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04 mars 2018

CONCOURS - L'élève au coeur de sa réussite -- 2ème cadeau : Rien que des mots d'Adeline Fleury

Je suis ravie de chroniquer le second livre que j'ai sélectionné pour vous!

Si vous ne l'avez pas encore fait : n'hésitez pas à consulter l'article qui vous donne les clés pour tenter de gagner ce fantastique roman !




Résumé de l'éditeur

Dans un avenir qui ressemble à notre futur proche, Adèle a décidé de tenir son fils Nino éloigné de la lecture. Privée dans son enfance de la tendresse d'un père écrivain accaparé par son oeuvre, elle fera tout pour éviter un tel sort à son fils. Pour qu'il reste dans la vraie vie, pour l'empêcher d'être tenté par la grande aventure de l'écriture, elle proscrira autour de lui la présence des livres.
Elle les brûlera, elle va jusqu'à nier leur existence. Mais l'enfance est têtue et tous les silences ne peuvent rien contre sa curiosité. Nino, après une longue quête, finira par trouver sa voie en assumant d'une manière inattendue cet héritage de mots et de papier. Dans cette fable initiatique, Adeline Fleury nous donne à lire un conte cruel où les angoisses les plus archaïques se ravivent au contact des réalisations de notre hyper-modernité.
L'ambivalence de notre rapport au livre, livre sacré ou interdit, se trouve interrogée dans ces pages où se projettent comme des ombres expressionnistes nos tabous les plus enfouis. Avec Rien que des mots, c'est une magnifique déclaration d'amour qu'Adeline Fleury adresse au livre, à tous les livres.


L'auteure


Adeline Fleury, 37 ans, a souvent aidé les autres à raconter leur histoire. Reporter pendant quinze ans, essentiellement pour les pages Société du Journal du Dimanche. Faits divers, portraits de personnalités, plongée dans le milieu de l’éducation nationale, immersion dans les coulisses du Vatican… l’humain est son inspiration, la rencontre son moteur. Parce que désir et écriture sont intimement liés, elle prend la plume aujourd’hui pour faire l’éloge de la jouissance féminine (Petit éloge de la jouissance féminine, François Bourin) et adresse une puissante déclaration d’amour à la littérature dans son premier roman, Rien que des mots (François Bourin).

Ma chronique

Vous connaissez mon amour des livres, ma passion de la littérature, ma mission d’enseignante de littérature américaine ! Vous imaginez à quel point la quatrième de couverture de ce roman d’anticipation m’a interpellée !
Ce récit des mots mais aussi de la folie, de la peur, de l’amour total, de l’écriture et de la lecture, des relations familiales exacerbées, du talent littéraire, de notre monde technologique, de la passion dévorante, de l’addiction est bien une ode à la littérature ! Bien sûr, le trait est parfois grossi et il s’agit d’une caricature de ce que notre monde pourrait devenir, mais ça fait justement partie du principe, du charme et des atouts de ce livre hors norme.
Un livre qui nous fait réfléchir, qui nous fait rêver, nous redonne espoir et nous touche, que demander de plus ?
C'est pourquoi je le recommande chaleureusement ! Un véritable cadeau pour les amoureux des livres !

Extraits

- Mais, les mots ne sont pas morts, tu le sais bien. Tout a été conservé dans les Linums et dans les ordinateurs. Rien n'a été effacé...
-Ce sont des machines démoniaques, capables de réécrire les livres, de dévorer les mots, de les interpréter, de dénaturer leur sens premier afin de mieux nous manipuler. Les machines ont pris le pouvoir ! oh, Seigneur, qu'avons-nous fait ? Il faut dire au petit de quoi nous l'avons privé. Lui, il m'aidera dans mon entreprise de retour au papier, à l'écrit, au manuscrit ! (p. 99)


Interview exclusive de l'auteure

Pourquoi un ouvrage d’anticipation ?

Justement pour pousser le côté « fou » et « étrange », pour forcer le trait, et aussi faire passer un message de manière plus poétique je crois. Je ne lis pas de littérature SF ou d’anticipation, mais j’ai pensé qu’il était plus intéressant de suivre cette famille un peu à la marge dans un monde un peu désenchanté, et c’est une façon surtout d’alerter sur les dangers et les maux qui pèsent dès à présent sur notre société : puritanisme ambiant, contrôle de la pensée, ère du fake news, de la pensée 3.0, du zapping intellectuel… L’anticipation permet de dénoncer tout cela, de grossir le trait pour mieux ridiculiser, et alerter. La littérature se doit, comme le cinéma, d'être un média lanceur d’alerte.

Quels sont vos meilleurs souvenirs de journaliste ?

Vaste question… En quinze ans de reportages, de rencontres, difficile de faire le tri… Certainement ce soir du 13 mars 2013, place Saint-Pierre à Rome, lorsque j’étais parmi la foule pour vivre l’élection du pape François… Je ne suis pas catholique, mais j’ai été très émue par la ferveur de tous ces gens de foi autour. D’ailleurs, j’ai eu la chance de suivre toute la période qui a précédé son élection, depuis la renonciation de Benoît XVI, le conclave, puis après son élection, les JMJ à Rio, par exemple, et j’ai compris à quel point cet homme allait révolutionner l’Eglise et bien au delà.

Quel est votre auteur préféré et votre livre de chevet ?

J’ai toujours pas loin de moi Le Journal de l’amour d’Anaïs Nin, je trouve que par sa plume, son émancipation, son audace, son érudition, elle a en quelque sorte libéré l’érotisme au féminin, et donc l’érotisme tout court. J’ai également l’intégrale d’Alberto Moravia à portée de main, je relis assez souvent Le Mépris, L’Amour conjugal en priorité, Moravia décrit à la perfection les affres du couple, la pulsion masculine, la dépression, j’admire la précision de sa langue.

Quelle lectrice êtes-vous ?

Depuis peu, j’ai repris un poste dans un journal, où l’essentiel de mon travail est de lire des romans, des nouveautés, donc j’ai à coeur de faire découvrir des auteurs moins connus. J’aime les auteures féminines, comme Catherine Locandro, Delphine Bertholon par exemple, pour leur capacité à créer des univers romanesques très puissants, ou des plumes assez audacieuses, cash, crues et poétiques à la fois comme Bénédicte Martin récemment, j’aime être dérangée ou secouée en ce moment, j’ai du mal avec ce qui est mièvre, propre, lisse, cela ne me touche pas. Lorsque j’écris de la fiction, en revanche, j’ai tendance à lire des essais, des documents, de la philo, des livres qui viennent nourrir ma réflexion, peu de romans, et lorsque j’écris de la « non fiction » c’est l’inverse j’ai besoin d’évasion romanesque.

Avez-vous des « manies » d’auteure ? des habitudes ? des besoins spécifiques ? des préférences ?

Je ne suis pas un auteur à « structure », qui élabore un plan très détaillé avant d’écrire, d’ailleurs je suis très admirative des « auteurs à structure », moi la structure m’enferme, j’ai une écriture assez intuitive. J’ai un flash, une première scène assez cinématographique, et c’est cette scène qui donne le la pour la suite, puis je me laisse porter, emporter par mes personnages, souvent mes doubles littéraires, ce que j’aurais aimé être ou détesté être…

Un mot de la fin ?

Lisez, ce que vous voulez, romans, BD, romans graphiques, essais, littérature blanche, ou bien feel good, polars, livres légers ou essais hyper intellos, qu’importe, lisez !


Un grand merci aux Editions François Bourin de s'associer à ce concours !



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