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26 avril 2019

Chronique littéraire : Einstein, le sexe et moi d’Olivier Liron (Éditions Alma)

Quatrième de couverture
« Je suis autiste Asperger. Ce n’est pas une maladie, je vous rassure. C’est une différence. Je vais vous raconter une histoire. Cette histoire est la mienne. J’ai joué au jeu télévisé Questions pour un champion et cela a été très important pour moi. »

Nous voici donc en 2012 sur le plateau de France 3 avec notre candidat préféré. Olivier Liron lui-même est fort occupé à gagner ; tout autant à nous expliquer ce qui lui est arrivé. En réunissant ici les ingrédients de la confession et ceux du thriller, il manifeste une nouvelle fois avec l’humour qui est sa marque de fabrique, sa très subtile connaissance des émotions humaines.

L'auteur
Olivier Liron est né en 1987. Normalien et agrégé d’espagnol, il enseigne la littérature comparée à l’université Paris 3-Sorbonne Nouvelle avant de se consacrer à l’écriture et au théâtre. Il se forme en parallèle à l’interprétation et à la danse contemporaine à l’École du Jeu et au cours Cochet. Son premier roman, "Danse d’atomes d’or", est publié en 2016 chez Alma Éditeur et reçoit un accueil remarqué. Il est également l’auteur de pièces de théâtre, de scénarios pour le cinéma et de fictions sonores pour le Centre Pompidou. En 2017, il adapte son roman "Danse d’atomes d’or" pour le cinéma dans le cadre de la promotion « Adaptation de romans » de la Fémis. Son deuxième roman, "Einstein, le sexe et moi", paru en 2018 chez Alma Éditeur, est sélectionné pour de nombreux prix comme le Prix Femina, le Grand Prix des Blogueurs et le Grand Prix des Lectrices Elle.



Notre chronique
Un livre frais, un personnage / auteur fascinant, qui exprime tant de choses que je partage en tant qu’enseignante ! La différence a toujours été pour moi, et le sera toujours, une richesse, une source d’enrichissement pour tous et de talents uniques ! Chez mes élèves, la première chose que je cherche, ce sont leurs talents personnels, leurs spécificités, ce qui les fera briller et ce qui les rend créatifs et uniques ! C’est ainsi que l’on avance et que l’on fait profiter toute la société de ces talents ! C’est comme cela aussi que l’on progresse et que l’on s’investit dans des apprentissages parfois ingrats !
Ce livre très atypique se lit d’une traite ! Merci Olivier !


Extraits 
C’est l’inconvénient des histoires qui ne sont pas de la fiction ; elles sont bizarres et bancales comme le réel. (P. 133)

J’ai lu La vie devant soi [d’Emile Ajar] à l’adolescence et c’est le premier roman où la littérature m’a parlé de la vraie vie, et ne m’a pas uniquement fait rêver, ou emporté vers des ailleurs. (P. 142)

Ce qui m’a sauvé, ce qui m’a toujours sauvé, ce qui m’a permis d’avancer, c’est l’écriture et la poésie. Je dis « sauvé » même si je suis convaincu qu’au fond, on est tous sauvés de naissance. (P. 167)

Van Gogh a dit cette chose extraordinaire, ou plutôt il l’a écrite à son frère Théo :
« Et les hommes sont souvent dans l’impossibilité de rien faire, prisonniers dans je ne sais quelle cage horrible, horrible, très horrible. On ne saurait toujours dire ce que c’est qui enferme, ce qui mure, ce qui semble enterrer, mais on sent pourtant je ne sais quelles barres, quelles grilles, des murs. Tout cela est-ce imaginaire ; fantaisie ? Je ne le pense pas. Sais-tu ce qui fait disparaître la prison, c’est toute affection profonde, sérieuse. Être amis, frères, aimer cela ouvre la prison par puissance souveraine, par charme très puissant. Mais celui qui n’a pas cela demeure dans la mort. »
              Voilà, c’est peut-être cela écrire, pour moi, chercher à ouvrir la prison, aimer, aller à la rencontre des autres, tout simplement.
Le fascisme de la norme ? La peur de la différence ? Nous n’y sommes pas condamnés. Grâce à la poésie, et c’est ce que j’ai essayé de faire dans ce livre, on peut transformer la vie. Transformer le jeu Questions pour un champion en une quête de soi-même. Mon premier roman, Danse d’atomes d’or, racontait la victoire de l’amour et de l’écriture sur l’absence et la mort. Ecrire pour moi c’est une façon de survivre. Une alchimie étrange, une esquive, un boomerang, un renversement, un art de la prestidigitation, un monde où tout serait guérissable. (PP. 193-194)

Face à la violence du monde, que peut la littérature ?
Je n’ai pas la réponse. Mais l’écrivain doit faire deux choses. Ne pas mentir sur ce qu’il sait. Jamais. Et lutter de toutes ses forces contre l’exclusion. Quoi d’autre sinon cela ? (P. 194)

Pour aller plus loin







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