15 juillet 2021

Chronique littéraire : 1Q84 tome 3 de Haruki Murakami (Belfond).

Résumé de l’éditeur
Ils ne le savaient pas alors, mais c’était l’unique lieu parfait en ce monde. Un lieu totalement isolé et le seul pourtant à n’être pas aux couleurs de la solitude.
Le Livre 3 fait entendre une nouvelle voix, celle d’Ushikawa.
Et pose d’autres questions : quel est ce père qui sans cesse revient frapper à notre porte ? La réalité est-elle jamais véritable ? Et le temps, cette illusion, à jamais perdu ?
Sous les deux lunes de 1Q84, Aomamé et Tengo ne sont pas seuls...

Notre chronique
Comme ses grands frères, le troisième tome d’1Q84 nous réserve de belles surprises. 
Un nouveau personnage, touchant, blessé, extraordinaire, s’immisce dans l’histoire.
« […] à l’image de Gregor Samsa, après sa métamorphose en insecte, Ushikawa fit bouger son corps arrondi et disproportionné sur le sol, il frétilla, se trémoussa avec dextérité pour assouplir au mieux ses muscles. »
Les références à Proust, à Orwell, Shakespeare (et les trois sorcières de Macbeth), Kafka... s’intensifient et prennent tout leur sens.
« Elle avait commencé le roman de Proust. Mais elle se retenait de ne pas en lire plus de 20 pages par jour. Elle prenait le temps de bien savourer chaque expression, chaque terme. Ensuite, elle lisait un autre livre. »
Le monde aux deux lunes continue de nous fasciner.
« Quand il était penché sur les feuilles de papier quadrillé, son esprit vivait dans ce monde-là. Et même lorsqu’il délaissait son stylo, qu’il s’éloignait de sa table, son esprit y demeurait. Dans les moments de ce genre, il avait la sensation particulière que son corps et son esprit seraient comme dissociés. Il ne parvenait plus vraiment à distinguer le monde réel du monde imaginaire. »
« […] à la manière d’une carte signalant l’existence d’un trésor amassé par des pirates, les choses ne devaient être évoquées que sous forme d’allusions ou d’énigmes, ou d’une manière déformée et lacunaire. Comme dans le manuscrit original de La Chrysalide de l’air. »
La puissance métaphorique du texte, le mélange subtil de fantastique et de réalisme typique du réalisme magique nous entraîne, pour notre plus grand bonheur, dans deux mondes étonnants, dans une aventure aussi puissante qu’émouvante. 

Les thématiques de la protection des femmes maltraitées, de la vengeance, de l’Amour véritable, de la liberté, l’écriture, la perte de soi, le passage du temps, le monde réel et celui des songes, la religion… sont de nouveau présents dans cet opus qui conclut l’histoire d’Aomamé et de Tengo avec virtuosité.
« […] la foi authentique et l’intolérance sont souvent les deux faces d’une même médaille. »
« […] c’est vraiment un monde complètement bizarre. Jusqu’où s’agit-il d’hypothèses ? À partir d’où est-ce du réel ? Je n’arrive pas à discerner la frontière. Dis-moi, Tengo, toi, en tant que romancier, comment définirais-tu le réel ? 
-- Là où, quand on se pique avec une aiguille, du vrai sang rouge jaillit, c’est le monde réel, répondit Tengo. »
Pour aller plus loin : La Sinfonietta de Janacek

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Gabriel et Marie-Hélène.