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04 mars 2022

Prix du Premier Roman 2022 de La Ville de Limoges - Interview des auteurs sélectionnés - Mariette Navarro.


Crédit photo : Philippe Malone
Mariette Navarro
est une dramaturge et poétesse française.

Après des études de lettres modernes et d'arts du spectacle, elle est formée en tant que dramaturge à l'école du Théâtre national de Strasbourg (2004-2007).

Elle a notamment travaillé au Centre des auteurs dramatiques de Montréal (2007 et 2011), à la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon (2007), à Théâtre Ouvert (2008 et 2010), au Théâtre Paris-Villette (2009), et fait partie du comité de lecture du Théâtre national de la Colline. Elle est aussi dramaturge auprès de Dominique Pitoiset au Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine pour la création de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" d’Edward Albee (2009) et "Mort d'un commis voyageur" d’Arthur Miller (2010), auprès de Matthieu Roy pour "Qui a peur du loup ?" de Christophe Pellet (2011) et auprès de Caroline Guiela pour "Se souvenir de Violetta" (2011).


Bonsoir Mariette Navarro, votre roman, Ultramarins, fait partie des huit ouvrages sélectionnés pour le Prix du Premier Roman de la Ville de Limoges. Pourriez-vous nous donner votre ressenti à l’annonce de la sélection ?

Bien entendu, il est très joyeux de découvrir que ce livre, plus de six mois après sa sortie, continue à être défendu, lu, découvert. C’est cela qui m’enthousiasme, et les débats qu’il va peut-être susciter, habitant les imaginaires, rencontrant je l’espère les sensations, les intuitions de chacun. 
J’aime aussi l’idée qu’il soit mis en relation avec d’autres livres écrits au même moment, qu’il s’inscrive dans un paysage.



Êtes-vous une lectrice compulsive ? Quels sont vos genres littéraires préférés ?

Oui, je lis notamment beaucoup de théâtre contemporain, je suis passionnée par la façon dont les auteurs de théâtre aujourd’hui proposent et inventent des formes, déplacent les frontières des genres littéraires, et écrivent des textes qui répondent profondément aux préoccupations de leur époque, tout en permettant de les aborder par des fictions ou des dispositifs originaux.
À dire vrai, j’aime les auteurs qui ne se posent pas la question du genre littéraire, et proposent pour chaque texte la forme juste, quelle que soit l’étiquette qu’il y aura finalement sur la couverture.
Le roman peut accueillir le poème, et inversement. Le théâtre aussi. Le document peut se mêler à tout cela, le récit être dit sur scène, les dialogues et les chœurs ponctuer les narrations. Tout est possible, d’autant que le monde va vite, et nos façons de nous raconter aussi !

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur un(e) auteur(e) que vous appréciez particulièrement ?

J’ai découvert il y a quelques années l’écriture d’Hélène Bessette. Elle avait été publiée dans les années 50-60 chez Gallimard puis complètement oubliée. À mon avis, elle était simplement en avance sur son temps par la grande liberté de son écriture. C’est une écriture brute, radicale, assez violente, mais également avec beaucoup d’humour.
Depuis les années 2000, heureusement, elle est sortie de l’ombre par un travail éditorial remarquable.


Avez-vous des habitudes d’écriture ?

J’ai beaucoup de mal à écrire dans mon quotidien, et quand mon emploi du temps est trop rempli. Il me faut des plages de plusieurs semaines sans autre sollicitation pour passer le stade des idées, ou d’une écriture qui serait superficielle, et « plonger » dans le cœur du texte. Je ne peux pas m’interrompre pour une réunion ou une obligation familiale si je suis au début du travail d’un texte. Mes temps d’écriture sont donc très réduits sur l’année, et possibles essentiellement grâce à des résidences, dans lesquelles je peux m’enfermer, « disparaître » pour quelques semaines…

Avez-vous de nouveaux projets littéraires ?

J’écris en ce moment des commandes de pièces courtes de théâtre, mais je n’ai pas encore eu cette année l’espace de travailler à l’émergence d’un « territoire d’écriture » assez fort et nécessaire pour que je m’y lance pleinement. Je crois qu’il faut pour cela passer par un moment de vide, de silence, et sans doute de solitude. 

En tant que navigatrice, je me suis demandé si vous étiez vous-même adepte de la voile.
Dans le cas contraire, comment vous êtes-vous organisée pour les recherches ? 
Pourquoi ce choix du monde marin ?

Non, je ne navigue pas du tout, et n’ai pas du tout le pied marin. Je suis même terriblement sujette au mal de mer !
L’idée de ce roman est venue de notes que j’ai prises lors d’une résidence, en 2012, à bord d’un cargo de marchandises qui traversait l’Atlantique. Le centre national du théâtre avait proposé à six auteurs de monter à bord comme passagers, le temps de deux semaines de navigation. Cette expérience a été passionnante. J’y ai surtout noté mes impressions et sensations. Tout le reste, bien sûr, est fiction, voyage intérieur ! 
La mer a toujours été pour moi une source d’images puissantes, archaïques. C’est ce qui m’intéresse avant tout : le vertige des sensations et l’énigme d’être humain.


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