L'œuvre au rouge (éditions Code9) -- le tombeau de François II
Cette
chronique vient en complément de celles consacrées précédemment à la cathédraled’Amiens et au château de Fontenay-le-Comte. Vous y trouverez une galerie de
photographies que j’ai prises en 2018. Depuis, la cathédrale de Nantes, où se
situe le cénotaphe, a été le théâtre d’un incendie d’origine criminelle en juillet
2020. Cet incendie (moins médiatisé que celui de Notre-Dame de Paris), qui a
détruit l’orgue et le grand vitrail de la façade ouest posé en 1498, s’inscrit
dans une série de déboires dont a été victime cet édifice au fil du temps, les
derniers en date étant dus à une bombe en 1944 et à un premier incendie en
1972.
L’incendie de 2020 n’a heureusement pas endommagé le tombeau qui devait de
toute façon être restauré, des remontées de sel attaquant le socle en
serpentine, une pierre très sensible aux chlorures.
À l’heure actuelle, les restaurations sont globalement achevées, la cathédrale
et le tombeau ont retrouvé leur lustre. On peut donc à nouveau admirer ce
monument, véritable joyau de la cathédrale, à la place qui était la sienne
avant l’incendie.
Commandé en 1499 par Anne de Bretagne pour ses parents, il est l’œuvre de deux
sculpteurs, Michel Colombe et Jean Perréal, qui y ont travaillé de 1502 à 1507.
Du point de
vue des symboles alchimiques, seules les statues en pied qui entourent le
gisant nous intéressent ; si elles représentent les vertus cardinales :
justice, force, tempérance et prudence, elles sont également porteuses d’un sens
caché, ce qui est fréquent dans la symbolique. Comme pour la cheminée du
château de Fontenay, nous emprunterons l’essentiel de nos interprétations (avec
quelques variantes) à l’ouvrage de Fulcanelli, Les demeures philosophales, auquel
nous renvoyons le lecteur qui souhaiterait approfondir le sujet.
La justice, qui apparaît sous les traits de la reine Anne de Bretagne (elle est
coiffée de la couronne ducale) porte une épée dont le pommeau représente un
soleil rayonnant, symbole bien connu du soufre ou feu secret, matière
active et dissolvante que j’ai évoquée dans l’article consacré à la cheminée de
Fontenay ; le surcot de la reine est par ailleurs bordé de roses, autre symbole
important en alchimie, puisqu’il représente la couleur rouge, celle de la
pierre philosophale.
La tempérance porte bride et horloge qui représentent, pour l’une la cabale
(les traités alchimiques) et pour l’autre l’impératif temporel lié à
la quête mystique (il faut six mois de labeur au laboratoire pour arriver à ses
fins).
La prudence, une magnifique sculpture à deux visages (à la manière de Janus, dieu
de la mythologie romaine), offre plusieurs symboles. Le miroir, appelé miroir
des sages, représente le microcosme, le vieillard, la matière première à
l’état brut et enfin, la jeune femme, qui en est le pendant, exprime les noces
chimiques, origine du mercure philosophique, à partir duquel tout
s’accomplit au fil du temps.
La dernière statue, la plus achevée de toutes, est, à mon avis, le chef-d’œuvre
de Michel Colombe, et qui plus est, son symbolisme alchimique n’est pas
douteux, personne n’ayant jusqu’à aujourd’hui réussi à expliquer le sens de ce
dragon qui sort d’une fissure trop étroite pour lui laisser le passage.
En alchimie, le dragon représente le mercure commun, et la tour la
gangue dans laquelle ce minéral est enfermé. Pour acquérir ce minéral, il faut
un véritable tour de force qui est exprimé dans la statuaire par un
geste d’extraction. Ce geste a pour conséquence dans la représentation qui en
est faite de tordre le cou à l’animal mythique, autrement dit de le
rendre inactif.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces sculptures qui, indépendamment de
leurs symboles, sont d’une beauté extraordinaire.
Le tombeau de
François II, qu’on appelle également tombeau des Carmes, est
incontestablement la merveille de la cathédrale de Nantes. D’une perfection
intemporelle, il témoigne également de l’amour que la reine Anne portait à ses
parents. On peut légitimement se demander dans quelle mesure elle avait
connaissance du symbolisme caché de ces représentations. Si oui, en a-t-elle
sciemment commandé l’exécution ?
Cette question n’aura sûrement jamais de réponse.
Les auteurs tracent les destinées d'alchimistes et de médecins liés par le feu. Les récits en miroir s'entremêlent pour témoigner de quêtes visant à rétablir un équilibre brisé. Les protagonistes, sortes de frères de sang malgré l'écart temporel, se retrouvent impliqués dans des aventures, confrontés à des mouvances et à des structures au sein d'une communautés largement privée de liberté. Ils se heurtent notamment à des sectes et à une répression omniprésente. Ces situations font écho à l’époque d’aujourd’hui, qui voit le tumulte et la domination technologique entraver la recherche de soi. Cet ouvrage met en scène de manière romancée l'histoire d'Arnaud et de son fils adoptif Nicolas, alchimistes, en quête de la pierre philosophale, dans un Moyen Âge où règnent conflits et conspirations. En outre, dans un futur d’après Apocalypse, où la terre a brûlé, deux médecins tentent de créer des êtres humains génétiquement modifiés et capables de résister aux terribles conditions extérieures. Les deux auteurs charpentent avec une plume passionnante les destinées croisées d’alchimistes et de médecins liés par le Feu, cet élément mystérieux source de vie et de destruction. Des quatre éléments, le feu est le plus étrange. Foyer des fours d’alchimistes, étincelle des barillets d’armes, rayonnement destructeur du soleil, énergie vitale, le Feu est le fil conducteur des histoires en miroir de l’ouvrage où les personnages, qui cherchent à l’apprivoiser, se retrouvent malmenés par les embûches, les jalousies et les conflits que le monde déchaîne autour d’eux. Les auteurs offrent aux lecteurs une histoire où l’on retient son souffle, une sorte de quête où l’on brûle de deviner la fin avant d’y arriver. Un livre qui donne à penser et qui ouvre les voies d’une transmutation intrigante.
Marie-Hélène Fasquel est professeure agrégée d'anglais, rennoise spécialiste de littérature américaine, auteure de plus de 14 ouvrages, conférencière (TedXRennes), chroniqueuse et jurée de prix littéraires (Grand Prix des Lectrices Elle en 2020, Prix des Lecteurs du Livre de Poche, membre du comité de sélection du Prix Régine Deforges en 2021). Titulaire de plusieurs prix dont celui de l’UNESCO pour son innovation, l’auteure a été élevée par Edouard Philippe à la dignité de Chevalier de l'ordre national du Mérite de la République.
Gabriel Erhart est licencié en histoire, auteur de divers ouvrages, chroniqueur et conférencier, notamment. C’est un érudit, passionné d’alchimie, et un magicien de la musique qui enseigne le jazz. Navigateur, Gabriel Erhart s’est produit dans de nombreux festivals en France dans le Nord, et en Égypte, terre alchimique ancestrale.
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