Description de l'éditeur
Publié sans nom d'auteur, interdit il y a quelques années au cinéma, La Religieuse fait toujours scandale ; or, ce livre, disait Montherlant, « est à peine licencieux et n'est pas du tout frivole mais au contraire très grave ».
Inspiré par une histoire vécue, Diderot imagine que la religieuse Suzanne Simonin raconte ses mésaventures en 1760. Spoliée de sa dot, elle séjourne dans trois couvents successifs. La première supérieure est cupide, la deuxième est ascétique, la troisième est d'une sensualité éperdue qui fait vivre tout le couvent en fête. Diderot décrit ce qui arrive lorsqu'on contredit « la pente générale de la nature ».
« Je ne crois pas qu'on ait écrit une plus effroyable satire des couvents », disait-il. La Religieuse est aussi et surtout une chaleureuse apologie de la liberté individuelle.
Notre chronique
La Religieuse de Diderot faisait partie des ouvrages que je souhaitais lire depuis des années et que Gabriel m’encourageait à lire. Et je ne l’ai pas regretté !
Diderot prête sa plume à Suzanne Simonin, jeune fille sacrifiée sur l’autel des convenances familiales et des hypocrisies sociales. Forcée à prononcer des vœux qu’elle n’a pas choisis, Suzanne devient, au fil des pages, l’incarnation d’un enfermement physique, moral et spirituel, qui ne peut que toucher le lecteur. Diderot, en philosophe du siècle des Lumières, dissèque avec minutie les jeux de pouvoir, les nombreux abus d’autorité et les violences ordinaires dissimulées sous le voile de la piété. Ce qui m’a le plus frappée, c'est cette voix féminine qui s'élève, fragile et tenace, dans un monde d’hommes et de dogmes. Suzanne est fidèle à elle-même malgré l'enfermement et l’humiliation.
La Religieuse est bien sûr un pamphlet anticlérical, mais il a surtout une portée universelle : celle de tous les enfermements, de toutes les oppressions silencieuses et de cet irrépressible besoin de liberté.
On pourrait également voir en Suzanne Simonin une réincarnation moderne de Psyché, cette figure mythologique très belle, mais naïve, condamnée à des épreuves imposées par Vénus. Comme Psyché, Suzanne subit l’autorité d’un monde qui lui échappe : celui de la famille, de l’Église et des conventions sociales. Toutes deux cherchent, chacune à sa manière, à préserver leur intégrité et à reconquérir une forme de liberté. Si Psyché finit par retrouver Cupidon, Suzanne n’obtient qu’une liberté fragile et précaire, et doit affronter un monde aussi hostile que celui du couvent.
Pour aller plus loin
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Gabriel et Marie-Hélène.