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10 décembre 2021

Chronique littéraire : L'éternité n'est pas de trop de François Cheng (Éditions Albin Michel).

 

Description de l'éditeur
Au XVIIe siècle, à la fin de la dynastie Ming – époque de bouillonnement et de bouleversement, où l’Occident même était présent avec la venue des premiers missionnaires jésuites en Chine –, dans un monastère de haute montagne, un homme qui n’a pas encore prononcé ses vœux se décide à quitter ce lieu de paix et de silence pour retrouver, trente ans plus tard, la seule femme qu’il ait jamais aimée.
Un roman d’envoûtement et de vérité, récit d’une passion – celle d’un Tristan et Iseult chinois, avec ses codes et ses interdits aussi précis que stricts – qui n’est pas seulement affaire de cœur et des sens, mais engage toute la dimension spirituelle de l’être, ouvrant sur le mystère de l’univers et le transfigurant.

Biographie de l'auteur

François Cheng est né en 1929 dans la province de Shandong et vit en France depuis 1949. Universitaire, poète, calligraphe, traducteur en chinois de Baudelaire, Rimbaud, René Char, des surréalistes, etc., auteur d’essais remarquables sur la poésie et l’art de la Chine, il a reçu en 1998 le prix Femina pour son premier roman Le Dit de Tian-yi publié par Albin Michel et le prix André Malraux du livre d'art pour Shitao : la saveur du monde. Son œuvre a été couronnée par le Grand Prix de la francophonie de l’Académie française. Il est le premier Asiatique à être élu académicien.

 
Notre chronique 

L’éternité n’est pas de trop est un récit intemporel, celui d’un amour pur, entier, contrarié. Deux jeunes gens que tout oppose (classe sociale, rang) tombent amoureux et sont immédiatement séparés -- tels les protagonistes de Tristan et Iseult, Roméo et Juliette. Tous deux vont devoir surmonter de nombreux obstacles et se retrouveront, leur amour intact, trente ans plus tard. Corps et visages ont changé, mais les sentiments seront-ils encore là, intacts ?

« Il se met à regretter amèrement de n’avoir pas su, durant plus de deux ans, la contempler avec l’intensité voulue, sûr de la voir tous les jours, sûr que l’état des choses durerait. Contempler, ici, c’est communier, c’est faire advenir la beauté. La beauté, il le sait maintenant, n’est pas cette femme seulement extérieure, fixée une fois pour toutes, qu’on peut à sa guise poser sur une étagère comme une statuette. La vraie beauté est élan même vers la beauté, fontaine à la fois visible et invisible, qui jaillit à chaque instant depuis la profondeur des êtres en présence. Puisque la beauté est rencontre, toujours inattendue, toujours inespérée, seul le regard attentif peut lui conférer étonnement, émerveillement, émotions, jamais identiques. »

Ce roman historique, mais aussi philosophique nous fait voyager dans un monde qui n’est plus, mais qui existera toujours au fond des êtres, qui nous est étranger et qui nous fascine, en particulier grâce à la force, la profondeur, la sagesse du texte, de ses deux protagonistes, à leur foi inaltérable en l’amour. Une foi inaltérable en un amour qui les fait - et nous avec eux - accéder au sacré, au lien mystique, et à notre appartenance au cosmos.

Une merveille, à  lire et à  relire.

« La vie est si éphémère, si semée d’entraves, comment surmonter la séparation des corps ? Comment survivre à l’absence ? Qu’en est-il du Souffle ? Qu’en est-il de l’âme ? »

Pour aller plus loin 



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Gabriel et Marie-Hélène.