23 octobre 2023

Chronique littéraire : Les noces barbares de Yann Queffélec (Gallimard).


Présentation de l'éditeur
Prix Goncourt 1985.
Fruit d'une alliance barbare et d'un grand amour déçu, Ludovic, enfant haï par sa trop jeune mère, Nicole, et ses grands-parents, vit ses premières années caché dans un grenier. La situation ne s'arrange guère après le mariage de Nicole avec Micho, brave et riche mécanicien qui cherche à protéger Ludovic. Hantée par ses amours brisées, sombrant dans l'alcoolisme et méprisant son mari, la jeune femme fait enfermer son fils dans une institution pour débiles légers. Mais Ludovic n'est pas l'arriéré qu'on veut faire de lui. Il ne cesse de rêver à sa mère qu'il adore et qu'il redoute. Même une première expérience amoureuse ne parvient pas à l'en détourner. Son seul but, son unique lumière : la retrouver. S'enfuyant un soir de Noël, il trouve refuge sur la côte bordelaise, à bord d'une épave échouée, écrit chez lui des lettres enflammées qui restent sans réponse. Et c'est là-bas, sur le bateau dont il a fait sa maison, que va se produire entre Nicole et son fils une scène poignante de reconnaissance mutuelle, qui est aussi le dernier épisode de leurs noces barbares.

Notre chronique
Ce texte, que j'ai eu du mal à lire tellement il m'a émue, est un véritable coup de cœur. Yann Queffélec nous entraîne inexorablement dans un drame familial dont l'issue ne peut être que tragique. On se trouve face à une sorte de "Chronique d'une mort annoncée". 
Elle avait l'impression qu'un destin d'emprunt lui était bizarrement échu, que rien dans sa vie n'était fixé, ni présent ni mémoire, et qu'elle allait se réveiller un beau jour avec d'autres souvenirs, à l'orée d'une chance intacte.
À chaque page, les émotions nous submergent, certaines nous horrifient, et nous devenons les témoins impuissants d'une descente inexorable vers l'abîme, où un simple mot, une once de tendresse, ou même une écoute bienveillante auraient peut-être sauvé mère et fils, tous deux pris au piège, à la fois victimes et bourreaux de ces noces barbares.

Dans cet ouvrage, il n'y a pas de place pour la superficialité ; tout est plongé dans l'obscurité, y compris l'amour dévorant d'un fils pour sa mère, un amour empreint de haine. 
Le gosse avait rouvert la plaie. Les souvenirs s'échappaient comme du sang.
Avec une maîtrise exceptionnelle, l'auteur pénètre l'univers intérieur de Ludovic, un tourbillon d'émotions oscillant entre le désir de vengeance et le besoin viscéral d'affection. Queffélec utilise un style narratif de type "stream of consciousness" pour nous immerger dans les méandres de la psyché du jeune garçon. Ludovic, en quête désespérée d'amour et de reconnaissance, traverse une existence parsemée d'épreuves, sous le regard d'une mère à la fois absente et cruellement présente.

Le style de l'auteur est cru, direct, parfois violent. Chaque page de ce roman est un témoignage poignant de la douleur de se sentir incompris, de l'agonie d'un amour maladif. 
Les Noces barbares est un voyage littéraire à travers les abysses de l'âme humaine. À découvrir.

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Gabriel et Marie-Hélène.