Description de l'éditeur
Un homme parle. Il raconte sa fuite hors de Paris, avec ses deux enfants. La ville, en proie à la guerre civile, est en feu. Il veut rejoindre une République du Jura sans doute illusoire. Dans un pays dévasté par le conflit, sa seule mission doit être de préserver les siens de la cruauté.
La route, parcourue en voiture, à dos d’âne et souvent à pied, sera longue. Elle sera semée de dangers mortels, illuminée par la beauté de certaines rencontres. À travers champs, à travers bois, il tâche de se raccrocher à ce qu’il peut conserver d’humanité et d’amour.
Ce roman haletant aux allures de conte ou de rêve évoque autant notre pays que l’itinéraire d’un homme vers l’essence de la vie.
Notre chronique
Abandonner Paris en ruines, fuir avec ses enfants vers une République du Jura idéalisée : voilà la trame de ce superbe roman. Toutefois, De l’autre côté de la vie est bien plus qu’un récit de survie.
« C’est peut-être ça notre erreur : avoir construit un monde de choses, hors de la vie et contre la vie. Un monde où seules subsistent les passions des hommes, pleines d’effroi et de force, les passions mauvaises de l’avidité, de la haine et de l’oubli. »
En effet, dans un pays fracturé, chaque rencontre éveille la nostalgie d’une humanité disparue.
« Parce que des monstres erraient et parce que le récit des monstres effrayait, mais aussi parce que dans le sillage des monstres, les incivilités, insultes et intimidations se multipliaient. »
La guerre civile sourd dans les dialogues, la société « se disloque à une vitesse effarante », et le narrateur, sans nom, se demande sans cesse s’il est capable de protéger ses enfants sans sacrifier son âme.
Fabrice Humbert conjugue dystopie brutale et conte méditatif. Et c’est probablement ce que j’ai préféré dans ce roman, ainsi que la profondeur des réflexions sur la nature humaine. La fuite devient initiation, et chaque geste d’hospitalité, rare, ravive le sens du mot rencontre.
« Comment ne jamais être victime ni bourreau ? » se demande le narrateur. L’auteur répond par la douceur triste des regards, la fragilité de l’innocence. Comme chez Tesson, la nature offre des moments de répit, où « de la perte universelle mont(e) la lumière de la vie ».
Chronique d’une France en lambeaux, réflexion sur l’humanité, ce roman questionne, remue, à la frontière du roman et du miroir.
« Je n’avais que mon amour à donner, mais je suis sûr, encore maintenant, qu’ils en avaient besoin jusqu’à l’ivresse et que dans la destruction de toutes choses, dans l’universelle détresse, c’était la seule puissance à même de soulager leurs âmes tuméfiées. »
Un conte noir, dans lequel chaque ligne nous rappelle que l’amour des siens résiste à tout effondrement.
« Ne croire à rien, ne rien espérer, ne rien attendre, juste vivre. Cela devrait suffire ».
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Gabriel et Marie-Hélène.