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06 novembre 2024

Chronique littéraire : La Méduse noire de Yann Queffélec (Calmann-Lévy).


Description de l'éditeur
« Le cœur lui battait, en descendant la passerelle, sa cantine à l’épaule. Il reconnut l’accent chantonnant des dockers, aperçut au loin les remparts du Vieux-Port, Notre-Dame de la Garde. Il était d’ici, presque d’ici, plus ému qu’il n’aurait imaginé. Grâce à Dieu, il était vivant. »
Le 27 avril 1962, Eddie Poujol débarque du Sidi-Ferruch qui sent le vomi et les larmes. Il n’a pas vingt ans, voilà deux ans et demi qu’il fait la guerre en Algérie. Il rentre au pays et personne ne l’attend. Sa mère n’est plus, son père l’a poussé à partir, son frère cadet le jalouse en secret.

Sur le bateau éprouvé par la tempête, il a prononcé un vœu. Dans le train-couchettes Marseille-Paris, où il est monté sans billet, il rencontre Agnès, et la demande en mariage au cours de la nuit.

Son père le hante, son passé d’enfant maudit le poursuit à Paris, sa jeunesse brisée lui colle à la peau.

On veut une vie normale, retrouver sa famille, et voilà qu’on est rattrapé par la méduse noire.

Notre chronique
La Méduse noire de Yann Queffélec plonge le lecteur dans l’après-guerre d’Algérie, un retour difficile pour Eddie Poujol. J’ai apprécié les thématiques des répercussions psychologiques de la guerre, la quête d’une vie ordinaire pour ces hommes marqués à jamais, et les blessures familiales. Le passé d’Eddie, telle une « méduse noire », resurgit avec violence, et sa rencontre avec Agnès dans un train-couchettes ajoute une note de fragilité et d’espoir à son destin.
La narration est délibérément fragmentée. Patience et attention sont nécessaires. Mais cette désorientation du lecteur mimique parfaitement celle du protagoniste, perdu dans ses souvenirs, dans ses combats, dans sa vie… Yann Queffélec interroge avec finesse la complexité des relations familiales, notamment celle avec le père, et invite à lire entre les lignes pour saisir la profondeur des émotions suggérées. Ce roman s’inscrit dans une veine littéraire nostalgique et intime, dans laquelle le poids du passé et des non-dits est omniprésent.
Un texte envoûtant pour qui aime les récits introspectifs et les atmosphères denses.

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Gabriel et Marie-Hélène.