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25 mai 2022

Chronique littéraire : La Carte postale d'Anne Berest, Lu par Ariane Brousse (Audiolib).

Résumé
« La carte postale est arrivée dans notre boîte aux lettres au milieu des traditionnelles cartes de vœux. Elle n’était pas signée, l’auteur avait voulu rester anonyme. Il y avait l’opéra Garnier d’un côté, et de l’autre, les prénoms des grands-parents de ma mère, de sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942. Vingt ans plus tard, j’ai décidé de savoir qui nous avait envoyé cette carte postale, en explorant toutes les hypothèses qui s’ouvraient à moi.
Ce livre m’a menée cent ans en arrière. J’ai retracé le destin romanesque des Rabinovitch, leur fuite de Russie, leur voyage en Lettonie puis en Palestine. Et enfin, leur arrivée à Paris, avec la guerre et son désastre. J’ai essayé de comprendre pourquoi ma grand-mère Myriam fut la seule qui échappa à la déportation. Et d’éclaircir les mystères qui entouraient ses deux mariages. Le roman de mes ancêtres est aussi une quête initiatique sur la signification du mot “Juif” dans une vie laïque. »
À la fois récit des origines et enquête familiale, ce roman se dévore. Ariane Brousse incarne à merveille les personnages émouvants de cette saga qui court sur plus d’un siècle.

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Notre chronique

La carte postale, livre audio écouté avec passion, est une œuvre d’une force extraordinaire. Il sonne vrai et nous apprenons, en fin d’ouvrage (grâce à un certain nombre d’indices, dont le nom Berest, les prénoms Claire et Anne, mais aussi à l’interview fascinante de l’auteure en bonus) qu’il s’agit d’un texte pour lequel Anne Berest a énormément fait de recherches, basé sur la réalité, sur l’histoire de ses proches, ses ascendants, et la grande Histoire. 

Tout dans ce roman authentique m’a plu : l’écriture, sobre, touchante, les détails précis, fouillés, qui nous replongent dans différentes époques, la construction du récit, la reconstruction des personnages à travers les enquêtes menées par l’auteure et sa mère avant elle. 

Les thématiques chères à Anne Berest sont présentes : la famille, le devoir de mémoire, l’influence qu’a notre passé, même avant notre propre naissance, sur nos nous et nos destinées, même si l’on n’y songeait guère, il nous « rattrape », comment l’ignorer quand on sait désormais que les grands traumatismes se transmettent, et que silence et occultation ne font qu’aggraver les choses et rendent le deuil impossible. Et n’aident ni à comprendre le présent, ni à préparer l’avenir. L’auteure l’exprime d’ailleurs parfaitement en bonus. 

La Shoah, ce que c’est qu’être juif, y compris quand on ne pratique pas, nos racines, même si l’on n’y songeait guère, tout est questionné, documenté, et captivant. Un tour de force plein d’émotion qui rend hommage à des victimes qui sans cette quête et cette reconstitution littéraire remarquables seraient restées dans « la nuit et le brouillard » que des assassins sans pitié avaient programmés pour elles. Bouleversante image que cette carte postale toute simple, tellement lourde de signification quand on la comprend, en couverture. À lire, offrir, partager, car il nous touche au cœur et parce que ses leçons et constats demeurent toujours, hélas, actuels, et que la vigilance reste de mise.

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Gabriel et Marie-Hélène.