l'Actrice, la mère des enfants. Attractive, répulsive, inébranlable, « Elle » distribue les rôles à la perfection, scandant le quotidien de ses apparitions minutées. Et « Je », la pâle blonde, sait bien que l'attirance qu'elle a pour « Tu » tient aussi à « Elle », la brune, la ténébreuse. Son négatif, son double.Mais qui est vraiment cette « Elle » ? Quelles sont ses intentions ? Le trio parviendra-t-il à survivre ?Avec Je, tu, elle, Adeline Fleury nous livre le récit d'une passion dévorante qui se conjugue à trois.Un désir insensé, dont la seule issue possible pourrait bien être la mort...
Le style est fluide et direct et nous emmène directement dans la tête des protagonistes.
Le schéma narratif est lui-même adapté au récit, le fond et la forme s’entremêlent.

Notre chronique
Je, tu, elle d’Adeline Fleury est un livre envoutant qui nous donne à voir, à entendre, à vivre, presque, la passion d’une femme pour un homme. Le récit est très original car en fait il est triple : les trois parties, JE, TU et ELLE, plongent le lecteur dans les pensées, dans le journal intime de chaque protagoniste (et nous offre un beau retournement de situation en fin de parcours mais je ne peux absolument rien dire de plus au risque de gâcher votre lecture !)

La première partie, JE, est entrecoupée de textes en italiques à la troisième personne comme si l’auteure avait voulu donner plus de poids au texte narré à la première personne par son personnage. Ces textes, quasiment en vis-à-vis (qui se suivent et s’imbriquent parfaitement) permettent d’analyser plus en détail la relation passionnée entre JE et LUI.
La seconde partie, TU, est le récit du point de vue de l’homme, Lui, et cela permet de se rendre compte, petit à petit, de la folie de la protagoniste et de comprendre que tout n’est pas aussi simple que nous aurions pu le penser en ne lisant que son récit à elle.
La déshumanisation des personnages (aucun prénom, aucun nom à part des pronoms et un nom générique, un nom de métier en outre : L’Actrice) donne à ce texte un caractère universel.
La folie au centre de la relation nous est montrée petit à petit, à travers les narrations de TU et en particulier d’ELLE (partie très intense que je vous laisse découvrir).
Le texte prend tout son sens au fur et à mesure de son déroulement et plonge le lecteur dans la folie d’un amour total, viscéral, fatal…
Un très beau roman que je recommande vivement !




Extraits choisis
Quand il m’a quittée, j’ai paniqué. Je le perdais lui, sa présence dans ma vie, mais aussi je perdais le moteur de mon écriture.
                J’ai perdu l’essentiel : la sève, l’élan, l’allant. Le fil du désir coupé, l’écriture à vide, aphone, atone. Il était le grand Tout. L’amant, l’amoureux, la muse. Et puis, du jour au lendemain, il m’a tout retiré. Il m’a laissé un vide abyssal.
(p. 37)
Longtemps, je n’ai pas compris pourquoi on disait « tomber amoureux », pourquoi on associait un fait douloureux à un état de bien-être. Longtemps, j’ai cru qu’amour n’était pas effondrement mais élévation. Avant lui, j’avais aimé des hommes, un ou deux, pas plus, d’un amour sincère, mais avec eux je ne m’étais pas senti « tomber ». Je n’étais pas sortie de moi-même, je n’avais pas vécu l’amour fou et l’aliénation qui en découle. Cette chute vertigineuse qui affole.
(p. 63) 
J’ai tout amalgamé. J’ai été aveuglée par cet état éthéré qui balaie tout sur son passage. Je ne me suis plus reconnue, j’étais cette femme extrême, avide de sensations fortes.

(p. 65)

Si vous souhaitez découvrir un autre texte d’Adeline Fleury, je vous conseille de lire ma chronique de Rien que des mots, superbe ode à la littérature. (chronique, interview de l’auteure et concours qui vous permettra de remporter Rien que des mots, billet).

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Gabriel et Marie-Hélène.