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17 novembre 2025

Chronique : Nuages & Sources de Manda (Synchronique éditions).


Présentation de l'éditeur
Un voyage méditatif, ponctué de haïkus et superbement illustré par Manda, à la découverte des 72 micro-saisons du calendrier nippon, au cœur de l'intime relation qu'entretiennent les japonais avec la nature.

Le rapport des Japonais à la nature interroge et fascine. Il se dévoile notamment à travers un calendrier singulier de 72 micro-saisons, où chacune est marquée par un infime changement – l’éclosion d’une fleur, le réveil d’un insecte, la fonte de la dernière neige.

Si l’on s’intéresse à quelques données géo-climatologiques, on ne peut que constater en effet, d’une île à l’autre de l’Archipel, les différences saisonnières tout à fait étonnantes qui participent à cultiver l’imaginaire d’un Japon aux multiples facettes.

Plongez dans cette perception unique du temps, où chaque détail compte et explorez chacun de ces instants fugaces rythmant le quotidien des Japonais qui, on le sait, accordent une primauté au présent.

Richement illustré par Manda, enrichi d’un glossaire et de notes détaillés, Nuages & Sources nous invite à découvrir l’extrême sensibilité des Japonais aux cycles de la nature et les significations profondes, cachées dans chaque détail, qui président à l’expression de ces perpétuels changements à travers le calendrier annuel japonais.
 
MANDA est peintre et calligraphe. Elle a reçu en 2018 du gouvernement japonais l’Ordre du Soleil levant – Rayon d’or et d’argent (l’équivalent de Chevalier des Arts et Lettres).
Elle vit en Alsace la plupart du temps, entre deux voyages, mais se dit citoyenne du monde des arts.

Notre chronique

Nuages & Sources nous ouvre les portes d’un Japon intime, presque secret, celui des 72 micro-saisons qui découpent l’année en infimes variations. Chaque souffle de vent, chaque éclat de lumière, chaque frémissement de feuille devient un monde en soi. Le livre est un ensemble parfaitement complémentaire : un recueil de haïkus, un carnet d’artiste, une méditation illustrée, une invitation à ralentir, à observer cette nature qui nous fait tant de bien, à nous ressourcer et à oublier notre monde en crise.
L’ouvrage m’a séduite par sa douceur. Les planches de Manda, presque ascétiques, parfois ascétiques, jouent avec les nuances de gris pour mieux faire surgir la couleur, comme un battement de cœur. Le rose délicat de la page 49, par exemple, posé sur une composition minimaliste, est d’autant plus vibrant ; d’autres images, peuplées d’arbres aux branches tourmentées, reflètent nos propres méandres intérieurs. Cette esthétique dépouillée rappelle la capacité de l’art japonais à dire l’essentiel avec économie, à la manière des estampes de Hokusai.
Les textes, eux aussi, cultivent cette vision épurée. Les haïkus de Sekitei et de Yosa Buson entre autres m’ont particulièrement touchée :
De-ci de-là
le murmure de la cascade 
jeune feuillage  
Yosa Bison. Page 10.

Phénomène rare : aujourd’hui, avec l’ascension du soleil couvrant la mer, se forment d’étonnants et écrasants nuages semblant venir des profondeurs des ténèbres. Ils étranglent la lumière à une allure surprenante, couchent l’azur dans la pénombre et lèvent un vent aux turbulences aussi intenses que soudaines. Un vent qui, le soir venu, déverse des hallebardes d’eau tiède, bienvenues pour mettre fin à la lassitude d’une chaude journée.
Parfum de la montagne 
jusqu’à l’Ermitage elle tarde à venir
La pluie du soir  
Hara Sekitei. Page 78.

Chaque page est une respiration, une halte, une invitation à se recentrer.
Il s’agit d’un voyage intérieur autant que géographique : on traverse les paysages japonais, mais surtout cette zone en soi où l’on accueille le calme, l’éphémère, l’imperceptible.
En refermant ce magnifique livre, une impression de beauté pure, immédiate, reste. Manda nous rappelle qu’il existe, dans l’agitation du quotidien, un espace pour le silence et l’attention. Un livre parfait pour ralentir et pour méditer.

Pour aller plus loin

Un grand merci à Synchronique Editions pour ce formidable ouvrage, à mettre entre toutes les mains !

Pour conclure, si vous avez apprécié cette chronique, n'hésitez pas à consulter celles-ci : 




Gilgamesh (Traduction : Aurélien Clause - Editions Synchronique)

et bien sûr notre chronique du Tao Te King !

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