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23 octobre 2019

Chronique littéraire : Le caillou blanc - Joël Macron (Editions Nouvelle Bibliothèque).

Quatrième de couverture

L'île d'Yeu, pendant les années 70. Alain et ses camarades parcourent l'île à vélo, avec l'insouciance propre à l'adolescence et la joie de sillonner librement tous les recoins de l'île. Pierre, arrivé depuis peu, tente de se joindre au groupe et y parvient difficilement, épaulé par Alain ... Mais qui est vraiment Jacques, le père de Pierre ? Et quel est son projet ? Un jour, c'est le drame : Pierre meurt accidentellement. Alain quitte l'île d'Yeu et ses amis. Le hasard de la vie les réunit à nouveau au début des années 2000 ... Alain retrouve l'île de son adolescence et ses amis. Ils déroulent ensemble l'écheveau du passé : celui, terrible, de Jacques, et les événements qui ont provoqué la chute mortelle de Pierre.


Extrait

Le repas avec Mireille fut un vrai moment d’échange, nous avions tellement de choses à nous dire. Au moment de prendre le café, Mireille se pencha vers moi tout en prenant un sucre :

— Il faut que je te parle de Freddy, puisque nous sommes tous les deux… Je ne sais pas par où commencer. Nous nous aimons profondément, depuis le collège, il m’a dit souvent qu’il m’aimait autant qu’il t’avait aimé, et pour moi cela a toujours été la preuve de son amour. Mais je connais son attirance pour les hommes, c’est difficile à vivre sur l’île… De temps en temps, rarement, il part deux ou trois jours à Nantes. Je sais que c’est plus facile pour lui là-bas, je ne lui ai jamais rien demandé mais je sens que ce n’est pas ce qu’il veut : passer d’un mec à l’autre ne fait qu’accentuer sa frustration… Parfois il devient taciturne, comme absent. Je le sens malheureux, et je le deviens aussi. Je continue car il va falloir que j’aille ouvrir la boutique tout à l’heure… L’annonce de ton arrivée a été un déclic pour lui : quand tu lui as parlé au téléphone, et qu’il a commencé par grogner je ne sais plus quoi, je l’ai vu se redresser, son visage a changé d’expression : il était tellement heureux de t’entendre, et de savoir que tu revenais enfin… Alain, je te demande juste d’être clair avec Freddy : s’il y a quelqu’un dans ta vie, s’il doit te retrouver pour te voir partir, dis-lui, fais-le pour moi. Cela doit te paraître insensé, mais si tu savais combien de fois j’ai pensé qu’il fallait qu’il te retrouve, pour que je le retrouve aussi… Pardonne-moi, tu n’as même pas fini ton café, il va être froid. Nous sommes samedi, demain tu viendras manger à la maison, je t’ai noté l’adresse, tu retrouveras facilement, on passait devant la maison en revenant du Caillou Blanc. J’ai hérité de ma tante et nous sommes partis de l’ancienne maison pour faire une extension, c’est pas mal du tout, je suis sûr que ça te plaira. Ah, et lundi je ne travaille pas, je vais essayer de trouver une variété d’orchidées qui devraient être en fleurs, pour faire une série de photos… Tu voudras m’accompagner ? Je pense les trouver au pied des dunes vers les Conches, côté terre, juste avant les premiers pins. Ne me réponds pas tout de suite pour Freddy, laisse-toi le temps d’y réfléchir, rien ne presse.

L'auteur

Interview de l'auteur
Quel lecteur es-tu ?
Je suis un lecteur ouvert à tous genres de romans, pourvu qu’il y ait une accroche, un thème, un titre qui me donne envie d’ouvrir le livre, et de le dévorer (lecteur rapide, j’essaie de ne pas tout lire d’une traite et c’est parfois difficile).

Quelles sont tes principales influences ?
Vaste question, à mon âge, je ne sais pas si on peut parler encore d’influences. Jeune, j’ai dévoré Bazin, Zola, Hugo, Camus que j’ai découvert plus tard et pour lequel j’ai toujours une grande admiration. Quand j’écris, j’essaie de ne pas lire, j’aurais trop peur d’être inconsciemment influencé par ma lecture.

Quand as-tu commencé à écrire ?
Dans mon métier, j’ai toujours écrit : j’étais prof de français, et je ne concevais pas de demander un travail d’écriture sans en produire un moi-même. J’ai aussi écrit des spectacles (trois) quand j’habitais en Mayenne. Plus tard, j’ai écrit des chroniques, lorsque j’étais principal de collège, et je les affichais en salle des profs… Les collègues en redemandaient, et j’ai pris l’habitude d’écrire plus régulièrement. J’ai vraiment commencé à me lancer dans l’écriture d’un roman (Killarney 1976) quand la retraite m’a enfin permis d’avoir du temps pour moi, donc très récemment (fin 2016).

Quel retour de lecteur/lectrice t’a le plus ému ?
Ce sont d’abord mes deux bêta-lectrices, Sylvaine et Annick, qui ne laissent rien passer, et me demandent d’aller à un rythme plus soutenu (elles sont destinataires de chaque chapitre). Ensuite, Michel, mon mari… Qui n’a pas le droit de lire ce que je suis en train d’écrire, mais qui a droit au premier exemplaire dédicacé. (C’est totalement irrationnel, je sais !)

Quand écris-tu ? As-tu un rituel d’écriture ? de petites manies d’auteur ?
Pas vraiment de rituel ou de manies, j’aime être au calme, dans mon fauteuil, et j’écris de préférence le matin. Je suis un contemplatif, et il me faut en général un paysage à regarder, lorsque je réfléchis (un oiseau sur une branche, le vent à travers les feuillages, un chat qui passe dans le jardin…).

Quel a été ton plus grand bonheur littéraire ?
Je pense que savoir que son livre a été accepté par le comité de lecture, et qu’il va être publié est à chaque fois un grand moment de bonheur.

Es-tu en train d’écrire un nouveau roman ?
Oui, mais c’est un projet top-secret, dans lequel je ne suis pas le seul engagé. Disons qu’il surprendra si nous arrivons au bout, et je ne pense pas que cela ait été déjà fait. J’ai aussi deux autres romans sélectionnés : « L’hiver sera froid » et « La prophétie », mais il est trop tôt pour en parler.

Le mot de la fin ?

Le mot de la fin, c’est « merci », merci à vous deux, Gabriel et Marie-Hélène, pour ce que vous faites pour les auteurs, pour votre engagement, et parce que vous êtes deux belles personnes. 

Merci à toi !!!!! <3 

Notre chronique

Un ouvrage tout en douceur, quoique certaines thématiques en soient cependant dépourvues : la mort, les remords, la violence familiale … Toutefois, l’espoir, l’entraide, l’amitié et l’amour seront les plus forts, au-delà de tous les préjugés.
Le style de Joel Macron, comme dans Killarney 1976, est limpide et direct, sans affectation.
Nous avons particulièrement apprécié la double mise en abyme du livre dans le livre, ainsi que la parodie de thriller du narrateur, Alain, auteur lui-même, l’humour toujours présent, la bienveillance aussi, le ton vrai et la mise en avant de l’amour rédempteur.
Une très belle histoire pour tous !

Pour aller plus loin

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