11 août 2018

Chronique : L'antivoyage de Muriel Cerf (Babel) et bon de parrainage (Kube)


J'ai enfin pris le temps de chroniquer cet ouvrage qui faisait partie de la Kube dont je vous ai parlé ici :)



J’ai lu L’Antivoyage avec bonheur. Il s’agit d’une quête initiatique, d’un voyage physique mais également d’un voyage au plus profond de soi.
A travers ce récit authentique, Muriel Cerf nous décrit une réalité triviale avec des mots triviaux et tente de nous faire comprendre à travers cette violence verbale  le choc qu’elle ne cesse de ressentir au contact de la société indienne si différente de la nôtre. 
L’auteure, par son écriture très originale, personnelle, voire unique,  joue de la juxtaposition d’un style lyrique, voire poétique, et de termes crus et familiers, retranscrivant –en refusant d’utiliser des mots propres pour rendre compte de la réalité - l’opposition entre sa vie d’Européenne et la pauvreté extrême de l’Inde.
« […] je ne veux pas de filtre entre ce monde et moi. Que les angles droits restent droits même s’ils sont moins confortables. » (p. 43)
Cette jeune femme (qui a  24 ans lors de la publication du récit) traduit le choc indescriptible qu’elle a vécu et délibérément cherché, en utilisant des images souvent pénibles d’une société minée par des traditions qui condamnent à la misère certaines classes sociales.
« Pas dégoûtée, mais saturée L’Inde malade, viscérale, empoisonnée, me remonte à la gorge. J’ai besoin du grand vent et des paquets de mer moussonneuse qui pleuvent sur la rambarde […] » (p. 61)
« Montées en troisième classe par masochisme et curiosité, on ne sait plus où ne pas regarde […] » (p. 62)
« La misère à ce degré donne un tel vertige d’impuissance que la raison y chavire et l’estomac avec. » (p. 64)
Son texte exprime également une révolte - largement en vogue à cette époque - contre son milieu naturel, contre la France crispée sur ses valeurs, contre les illusions, la culpabilité, la société de consommation (déjà…),...
« […] l’embarrassant fatras de tout ce qu’on m’a appris en Europe, le pressentiment d’un équilibre cyclique. Je me sens optimiste comme un bouddha, pleine de l’espoir de renaître au cœur d’un bouton de lotus au-dessus d’un étang ou dans un champ de patates en Normandie, pour devenir bouillie mélangée à la salive de la terre, et exploser en fleur à chaque printemps, particule brassée par la circulation de la vie qui germe et pourrit sans fin. » (p. 41)
Le contexte du roman est clairement celui des années 70, les années de l’anti tout  (anti pouvoir, anti bourgeoisie etc.) et exprime  une attitude qui se révèlera avec le temps chez les Occidentaux plus comme une posture que comme un socle de convictions véritablement ancrées, le marxisme s’effritant au profit de  l’ascenseur social !
Mais ce qu’il faut retenir c’est que Muriel Cerf cherche avant tout sa propre vérité, un sens à donner à sa vie.
 « J’ai envie de lui crier casse-cou : s’il espère s’initier au bouddhisme tantrique en courant d’un monastère à l’autre pour filmer des moines, il va droit vers l’échec le plus total. On n’arrache pas des secrets immémoriaux à des gens qui ont voué leur vie à la recherche de la vérité en les regardant manger leur riz et faire du yoga tous les matins. […] C’est ici tout de suite, la vérité, et si on ne la trouve pas en regardant en soi-même, c’est que quelque chose cloche. » (p. 202)
Un roman à redécouvrir pour le témoignage d’une époque qui reste fascinante, pour le voyage passionnant que nous effectuons avec Muriel (Inde, Népal, Singapour…), pour l’écriture remarquable de cette jeune femme qui ne craignait pas l’aventure et pour cette quête de liberté dans tous les domaines y compris la liberté sexuelle. En fin de compte un message fort et toujours d’actualité !

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Excellentes lectures à tous et toutes !

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