– Père, pensez-vous vraiment avoir une chance d’obtenir le noir cette fois-ci ?
– J’ai prié pour cela. Mais tu l’as vu de tes yeux, nous sommes dans la phase du combat du Chevalier contre le Dragon. Dans la légende, Saint-Michel en sort toujours victorieux, mais en ce qui me concerne, rien n’est acquis. Je sais que le vase peut exploser à tout moment, j’en ai déjà fait l’expérience à mes dépens !
… Et Arnaud en fera encore l’expérience, au point d’échapper de peu à la mort. Mais qu’en est-il au juste de ce fameux dragon alchimique ?
Dans la mythologie, les contes, le dragon exprime en général le mal (il est plus débonnaire chez les Chinois), il doit donc être vaincu par un héros qui, dès lors, devient riche matériellement (le dragon garde en général un trésor) mais aussi spirituellement (Siegfried boit le sang du dragon et comprend soudain le langage des oiseaux, c’est-à-dire les mots des dieux).
Je ne reviendrai pas sur les multiples apparitions du monstre omniprésent dans la littérature, les films, les jeux vidéo.
Comment expliquer un tel succès ?
Dans son Encyclopédie des symboles, Michel Cazenave considère que la créature reptilienne qui habite notre inconscient pourrait être un (très) lointain souvenir des dinosaures !
La psychanalyse a également sa version des faits, puisque, selon elle, le dragon représente les pulsions sexuelles contre lesquelles l’adolescent doit lutter au moment du déchaînement de l’Œdipe !
Quoi qu’il en soit (chacun pourra se faire son opinion en lisant l’abondante littérature consacrée au sujet), le dragon est encore bien vivant parmi nous aujourd’hui.
En témoigne par exemple son impressionnant rôle dans la fameuse série Game of Thrones.
Dans cette histoire, la belle Daenerys est la mère des dragons. Ce statut lui donne le pouvoir de résister au feu.
Le rapprochement que l’on peut faire avec l’alchimie est frappant. Mais il ne faut pas s’en étonner, car lorsqu’il s’agit de symboles, on trouve des correspondances dans tous les domaines.
Le dragon habite dans une grotte, il vole, nage et crache le feu (son plus célèbre attribut) : il est donc représentatif des quatre éléments constitutifs (selon la tradition) du monde dans son ensemble.
En alchimie, il représente précisément la résistance au feu (à l’instar de Daenerys), et cette résistance au feu doit durer de longs mois, comme on peut le découvrir dans notre roman. Puis, vient le moment de l’apaisement. Le dragon finit, au terme du pénible labeur de l’alchimiste, par se mordre la queue et par former un cercle : c’est le fameux Ouroboros, le mandala, image circulaire inscrite (d’après Jung) dans notre inconscient collectif.
Il faut se faire une raison : le dragon existe bel et bien. Dans notre esprit. Dans notre imaginaire. Et l’on n’a pas fini de le rencontrer sur notre chemin...
Pour aller plus loin
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Gabriel et Marie-Hélène.