01 novembre 2019

Chronique littéraire : N°53 de Ben-Amar Delzaghere (Editions Nouvelle Bibliothèque).

Quatrième de couverture
Ben est un enfant comme les autres, entouré de sa famille. A l'âge où tout ne devrait être qu'insouciance, son monde s'écroule, avec une longue descente aux enfers entre une mère alcoolique et un beau-père raciste et violent... Une enfance emplie d'insultes, d'humiliations, de privations et pire encore. Vient ensuite son placement en foyer, ce n’est évidemment pas un long fleuve tranquille, loin de là. Vivez ce témoignage à travers son regard d'enfant, vous n'en sortirez pas indemne.

Extraits
Chaque ouvrage est singulier. Une trame, un style, une ambiance, une thématique, des personnages, des lieux, une mise en scène… Chaque auteur a sa plume, ses mots, ses raisons d’écrire, ses raisons d’être publié.Dans le cas d’un témoignage, l’écriture prend une densité particulière. A fortiori quand ce témoignage évoque la maltraitance infantile, la sauvagerie de l’abus, le drame de l’abandon, mais aussi la survivance, la résilience…L’écriture est alors une nécessité, un biais de survie, d’élaboration du traumatisme pour que l’enfant qui a grandi ne reste pas fracassé, saisi d’effroi face à l’impensable, face à l’horreur. (Extrait de la préface).   
"Nous avions parlé fort mais rien ne pouvait sortir ma mère de sa torpeur. Alors puisqu’il fallait y aller, je me suis résigné. Je suis passé devant Mounia pour me diriger vers l’escalier. C’était un escalier en bois exotique presque rouge qui faisait du bruit. J’avais tellement l’habitude de prendre la poudre d’escampette que je connaissais le bruit que chaque marche faisait. J’avais même appris, avec le temps, à le gravir de façon totalement silencieuse. Avant d’entamer la montée, j’ai recommandé à ma sœur :— Mets tes pieds exactement là où je mets les miens." 
"Cette déambulation a pris des allures d’exception. Les trajets que j’avais si souvent faits sont devenus des sentiers nostalgiques. Il m’a fallu pourtant me résoudre à retourner chez moi. Après être passé discrètement à plusieurs reprises devant la maison et m’être ainsi assuré qu’il n’y avait plus de policiers, je suis passé par la fenêtre des toilettes. Cette même fenêtre qui m’avait permis d’échapper à mon beau-père de si nombreuses fois."
"Au cours de cette deuxième année, je me suis senti en ataraxie, ni heureux ni malheureux. Je n’étais pas vraiment sur la voie de la zénitude comme les bouddhistes mais vide de tout. Je naviguais, marchais et pensais vidé de tout sentiment. C’est une sensation étrange mais qui m’a sans doute permis de tenir. Bien sûr, je passais parfois de bons moments avec mes copains mais ensuite je retournais à mon vide absolu. J’avais l’impression de me regarder vivre ma vie sans enthousiasme ni déprime. Comme chaque soir avant de m’endormir, cette putain de solitude me rattrapait. Ce moment où chacun se retrouve face à lui-même et où l’esprit s’échappe me remplissait de questionnements. Où est maman ? Kader est-il heureux ? Pourquoi est-il en famille d’accueil et pas moi ? La chance va-t-elle tourner ? "

L'auteur


Ben-Amar est né en 1971 près de Dunkerque. Après une enfance contrastée mais néanmoins très difficile, il obtient un CAP de peintre. Il travaillera dans plusieurs domaines (bâtiment, restauration etc.) avant de trouver sa voie comme conducteur routier. Il a toujours été attiré par l'écriture mais c'est vers 45 ans qu'il a pris la décision d'écrire son histoire afin qu'elle serve à d'autres. Cet écrit signera sa résilience.



Interview de l'auteur
Quel lecteur es-tu ?
Je suis un lecteur occasionnel, ayant très peu de temps pour lire à cause de mon travail de conducteur routier. Cependant, quand j'ai du temps libre, j'aime lire des romans policiers, des livres sur le paranormal. Mes goûts sont plutôt éclectiques.

Quand as-tu commencé à écrire ?
J'ai commencé à écrire jeune : quelques pensées, bribes de ma vie, sans jamais vraiment imaginer que j'écrirais un livre un jour. Ces écrits, à l'époque, me servaient d'exutoire.

Quand écris-tu ? As-tu un rituel d’écriture ? de petites manies d’auteur ?
L'inspiration me vient plus facilement lorsque je me lève tôt le matin et que je prends tout de suite le volant de mon camion, écrivant ce qui me vient sur un petit carnet. J'écris quand ma journée de travail est finie dans le camion et aussi parfois dans le bateau entre Calais et Douvres ou quand j'attends chez des clients.

Quel a été ton plus grand bonheur littéraire ?
Mon plus grand bonheur est la sortie de mon livre N°53 aux éditions Nouvelle Bibliothèque.

Es-tu en train d’écrire un nouveau roman ?
Pas un roman mais la suite de mon autobiographie.

Le mot de la fin
Faim, parce qu'il faut toujours garder cette faim : faim d'apprendre, faim de joie, faim de rencontres, faim de donner, faim d'humilité.

Notre chronique
Cet ouvrage est un témoignage bouleversant mais surtout inestimable ! Il permet à tout un chacun de comprendre le calvaire que certains enfants vivent, au lieu de profiter de leur enfance. Il offre à tous ces enfants, aux éducateurs, un exemple de vie réussie malgré l’horreur, malgré les coups, l’impensable.
Or, exprimer ce que l’on ressent permet d’atteindre la résilience et ce chemin, que Ben fait avec nous dans ce récit, en est la preuve flagrante.
Ce que l’on peut espérer c’est que ce témoignage fasse évoluer les choses et qu’il redonne de l’espoir aux jeunes, qu’il permette de comprendre mieux leur comportement (par exemple pourquoi ils préfèrent rester dans leur famille dysfonctionnelle plutôt que de rejoindre un foyer). Les jeunes ont tendance à culpabiliser, à ne pas se considérer comme des victimes et pensent souvent ne pas avoir d’avenir : espérons que ce texte les aidera à aller plus loin et comprendre que le problème ne vient pas d’eux du tout !
Le texte est étayé de témoignages d’éducateurs et d’une préface lumineuse.
Un récit fort, profond, essentiel, qui ne cache rien et touche forcément au plus profond du cœur !  Le récit d’un homme qui a su écouter des adultes bienveillants, qui a su garder espoir quand tout était noir, qui a su, en bref, garder le cap et prouver à tous qu’il pouvait réussir sa vie !
Un texte qui donne aussi espoir à tout un chacun,  qui promet des jours meilleurs à qui a envie de croire en son avenir !
Ce texte, bien écrit, délicat, vrai, enrichissant, se lit, en outre, d’une traite et est à mettre entre toutes les mains ! Il force l’admiration. Merci Ben pour ce partage et pour tout ce que tu fais pour les jeunes!
D’ailleurs, Ben fait don de ses droits d'auteur pour l'insertion de jeunes issus de l'ASE. Bravo !
Ben va également intervenir auprès de travailleurs sociaux et de jeunes placés afin de distiller son expérience et ses espoirs.

Pour aller plus loin

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6 commentaires:

  1. Sa a l air d être un très bon livre , sa donne envie de le lire

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  2. Je suis sur le point de lire le livre
    Mais est ce possible d être contacter par l auteur ben amar delzaghere
    Merci

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    1. Bonjour,
      Je vous conseille de le contacter sur Facebook ou ses réseaux en général. Bien à vous. et excellente lecture !

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    2. Je suis l'auteur, vous pouvez me contacter sur ma page ben Amar delzaghere a la auteur avec grand plaisir, merci encore Marie Hélène 😘

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Gabriel et Marie-Hélène.