04 octobre 2021

Chronique littéraire : Ultramarins de Mariette Navarro (Quidam éditeur).

 

Présentation de l’éditeur

Ils commencent par là. Par la suspension. Ils mettent, pour la toute première fois, les deux pieds dans l’océan. Ils s'y glissent. A des milliers de kilomètres de toute plage.

A bord d’un cargo de marchandises qui traverse l’Atlantique, l'équipage décide un jour, d’un commun accord, de s’offrir une baignade en pleine mer, brèche clandestine dans le cours des choses. De cette baignade, à laquelle seule la commandante ne participe pas, naît un vertige qui contamine la suite du voyage. Le bateau n'est-il pas en train de prendre son indépendance ?

Ultramarins sacre l'irruption du mystère dans la routine et l'ivresse de la dérive.

Chronique

Ouvrage profond, onirique et réaliste à la fois, voici le récit fort et captivant d'une commandante de vaisseau qui, un jour, ne commande plus. Ni aux éléments (jusque-là rien d'extraordinaire mais la météo est bien inattendue), ni, comme avant, à son équipage, revenu imperceptiblement modifié d'une baignade en haute mer, pourtant exceptionnellement autorisée, mais qui cassé une rassurante routine de fer. Ni même à son fidèle cargo, qui semble désormais doté d'une volonté propre. Ce bain - d'ailleurs non sans danger -, symbole de baptême et de renaissance, a occasionné une fêlure significative dont elle ne mesure pas tout de suite la portée.

Il faut alors accepter cette  mise en "panne" (quand le bateau est à  l'arrêt) au milieu de nulle part, cette pause, puis la dérive qui s'ensuit comme une occasion de lâcher prise, et de tenter de répondre à  toutes les questions qu'elle esquive en étant sur l'eau (à  laquelle elle "appartient") depuis si longtemps : sa féminité (femme dirigeant un groupe d'hommes, comment se définit-elle ?), les enfants qu'elle n'a pas eus, le couple qu'elle n'arrive pas à faire durer, la famille, le lourd héritage du passé, le rôle du père. La vie, la mort, la liberté. L'amour. Autant de thématiques qui la rongent, comme la rouille peut venir à bout des coques les plus solides.

"Tout ceux qui errent ne sont  pas perdus" (Tolkien) et voici   une chance offerte de se retrouver, au contraire. Une chance étrange aux confins du rêve et le lecteur doit aussi se laisser flotter avec les protagonistes, entre deux eaux. Plonger comme sur la couverture dans cette spirale qui ressemble à une galaxie jusqu'à des territoires brumeux, plus  encore d'"outre-monde" que d'outre-mer.

De plus, en tant que navigatrice moi-même,  j'ai retrouvé  bien des ressentis familiers.

Attention, chef-d'œuvre  !

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Gabriel et Marie-Hélène.