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21 février 2020

Chronique littéraire : 19 femmes, les Syriennes racontent de Samar Yazbek (Editions Stock).

Sélection du Grand Prix des Lectrices Elle d'octobre 2019. Document.
Massacres, tortures, bombardements chimiques, revanche des médiocres investis dun pouvoir sans limites : la guerre garde le même visage atroce au fil du temps, scénario cruel, absurde, quon voudrait voir enfoui à jamais.
 Le témoignage de ces femmes exilées confirme ce que la presse nous rapportait alors, à nous Occidentaux, pour qui ces événements paraissent si lointains, si difficile à démêler.
Comment comprendre en effet aux premiers jours de la révolte la méfiance des insurgés envers les alaouites, si lon ignore que Bachar et son père sont eux-mêmes issus de cette communauté qui prêche une voie de lislam différente de celle des sunnites et des chiites ? Et il y a aussi les Kurdes et le PKK. Un véritable imbroglio.
Dix-neuf femmes, toutes issues de la classe moyenne, racontent ce quelles ont vécu au quotidien, dans leurs quartiers, dans leurs villes, lespoir des commencements, complètement fou, mais sincère : chasser le despote, Bachar. Et puis, bien plus tôt encore quon ne lavait compris à ce moment-là, les islamistes, financés par le Qatar et lArabie Saoudite, principalement la faction Jabhat al nusra, ont noyauté le mouvement. Sara rapporte : « Tous les membres du Conseil étaient des hommes Ils se moquaient de nous : rentre chez toi, ce nest pas un endroit pour une femme ! ». Finalement, le conflit, qui a fait 500.000 morts, sest transformé en une lutte sanglante entre Bachar et Al Quaïda.
Bachar. Comment un homme peut-il se résoudre à exterminer son peuple, et de la manière la plus horrible, avec des bombes chimiques, du gaz sarin, pour se maintenir au pouvoir ? Incompréhension, encore.
Toutes ces femmes, dont on se demande pour certaines comment elles ont pu survivre aux tortures quelles ont subies dans les prisons du tyran, sont aujourdhui réfugiées en France, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Turquie. Leurs familles sont décimées. Retourner en Syrie est exclu. Pourtant elles continuent la lutte. Ce quelles ont connu, et qui est, dans ce livre, crûment raconté, a renforcé encore leurs convictions, leur passion pour la démocratie et la liberté. Lespoir demeure. Elles doivent y croire, en dépit de tout. Pour leurs enfants, pour leurs parents, morts ou disparus.
À lire, absolument !

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Gabriel et Marie-Hélène.