Texte : Sylvie Arnoux
Quand
avez-vous commencé à écrire ?
Ecrire ? Depuis que je sais lire.J'ai gardé mes cahiers d'écriture mais aussi ceux de "rédaction" du primaire. En CM1, l'enseignante avait mis en place un concours. Chaque lundi, on devait lui rendre un texte sur un thème précis. Un vote avait lieu. Le texte retenu servait de base de travail pour la semaine... Mon but était d'être ce texte-là.
Comment est née l'idée de votre ouvrage ?
J'ai commencé un roman adulte sur le thème du moulinage depuis quelques années. J'ai eu envie de partager ce milieu très particulier avec les enfants d'aujourd'hui. Habitant depuis quelques temps en région lyonnaise, et aimant parcourir la Croix-Rousse et ses traboules, quartier mythique des Canuts et de la soierie, j'ai voulu parler de ce qui se passe avant le tissage de la soie. Et ce qui se passe avant, c'est le moulinage et la filature. Cette activité de moulinage était principalement implantée en Ardèche, mon département de cœur et d'enfance... Ainsi, la boucle était bouclée.Si faire découvrir aux jeunes lecteurs cette activité qui employait beaucoup d'enfants au XIX° siècle peut leur permettre de réaliser la chance qu'ils ont de pouvoir étudier, tant mieux !Le côté steampunk est un clin d'œil pour découvrir des inventions que tout le monde utilise de nos jours. Et rendre le récit plus vivant. Alors, je sais que ce récit ne respecte pas tous les codes du steampunk, que les puristes trouveront à redire. Mais j'ai voulu initier les enfants à ce type d'écrit, leur ouvrir une porte vers cet univers que j'aime beaucoup.Ma mention "steampunk campagnard" est justement une manière de dire que je n'ai pas toujours respecté à la lettre les codes du style.
Pourquoi écrire des romans courts ?
Ce roman est court, mais c'est un choix. Je souhaite que les jeunes lecteurs arrivent à la fin de leur livre, même ceux qui sont en difficulté face à la lecture. D'où mon choix de publier autant que possible dans une police adaptée aux dyslexiques. Cela ne dérange pas les autres lecteurs, bien au contraire. La preuve, depuis la sortie de "Au bout du fil", c'est la version DYS+ que je dédicace le plus.
Un roman court ne veut pas dire lecteur en difficulté. Je suis lectrice, je lis des "pavés" mais aussi des textes courts. L'important, c'est l'envie et le sujet
Était-ce votre première collaboration ?
Avec Nats Editions ? Oui, et j'espère pas la dernière ! C'est un vrai plaisir... Trouver une éditrice qui aime ce qu'elle fait et qui le fait bien, c'est un bonheur.
Avec Sabrina ? Oui également. Je recherchais une personne qui arrive à bien marquer le côté steampunk du récit. Natalie m'a proposée Sabrina et elle a eu raison !
Quel est votre personnage préféré ?
Louise, sans hésitation. Une jeune fille qui ose, qui brave les interdits, j'aime ça ! Elle n'a pas eu peur de vivre ses rêves. Ce sont des personnes comme elle qui font évoluer le monde dans lequel on vit. Des gens simples et vrais. Pas des super héros !
Avez-vous de nouveaux projets ?
Oh oui, des tonnes ! Une BD pour les primo-lecteurs. Mais aussi des albums en binôme avec des illustrateurs (trices) : des contes ethniques, des histoires drôles pour découvrir le monde...
Quels sont vos livres de chevet ?
Plaidoyer pour le bonheur de M. Ricard et le dictionnaire. Ce sont deux livres incontournables et dans lesquels je me replonge souvent.
Quelle lectrice êtes-vous ?
Compulsive. Je lis de tout, du roman au documentaire, à l'essai. Du beau-livre au poche, à la BD... sauf le thriller et le policier. J'aime aussi beaucoup l'humour noir, le "décalé"...
Les romans, doivent me happer, m'emporter. Je dois voyager avec les mots.
Un auteur fétiche ?
J'en ai eu beaucoup avant quand j'étais ado et même enfant.
Je suis une lectrice doublement compulsive qui a du mal à quitter les personnages et aussi les auteurs qui me font voyager. Enfant, j'ai dévoré les Alice et les Six Compagnons, la bibliothèque verte. Adolescente, je me suis tournée vers les séries qui me permettaient de rester le plus longtemps possible avec mes héros : Mazo de la Roche, Troyat... et leurs sagas.
Pour les auteurs, j'ai tout lu de Barjavel (La nuit de temps... soupir), Troyat, Anouilh, Clavel, Frison-Roche...
Aujourd'hui, je suis moins compulsive, je suis plus éclectique.
Quoique, je dévore tout d'une auteure devenue amie que je conseille fortement pour sa plume vive et acérée, son humour décapant et son français parfait. J'ai commencé à la lire quand elle s'auto-éditait. Aujourd'hui, elle est publiée et connaît un succès plus que mérité. Edmonde Permingeat. Lisez Tohut Bahut, L'amante religieuse... des perles d'humour. Ou ses derniers livres : Tu es moi, Le crime est dans le pré.
Un mot de la fin ? ou un dessin de la
fin ?
Merci.
Merci pour cette petite interview, merci de permettre à la bavarde que je suis de parler de la lecture, mais aussi à mes lecteurs, et à mes éditeurs qui me suivent dans la police dys.
Illustrations : Sabrina Moguez
Quand avez-vous commencé à dessiner ?
J'ai commencé à dessiner toute petite, comme tous les enfants j'imagine. Mais c'est devenu une vraie passion en grandissant et dès le collège, il m'a semblé évident que j'en ferais mon métier. J'ai pris plusieurs cours amateur, me suis beaucoup entrainée avec des livres en observant ce qui m'entourait et c'est devenu plus sérieux quand j'ai suivi un cursus d'arts appliqués au lycée. Après ça, j'ai fait une prépa très centrée sur le dessin pur avant d'intégrer une école de graphisme. Donc aujourd'hui, mon métier est encore un peu plus le graphisme que l'illustration mais le dessin reste ma passion première que j'intègre aussi bien dans les affiches que je crée pour le théâtre que dans les albums jeunesse que j'ai eu le plaisir d'illustrer ces dernières années.
Était-ce votre première collaboration avec Sylvie et Nats Éditions ?
Avec Sylvie oui. C'est Natalie de Nats qui lui a suggéré que mon style pourrait coller à l'ambiance de son texte et quand elle m'en a parlé, j'ai tout de suite accroché à l'idée. Et je ne l'ai bien sûr pas regretté, la collaboration était très agréable et le texte aussi intéressant que je l'imaginais.
Avec Nats non. J'ai déjà deux albums jeunesse publiés dans cette maison d'édition, l'un en tant qu'illustratrice et l'autre en tant qu'auteure et illustratrice. Et depuis le début, ce fut un plaisir d'être chez Nats, dans une maison d'éditions qui donne leur chance à de nouveaux auteurs et se démène pour promouvoir ses auteurs et leur donner de nombreuses possibilités de faire des salons.
Quel est votre personnage préféré ?
Louise, sans hésitation. C'est une jeune femme courageuse qui n'hésite pas à tout quitter dans l'espoir d'une vie meilleure et plus enrichissante sans pour autant oublier ceux qu'elle aime, une vraie héroïne moderne. Et d'un point de vue d'illustratrice j'ai adoré passer de son look très simple et classique de jeune femme modeste du 19ème siècle à un style carrément steampunk. Le fait qu'elle porte des vêtements d'homme et coupe ses cheveux courts est très symbolique de son émancipation et j'ai adoré travailler ce look pour en faire ressortir une personnalité qui est hors du commun, surtout pour son époque.
Avez-vous de nouveaux projets ?
J'ai toujours de nouveaux projets ! C'est ce qui arrive quand on ne peut pas s'empêcher d'accepter de travailler sur de supers nouveaux textes quand on sait qu'on a déjà plusieurs projets en cours d'illustration ! Trois sont sur le point de partir à la recherche d'un éditeur, tous des albums jeunesse mais dans des styles un peu différents. On a un conte écologique, une histoire de fée sur la nature et une troisième histoire pour les plus petits sur le port de lunettes. A côté de ça il y a encore deux ou trois autres projets sur lesquels je n'ai pas encore eu le temps d'assez travailler et sur lesquels j'espère maintenant pouvoir me concentrer, sans compter les quelques histoires que j'ai écrites et qui attendent que j'ai le temps de les illustrer. Trop de chouettes projets sur lesquels travailler et jamais assez de temps !
Quels sont vos livres de chevet ?
Alice au pays des merveilles que j'adore et dans lequel je me replonge régulièrement quand je manque d'inspiration, aussi bien sur le dessin que l'écriture. Toute la saga Harry Potter que je relis régulièrement. Pas nécessairement les livres entiers mais au moins quelques passages. Et enfin Le Seigneur des anneaux. Même si ce n'est pas nécessairement ni mon auteur ni mon livre préféré, c'est par lui que je suis venue à mon style de prédilection : la fantasy/heroic fantasy. Et quand je relis certains passages, je suis replongée dans l'univers que j'ai adoré à l'époque et que j'adore toujours autant.
Quelle lectrice êtes-vous ?
Le genre optimiste qui continue d'acheter des livres alors qu'elle en a encore des dizaines qu'elle n'a pas lus et pense qu'elle arrivera un jour au bout (et surtout pense qu'elle arrivera à les caser dans sa bibliothèque). Je suis aussi du genre obsessionnelle. Quand je découvre un auteur, je vais en général acheter tout ce que je trouve de lui ou elle et ne lire plus que ça pendant un très long moment.
Un auteur fétiche ?
Difficile de n'en citer qu'un seul alors je vais tricher et en citer deux ! D'abord Terry Pratchett, auteur anglais que je placerais dans le style "heroic fantasy parodique" même si ça va au-delà de ça. Il a créé tout un univers qui s'appelle le Disque-Monde, un monde plat qui traverse l'univers sur le dos de quatre éléphants géants eux-même sur le dos d'une immense tortue. Et sur ce monde la magie est présente sous différentes formes. Et il va donc servir de cet univers pour parodier les livres sur les sorcières, les vampires, les mages, etc … tout en incluant des critiques intelligentes sur notre monde réel. C'est très drôle, très original et avec un humour absurde typiquement anglais comme on les aime. C'est très bien écrit avec un vrai style et parfois des notes de bas de page plus longues que le texte lui même et des personnages récurrents comme la mort qui est en fait plutôt sympathique. Cet auteur est malheureusement décédé il y a quelques années mais son œuvre est plutôt impressionnante et je la conseille à tous les amateurs du genre. Et même les autres.
Mon autre auteure fétiche est Robin Hobb, une auteure américaine d'heroic fantasy assez "traditionnelle" dans les thématiques générales mais qui va plus loin que ça dans le détail. Elle a créé des univers très riches et cohérents avec juste ce qu'il faut de magie pour que l'ensemble soit crédible. Ses personnages sont toujours complexes et avec une psychologie intéressante, ils ne sont jamais cliché et c'est ce qui fait qu'on s'y attache. Elle traite aussi de sujets plus universels comme l'émancipation de la femme et l'homosexualité qui sont rarement présents dans la fantasy à l'ancienne. Enfin, un point très important c'est qu'elle a un vrai style qui la différencie de tous les autres et qui est très agréable à lire.
Un mot de la fin ? ou un dessin de la fin ?
MERCI infiniment pour ces interviews et pour ce dessin original !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Bonjour !
Votre commentaire sera bientôt en ligne.
Merci d'échanger avec nous !
Gabriel et Marie-Hélène.