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09 juin 2022

Chronique littéraire : Yōkai, Fantômes du Japon. Volume 2 - Vertiges et enchantements. Lafcadio Hearn (Synchronique éditions).

Présentation de l'éditeur 
Bienvenue dans le petit musée japonais de l’horrible poétique et du bizarre inquiétant, où les tableaux séparés de leurs propriétaires perdent leurs couleurs et où les morts se réincarnent en jeunes filles pour se venger. Les yōkai, créatures surnaturelles, ne sont pas exactement des démons, mais plutôt des esprits, qui peuvent prendre forme humaine ou animale, habiter une plante ou un objet. Amicaux, espiègles ou malveillants, ils portent occasionnellement chance ou malchance à ceux qui les rencontrent.

Ce second volume de Yōkai - Fantômes du Japon vous plonge au cœur de l’imaginaire fantastique nippon avec vingt-sept contes traditionnels illustrés par les plus grands maîtres de l’estampe. Recensées et écrites par Lafcadio Hearn au cours de ses pérégrinations dans l’archipel, ces histoires imprégnées de traditions bouddhiste et shintoïste, où le merveilleux côtoie l’effroyable, ne manqueront pas de dérouter le lecteur occidental.

Lafcadio Hearn (1850-1904), à la suite d’une vie d’épreuves et de voyages l’ayant mené d’Irlande en Ohio, et de la Louisiane aux Antilles françaises, a fini par découvrir au Japon ce qu’il cherchait depuis toujours : émerveillement, sentiment d’appartenance et sérénité. Marié à la fille d’un samouraï, il est l’un des rares Occidentaux à avoir obtenu la nationalité japonaise. Ses écrits ont largement contribué à mieux faire connaître le Japon et sa culture en Occident. Fasciné par le ju-jitsu, c’est lui qui fera découvrir le judo aux États-Unis.

Lafacdio Hearn est par ailleurs l’un des principaux traducteurs de la littérature française du XIXe siècle aux États-Unis, et l’un des plus respectés. Il a notamment traduit les plus grands auteurs de son temps dont Guy de Maupassant, Émile Zola, Anatole France ou Pierre Loti.

Notre chronique
Ces contes très divers ont été collectés au dix-neuvième siècle par un Irlandais qui avait des attaches françaises en Normandie. Si j’évoque la France, c’est parce qu’il me semble que ces textes japonais surprenants à plus d’un titre ont en commun avec la tradition folklorique française une fascination pour la mort qu’on peut retrouver dans le célèbre recueil d’Anatole le Braz : La légende de la mort en Bretagne armoricaine.
Toutefois, ici, la mort est loin d’être terrifiante. Bien au contraire, elle fait partie du Grand Tout bouddhiste, et n’est qu’un passage vers une autre vie. C’est ce passage précisément qui est la matière même de ces histoires, car rien n’est simple dans la vie et encore moins dans la mort !
Un récit typique mettrait en scène un samouraï.
Le voilà sur la route à l’heure du Dragon (huit heures du matin, était-il bien utile de le préciser ?) en quête d’aventures. Mais aujourd’hui il ne va pas se servir de son sabre, non, il va rencontrer l’amour en la personne d’une magnifique paysanne. L’amour est plus fort que tout, dans toutes les civilisations, et il succombe, bien que la condition sociale de la jeune fille soit indigne de son rang. Il veut l’épouser. Les parents de l’élue, étonnés, lui proposent leur fille comme servante. Il refuse. Au bout du compte, la séduisante paysanne se révélera être un fantôme. Elle l’avait ensorcelé !
Tous ces contes, souvent brefs, nous ramènent loin dans le temps, à une époque où les contingences sociales régissaient tout. N’en reste-t-il pas quelque chose de nos jours dans le Japon moderne ? L’auteur avait réussi à obtenir la nationalité japonaise, ce qui était un exploit à son époque, grâce à sa passion authentique pour la culture orientale. Ces textes foisonnants et déroutants en témoignent encore avec force. Laissons-nous emporter par leurs mystères qui resteront (et c’est tant mieux) à jamais inexpliqués…

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Gabriel et Marie-Hélène.