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02 janvier 2022

Chronique littéraire : Avant que le monde ne se ferme d’Alain Mascaro (éditions autrement).

Présentation de l’éditeur

Anton Torvath est tzigane et dresseur de chevaux. Né au cœur de la steppe kirghize peu après la Première Guerre mondiale, il grandit au sein d’un cirque, entouré d’un clan bigarré de jongleurs, de trapézistes et de dompteurs. Ce « fils du vent » va traverser la première moitié du «  siècle des génocides », devenant à la fois témoin de la folie des hommes et mémoire d’un peuple sans mémoire. Accompagné de Jag, l’homme au violon, de Simon, le médecin philosophe, ou de la mystérieuse Yadia, ex-officier de l’Armée rouge, Anton va voyager dans une Europe où le bruit des bottes écrase tout. Sauf le souffle du vent.

À la fois épopée et récit intime, Avant que le monde ne se ferme est un premier roman à l’écriture ample et poétique. Alain Mascaro s’empare du folklore et de la sagesse tziganes comme pour mieux mettre à nu la barbarie du monde.


Notre chronique

Ce roman, qui mêle à merveille récit intimiste, saga familiale, et Histoire (d'un peuple, mais aussi de l'humanité en général), est remarquable. 

“Oui, Anton eut le temps de s’imprégner de la beauté. il la recueillait en lui au fil des chemins, il s’en nourrissait, il l’espérait sans cesse et sans cesse elle venait.”

Un style poétique, une intrigue qui nous emmène aux quatre coins du monde, et nous donne à réfléchir sur notre passé, et sur un peuple fascinant mais méconnu (ou mal connu)… voici quelques ingrédients de ce récit, mi-conte, mi-épopée, qui retrace l'histoire chaotique d'un jeune homme tzigane qui survit aux camps de concentration et tente de se reconstruire. 

“Même s’il ne distinguait pas encore le fil à tirer dans l’écheveau des possibles, il pressentait une fracture, comme une plaie ouverte dans la suite des instants.”

L'horreur sans nom qu'il connaît, comme tant d'autres, le transforme à tout jamais, mais ne change pas, néanmoins, sa (et ses) valeur(s), son éthique, et sa bonté, ressentie d'ailleurs par les chevaux qu'il dresse dans la bienveillance. Heureusement, dans ce monde d'une cruauté sans borne, Anton (référence à Anton Tchekhov ?) rencontre des âmes pures qui rendent ce monde moins invivable : des figures paternelles fortes qui partagent leurs connaissances, savoir faire et livres avec lui (tels Jag et Simon), une famille unie qui l'encourage et le soutient dans ses choix, un garde-voleur-chenapan qui devient son ami dans le ghetto de Łódź, une rencontre que nous aurions aimé faire avec l'un des hommes les plus humains et époustouflants du monde…

“La route, c’était ce que préférait Svetan. Errer, avaler les lieues, les paysages, se perdre dans des plaines sans fin, les steppes, les chemins creux des bocages ; rester des jours sans croiser personne. S’il avait pu, il n’aurait fait que ça, cheminer ; mais c’était à lui désormais qu’incombait de gérer le déclin du petit cirque Torvath : il fallait nourrir les bouches et les ego…”

Un roman empreint de sagesse, qui célèbre l'amitié, l'amour, la liberté et l'ouverture à l'autre.

Le voyage, la nature à perte de vue, le temps, la liberté, la fraternité et la folie meurtrière des hommes… Que rêver de plus ?

“ Oui mon garçon, voilà bien tout le drame des hommes : ils sont exactement comme les moutons. On leur fait croire à l’existence de loups et ceux qui sont censés les protéger sont en fait ceux qui les tondent et les tuent.”

2 commentaires:

  1. Merci beaucoup à vous pour cette chronique. C'est toujours un plaisir lorsque ce livre rencontre à la fois l'intelligence et le cœur du lecteur.����

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Gabriel et Marie-Hélène.