08 décembre 2020

La fureur de lire : Lumière sur Constance Dufort (Les Chemins d'Hermès, Éditions Astobelarra).

Lumière que Constance Dufort, auteure dont l'ouvrage, Les Chemins d'Hermès, a été sélectionné dans La fureur de lire.


Petite biographie impudique : Pourquoi j’écris ? 

J’écris comme je respire ? Non… j’écris pour respirer.

J’ai oublié les premiers mots, la première histoire, mais je me souviens très bien de la première machine à écrire sur laquelle j’ai usé mes ongles dès la fin du CP. Les vieilles touches nacrées s’enfonçaient et balançaient les barres à caractères contre la page blanche. Le claquement, le tintement du rouleau, le geste : pousser le levier, redémarrer une ligne vierge, noircir et noircir encore. Un délice pour l’oreille, une véritable DeLorean à remonter le temps ou à l’accélérer. La clé de la liberté.

Le Père Noël m’apporta ensuite ce cadeau incroyable, pour mes dix ans : la première machine à écrire électrique. Tellement silencieuse que mes parents ne savaient plus ce que je faisais lorsque je me claquemurais dans ma chambre. Je me souviens du goût délicieux de l’inachevé, de l’excitation de la nouvelle idée, des émotions visitées au travers de mes personnages. J’écrivais, j’existais.

Lorsque mon professeur de français m’a convoquée, ce jour-là, pour me dire tout le bien qu’il pensait de ma rédaction, du haut de mes cyniques treize ans, j’ai rigolé. Il m’a poussée à composer, à corriger, à « champ lexiquer », jusqu’à ce que nous puissions envoyer le texte à une maison d’édition de sa connaissance. Les premiers encouragements sont tombés.

Et puis la vie m’a délicieusement rattrapée : grandir, aimer, quitter, aimer pour de bon, s’installer, construire le nid, y accueillir les enfants. Une galopade en apnée. Le bonheur, ça coupe le souffle.

À quarante ans, j’ai repris un grand bol d’air, en regardant autour de moi, un peu hébétée. Quoi, toutes ces années ? Où sont les machines à écrire ? Remplacées par des tablettes ! Mon prof de français ? Loin, loin dans mon passé !

Les picotements dans les doigts, l’imagination qui galope, et l’envie de raconter des histoires étaient pourtant là, sagement tapis au fond de moi, attendant l’heure du come-back : j’ai repris mon souffle en regardant mes fils grandir. Un matin comme tous les autres, j’ai sorti un cahier et des crayons : gauchement, timidement, j’ai effleuré la première page, puis les suivantes. Des mois de travail plus tard, mon mari et mes fils m’ont avoué combien ils étaient heureux de me voir respirer. Le vent du large, c’est avec leur soutien que je l’ai pris, car seule je n’aurais jamais osé : une maison d’édition contactée, puis deux, puis dix. Beaucoup de « non » polis, quelques « peut-être » encourageants, et puis un jour, un grand « oui ».

Mon premier petit, Les chemins d'Hermès, écrit pour les deux petits hommes de ma vie, est paru en 2018 aux Éditions Astobelarra. So long, Alice, ma fille imaginaire, a trouvé une famille éditoriale chez ENB la même année. Et puis De l'aube au crépuscule, et maintenant L'archipel de Westerlies, de nouveau chez Astobelarra. 

Participer à cette anthologie, c'est partir à la rencontre de lecteurs inconnus. Pour le plaisir de vous faire voyager ! 

C'est toujours intéressant de participer à une anthologie parce que ça met son parcours en miroir avec d'autres parcours d'auteurs et on touche du doigt le formidable dynamisme de la création : nous sommes tous mus par la même énergie mais chaque production est personnelle et inimitable. Être ensemble dans une anthologie c'est comme chanter la même chanson mais avec la possibilité de faire entendre chaque voix et qu'elle soit unique.

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Gabriel et Marie-Hélène.