J’ai découvert le chamanisme dans les années soixante-dix - comme la plupart des gens à l’époque - grâce aux livres de Carlos Castenada. Il faut avouer qu’à ce moment-là c’était surtout le rôle étonnant des plantes psychotropes qui intéressait le public occidental. Rôle qui allait de pair avec l’introduction de la drogue aux États-Unis et en Europe, en particulier dans le milieu artistique, milieu où le LSD (voir Lucy in the Sky with Diamonds, la célèbre chanson des Beatles), était censé faire naître l’inspiration. LSD et cocaïne enrichirent surtout les trafiquants, mais ne donnèrent pas les ailes de Charlie Parker aux musiciens médiocres !
Et puis l’imposture de Castenada fut mise à jour, ce qui déçut tout le monde, et replongea le chamanisme aux oubliettes.
Bien plus tard je rencontrai à nouveau le chamanisme - traité cette fois plus sérieusement - avec un auteur que j’aime beaucoup : Mircea Eliade, dans son histoire des croyances et des idées religieuses (trois volumes chez Payot).
Le livre de Laurent Huguelit et d’Olivier Chambon doit beaucoup à cet ethnologue précurseur qui a donné une vraie crédibilité au chamanisme dont il a révélé la dimension spirituelle.
Le Chamane et le Psy se présente sous la forme d’un dialogue entre deux hommes qui symbolisent les deux aspects du monde, irrationnel et rationnel. Dialogue non dénué d’humour d’ailleurs, puisque les débatteurs sont des amis et que leurs positions respectives ne sont pas conflictuelles !
Je le dis franchement : j’ai beaucoup aimé. Les hommes. Leurs discours. Le livre est fort sous des dehors cool. Un livre qui m’a d’ailleurs invité à d’autres lectures (c’est ce que j’aime le plus – mais ça fait souffrir ma carte bancaire !). Un livre qui interpelle par l’audace des intervenants.
Que ne sont tous les psychiatres ouverts comme Olivier Chambon ! Un type merveilleux, comme son copain du reste.
Il y aurait tellement à dire, et une chronique est limitée (d’autant que je travaille sur un roman qui m’occupe beaucoup). Quelles sont les limites entre l’invisible et le visible ? Quelles sont les frontières de la compréhension humaine ? Les neurones du cerveau basculent-ils comme les particules de la physique quantique dans ces synchronicités révélées par Jung, abolissant le temps ?
Le voyage proposé est immense et les enseignements à en tirer à peine révélés.
Le chamane (le Suisse Huguelit !) nous emmène ailleurs au son du tambour. La musique est le guide qui nous fait entrer dans l’inconscient, le nôtre, et peut-être celui plus large des esprits. Bien plus efficacement que les plantes hallucinogènes.
Qui plus qu’un musicien (je suis saxophoniste et flûtiste) peut comprendre la puissance réelle des fréquences, briques, cordes fondatrices de l’Univers tout entier…
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Gabriel et Marie-Hélène.