30 octobre 2018

Chronique : La petite fiancée de la Grande Guerre de Michel Cordeboeuf (Éditions Nouvelle Bibliothèque) - Sortie le 5 novembre 2018.

Notre chronique 
Un livre sobre et puissant. Des dialogues brefs, mais qui parlent vrai, et qui nous touchent intimement, car cette Grande Guerre est encore bien présente dans les souvenirs familiaux des Français alors que celle de soixante-dix s’est effacée de la mémoire collective, mais il faut dire que c’était une défaite ! Quatorze a été une victoire, mais une victoire sur quoi ?
Et en quoi une guerre peut-elle être Grande ? Par le nombre de morts ?
Les hommes de ce récit se parlent dans les tranchées, et ils nous parlent, car souvent ils miment le rôle des absents, leurs mères, leurs fiancées. Des femmes toujours, absentes du front, mais si ancrées en eux. Ils veulent les retrouver quand l’horreur sera terminée. Vivre et les aimer simplement. Une vie simple est un rêve face à la guerre dont le seul dénouement est la mort.
Les femmes remplacent les hommes à l’arrière. Personne ne s’en offusque. Les poilus savent qu’elles sont fortes puisqu’elles prennent leur place et qu’elles sont capables de les attendre et souvent même de ne pas les voir revenir. On prend les tranchées des boches. Les boches les reprennent. Les cadavres s’entassent et l’absurde en 1918 a pris la place de la fleur au fusil et des joyeux départs de 1914. Le vaguemestre est tué. Une balle perdue. Le courrier, vital comme l’alcool, n’arrive plus et l’espoir s’éteint. Au soir de Noël on chante avec les Anglais et les Allemands, on joue au foot. Et le lendemain c’est la tuerie. Mots et maux d’un quotidien de vies détruites en quelques secondes qui réduisent les familles à rien. La solitude est partout. Il y a des réalités que la littérature ne peut pas enjoliver. La guerre n’a pas de poésie : ce n’est qu’une boucherie.  

Résumé de l'éditeur
Au retour de la Première Guerre mondiale, Adrien retrouve la femme qu’il aime, celle qui l’a accompagné par la pensée et par ses courriers tant attendus.
L’ancien Poilu a besoin de raconter ce qu’il a vécu et il le fait, avec pudeur, à sa façon.
Il écrit une pièce de théâtre qu’il interprète avec Paul, un camarade avec qui il a survécu. Cette fiction lui permet d’évoquer l’insoutenable, l’inadmissible mais de parler également d’amitié et d’amour.
Dans le même temps, il cache son carnet où il a noté au fil du conflit, des événements, des impressions, des pensées, des textes poétiques... Il faudra que le destin s'en mêle pour que soient rassemblés ses souvenirs.

L'auteur
Michel Cordeboeuf a publié une soixantaine d’ouvrages chez divers éditeurs (Flammarion, Aubanel, Le Dé Bleu, Pour Penser à l’endroit, éditions du Bastberg…). Il anime régulièrement des ateliers de création littéraire et théâtrale, des lectures et des rencontres autour de ses livres. Chaque semaine, il présente le Magazine Littéraire sur RCF Poitou.



Interview 
Une étrange nouvelle familiale
Au cours d’un repas familial, j’apprends que mon arrière-grand-père est mort le 11 novembre 1918. Il venait d’écrire à sa femme qu’il allait rentrer après l’extraction d’une balle dans son épaule. Hélas, c’était une balle explosive. Mon aïeul perdit la vie sur la table d’opération et le chirurgien fut amputé de son bras.
La guerre sur scène
Je décide d’écrire et d’interpréter un spectacle Le courage des ombres mettant en scène deux Poilus égarés dans les derniers jours de la guerre. Confrontés à l’absurde, ils évoquent leurs amours, leurs amitiés, la vie au village et leurs rêves. Ce spectacle, produit par la Compagnie du Temps Imaginaire, a été présenté dans diverses villes.

La Petite Fiancée
Comment s’emparer d’un contexte aussi vaste que la Première Guerre mondiale si ce n’est tenter de comprendre les ressentis de ces hommes basculés dans l’horreur et qui avaient, pour la plupart, une fiancée dans le cœur. C’est cette voie de l’amour que j’ai décidé d’explorer, l’amour-absence, l’amour idéalisé, l’amour espéré…

Un livre, genèse d’un long chemin de réflexion et de création
Le manuscrit a su toucher le comité de lecture Nouvelle Bibliothèque à l’unanimité. Un long chemin a mûri le texte et permis de raconter une histoire émouvante. L’homme revient avec un carnet d’impressions et de réflexions sur son vécu de Poilu. Quand il arrive au village, il retrouve celle qu’il aime et il décide d’œuvrer à sa manière pour que ce soit la der des ders et de ne pas faire de guerre dans sa vie. À sa demande, son précieux carnet est enfermé dans le monument aux morts.

Des pistes de réflexion pour hier comme pour aujourd'hui.
Les messages du livre ne concernent pas seulement la Première Guerre mondiale mais également notre société d'aujourd'hui. Le lecteur va suivre au plus près le ressenti d’un homme face à l’inacceptable. C’est une respiration au cœur d’un conflit, ponctuée d’humanisme et d’amour.





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Gabriel et Marie-Hélène.