08 août 2022

Chronique "Young adult" : La Vie de Paloma, Journal d'une instagrameuse de Sophie Laroche (Fleurus).

Présentation de l'éditeur (incipit).
"Tout a commencé par un petit cœur. Un minuscule cœur tout creux, qui a rougi quand j'ai posé le doigt dessus.

Sur Instagram, un cœur vide se remplit en moins d'une seconde.

À l'époque, ma vie manquait d'arcs-en-ciel. Depuis ce soir-là, c'est un feu d'artifice : ça illumine, ça enchante et ça brûle."

Notre chronique
Ce roman jeunesse nous plonge – avec beaucoup d’humour – dans la vie d’une collégienne timide qui, pour plaire à un groupe de filles « populaires », va se transformer. Elle commence par rejoindre Instagram sans en parler à sa mère, puis, de fil en aiguille, prend de l’assurance et publie à son tour de façon anonyme. La professeure qui est en moi frémit dès le départ, car il est évident que notre héroïne risque gros, sans même s’en rendre compte.
« Au début, Instagram est pour moi une source d’angoisse. Je me connecte dès que je le peux afin de ne pas louper une publication de Louise ou de l’une de mes nouvelles copines. Le ridicule de mon comportement ne m’échappe pas, mais je suis comme la fille qui se remet une couche de rouge à lèvres sur une couche déjà bien épaisse : c’est plus fort que moi. »
Ce récit est celui d’une jeune fille de 13 ans, qui s’appelle « Paloma », la colombe candide et irréprochable que la bave du crapaud ne devrait pas atteindre… et qui va découvrir le venin des échanges virtuels. 
« Sur Instagram aussi, je me contente de ce rôle de suiveuse, je like, je partage, je garde pour moi mes interrogations et je ne publie rien. J’ai parfois l’impression de me noyer : mes copines évoquent sans arrêt de nouveaux comptes “tellement géniaux” à suivre ou parlent de vidéos “trop trop drôles” qu’il faut que je regarde au plus vite. Aux comptes de mes camarades s’ajoutent ceux des influenceuses qu’elles suivent et dont elles envient le style et le succès. Comme la mode ne m’intéresse pas vraiment (et c’est réciproque : mon corps n’intéresse pas la mode), je me sens là encore déconnectée (un comble, sur Instagram). Mais j’appartiens à une bande d’amies, et pas n’importe laquelle. Alors, si pour que cet état de grâce continue, il faut consulter Instagram tous les jours et se montrer faussement concernée par des publications sur la mode, je suis prête à cet effort. »
Elle s’initie aux réseaux sociaux, sans soutien d’adultes, nous donne à voir tout ce qui peut rendre ces réseaux dangereux ainsi que les dérives possibles, certaines gravissimes. Le fan virtuel qui s’immisce dans notre vraie vie, les vidéos publiées sans l’accord de la personne ou de ses parents, le cyber harcèlement, le besoin de vérifier son compte constamment... L’abandon de tout esprit critique pour plaire au groupe, la montée de l’agressivité jusqu’au drame toujours possible, — surtout pour des personnalités vulnérables en quête de reconnaissance, un monde frelaté de tricherie sur les apparences... 
« Instagram, c’est aussi la découverte des filtres qui embellissent le cliché et amochent la vie. »
Le tout à l’insu de familles ignorantes ou dépassées même quand elles essaient de bien faire. J’ai pensé très vite, comme l’une des protagonistes, à l’ouvrage de Delphine de Vigan, Les enfants sont rois, qui, comme celui-ci est idéal pour faire prendre conscience des risques encourus par les jeunes, sans pathos, sans être dans la morale, simplement en partageant une histoire touchante qui plaira aux adolescents et aux moins jeunes sans aucun doute !

#LaViedePaloma #NetGalleyFrance

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