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01 octobre 2019

Les acteurs et actrices de la littérature : Anne-Cécile Charenton.


Bonjour Anne-Cécile,
Merci d’avoir accepté cette interview !

Pourrais-tu nous parler de tes différentes « casquettes littéraires » ?
Elles ne sont pas si nombreuses que ça, quoique…quand je réfléchis, il y a l’endroit, le côté de l’enseignement. Un groupe d’élèves, c’est le laboratoire idéal pour un(e) auteur(e) : ils adorent qu’on leur lise un texte, les retours sont sans concession souvent. Et il y l’envers très très récent en fait, cela remonte à trois ans : on m’a proposé la relecture de manuscrits, l’impulsion d’écrire est venue paradoxalement, je dois l’avouer, de la frustration de lire de mauvais manuscrits ! Parallèlement, je menais des entretiens avec l’autrice Régine Detambel qui m’a convaincue de passer à l’acte. Tout s’est enchaîné, j’avais un sujet dans ma tête qui courait, ou, en tout cas, un silence autour d’un sujet qui me tenait à cœur. Pendant un an j’ai suivi un atelier d’écriture sur La Rochelle, l’été qui a suivi je suis partie en résidence chez Régine Detambel où l’embryon du chantier a grossi un peu. J’ai continué vraiment seule en me faisant confiance toute l’année qui a suivi.
Les casquettes évoluent beaucoup et nécessairement, c’est important de ne rien laisser se figer. Je ne peux pas en dire plus, mais nous avons à plusieurs le souhait d’avoir notre propre laboratoire de lecture à haute voix pour travailler l’oralité du texte, pas forcément de la poésie d’ailleurs. Justement. J’écris tous les jours, peu importe le temps, le lieu, l’heure, au minimum trente minutes. Parfois, ce temps, je le consacre à une proposition d’écriture pour le site de L’Inventoire ! Je sors de mon propre manuscrit, c’est un bon moyen d’ouvrir des « portes fermées » pour revenir justement au manuscrit.

En quoi sont-elles complémentaires ? Comment t’aident-elles au quotidien à mieux appréhender tes autres activités littéraires ?
Quand tu écris toi-même tous les jours, tu es plus crédible face à des élèves à qui tu demandes d’écrire. Personnellement, quoi de plus normal que d’écrire et de se confronter à l’écriture quand tu le demandes à des jeunes ? Que ce soit quand un élève rencontre une difficulté à passer à l’écriture, à exprimer une idée clairement ou que ce soit quand tu as une attente bien précise, tu cernes tout de suite ce dont il va avoir besoin ou ce sur quoi il va exceller parce que spontanément il s’appuiera sur ses propres moyens. Je ne pars jamais sur du neuf et je ne propose pas du nouveau ou du « tu vas devoir faire autrement, comme ci, comme ça », je pars de ses forces.
Vendredi, tiens, les élèves devaient écrire à la manière du « Je me souviens » de Georges Perec, je leur avais juste parlé de Georges Perec, l’un est allé écouter sur YouTube un extrait. Entre temps, pendant une semaine, il avait noté au brouillon 10 anecdotes de l’actualité de la semaine passée. Vendredi, il a expliqué aux autres sa démarche, et c’était parti pour tous !  J’ai été scotchée, littéralement, par ses choix concernant l’actualité. Et scotchée aussi par la sincérité absolue qui est ressortie de chacun des textes.
Pour mes propres activités littéraires, c’est tout simplement une respiration, un souffle de diversifier ses activités. C’est ultra difficile de rester sociable quand tu passes une période où c’est difficile d’avancer, quand l’écriture est bloquée. Tout se bloque, c’est laborieux avec soi et avec les autres aussi. Je suis restée 7 mois, je crois - c’était très difficile à vivre - sans pouvoir écrire, mais jamais je ne me suis résignée, j’ai écrit autre chose, pris des notes et un matin, je suis d’autant mieux revenue à mon manuscrit. J’ai aussi enfin accepté d’écrire pour peut-être ne pas garder grand-chose.

Quels sont tes livres de chevet ?
Les Misérables et le Comte de Monte-Cristo ! Les Mémoires d’Hadrien aussi… reviennent souvent.

Quels sont tes auteurs préférés ?
Barbey d’Aurevilly pour ses ambiances étranges, un peu hors temps… et ses personnages terrifiants, Jean Giono et les deux Marguerite ! Marguerite Duras et Marguerite Yourcenar ! Pour la voix de chacun et chacune, reconnaissable entre mille. Je viens de relire La Douleur justement ! Pour Giono, c’est lié d’abord à ses romans Les Âmes fortes et à Un Roi sans divertissement : il a fait preuve d’une audace incroyable en élaborant des processus narratifs complexes qui ne ressemblent à aucun autre.

Comment sélectionnes-tu les livres que tu lis ?
Je n’en suis plus au stade de sélectionner, je crois … Je lis vraiment tout et autant que je peux ne serait-ce que pour m’imprégner et parce que je suis curieuse… Mais je déteste la course à la lecture en période de rentrée littéraire, je déteste la marche forcée.
Si je pouvais ne plus faire de courses et n’acheter que des livres, ça me conviendrait parfaitement ! D’ailleurs, c’est un peu ce qui se passe ! Je vais au minimum deux fois par semaine en librairie, je feuillette, j’ai quelques très bons lecteurs autour de moi qui m’ouvrent sur des auteurs que je n’aurais pas lus toute seule. Depuis deux ans, je lis davantage de littérature américaine parce qu’ils ont une littérature tournée à part entière vers la nature et les grands espaces.

Le mot de la fin ?
Pour aller bien, lisez, pour prendre du recul, lisez et écrivez, abreuvez-vous de lecture et d’écriture !

Pour aller plus loin

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