08 septembre 2025

Chronique littéraire : Un instant d'abandon de Philippe Besson (Julliard, Pocket).


Résumé de l’éditeur
L'histoire commence là, dans une ville de bord de mer, en automne.
Un homme revient et, avec lui, c'est le passé qui resurgit.
Des années plus tôt, il a été condamné pour un crime, peut-être le plus impardonnable qui soit.
Les gens n'ont pas oublié.
Il ne revient pas demander pardon. Il veut retrouver au plus âpre de lui-même cet état d'innocence dont on l'a si violemment privé.
Mais en finit-on jamais avec ses disparus et le temps d'avant ?

Notre chronique
Un instant d’abandon est une œuvre bouleversante. Située dans une petite ville côtière britannique, l’histoire s’ouvre sur le retour de Thomas Sheppard, un homme marqué par un passé tragique. Condamné pour négligences graves pour la mort de son fils (celui de sa femme, en fait), Thomas revient à Falmouth après avoir purgé une peine de cinq ans de prison, pour affronter ses démons et tenter de retrouver une forme d’innocence perdue. Cependant, peut-on échapper à ses disparus, à ce passé qui continue de nous hanter ?
C'est dans son attitude générale. C'est en lui, comme une énigme à résoudre. Tous, nous avons quelque chose à dissimuler, un secret qui nous met à part des hommes. Chez Rajiv, je n'imagine rien de monstrueux. Son mystère relève de la magie, ou de l'alchimie. Il est peut-être aussi le produit de mon imagination. (page 73, édition Pocket).
Le roman nous livre progressivement les diverses facettes de cet homme brisé, à travers quatre parties consacrées à divers personnages (Thomas, Rajiv, Betty et, last but not least, Luke). Les thèmes principaux de cet ouvrage sont chers à Philippe Besson : l’abandon, la culpabilité, l’isolement, le poids du deuil. 
L’abandon – de soi, des autres, des illusions – est au cœur de ce récit dans lequel la rédemption semble constamment à portée de main, mais reste suspendue à un fil ténu. C’est dans cette tension, entre violence et douceur, que réside toute la force du roman.
Dans ce pays dont les ciels sont voilés, les aubes mouillées, les matins froids, et où les silhouettes sont pliées contre le vent mauvais, Betty est une sorte de contre-pied, la preuve que la brume n'a pas raison de tout. (page 116)
L’écriture, d’une précision remarquable, par petites touches, capte les moindres nuances émotionnelles et nous immerge dans une atmosphère brumeuse et mélancolique. 
Et nourrit-on d'autre ambition que celle de rassurer ? (page 180)
Un livre qui ne laisse pas indifférent, et qui nous invite à prendre le temps de réfléchir au point de vue du soi-disant coupable, de celui que tous (ou presque) ont abandonné...

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Gabriel et Marie-Hélène.