Ukiak est un jeune chien de traîneau qui n’a jamais connu
que son petit bout de bush d’Alaska. Alors quand Amaguq, son maître inuit,
l’emmène avec ses compagnons Sam et Will rejoindre la ville de Nome...
Qui aurait pu imaginer qu’il allait traverser la moitié du
globe pour venir prêter main-forte aux soldats français engagés dans la Grande
Guerre ?
Notre chronique
L’histoire de... l’histoire d’Ukiak
Je savais que les chiens avaient été
très souvent utilisés par l’armée dans le cadre du conflit.
À l'instar des chiens policiers ou
des chiens de sauvetage, les chiens militaires étaient sollicités dans
différentes circonstances, comme chien de garde, estafette, ou même «
aide-soignant ».
J’en ai entendu parler pour la première
fois sur Radio France dans l’émission des régions qui passait le samedi matin.
C’était à l’occasion de la commémoration de l’arrivée des chiens de traîneau
d’Alaska sur le Front des Vosges, le 15 décembre 1915, par le Souvenir
Français, le club de chiens de traîneaux Nanook de Bischwiller et le Musée
Serret de Saint-Amarin près de Thann.
J’ai tout de suite su qu’il fallait
que je raconte cette histoire. C’était si extraordinaire. Rendez-vous compte : faire
traverser presque la moitié de la planète à des chiens de traîneaux. Quand on y
pense, c’est fantastique, compte tenu des moyens de l’époque.
J’ai fait pas mal de recherches sur
Internet, j’ai visionné des films, des vidéos ; j’ai cherché à savoir qui
étaient les instigateurs de cette mission qui pour moi semblait quasiment impossible
pour l’époque.
Une fois prête, je me suis lancée dans
l’écriture. Mais je ne souhaitais pas écrire un énième récit de guerre (surtout
en cette période de centenaire de la Première Guerre Mondiale). Ce qui m’avait
fasciné, c’était cet extraordinaire voyage. Et tout de suite, il m’a semblé
évident de l’écrire à travers les yeux d’un chien. Dans quelle galère je
m’embarquais… Je me lance parfois des défis, et celui-ci j’aillais le
relever !
Souvent j’ai douté, surtout au
début, avec le premier chapitre, que j’ai recommencé quand je me suis rendu
compte que si je me contentais de ne parler que des sentiments et des
impressions d’Ukiak, j’allais dans le mur. Alors j’ai eu l’idée d’inventer le
personnage de Bill, le soigneur. Je dois avouer, qu’il m’a grandement facilité
la tâche !
J’ai eu aussi beaucoup de doutes en
écrivant le chapitre concernant la guerre proprement dite. Je n’avais pas
trouvé de récits ou de témoignages de mushers français. Alors j’ai extrapolé
avec ceux des soldats qui s’étaient retrouvés sur le front des Vosges.
Le point de départ de ce récit est
le prologue. Je l’avais en moi, au fonds de mes tripes. Si je n’avais pas réussi
à l’écrire, je pense que ce roman n’aurait jamais vu le jour.
EXTRAIT : Prologue
C’est l’heure. Je le sens au plus profond de moi.
Je suis couché juste contre l’âtre. Le feu ronflant arrive à peine à réchauffer mes vieux os, mais au moins ils ne me font plus souffrir.
Dans ma courte existence, j’ai connu de bons moments, et des mauvais aussi. Dans l’ensemble j’ai eu une belle vie. Je ne regrette rien. Enfin pas tout à fait.
Je regrette les courses endiablées dans la neige. Rien ne pourra remplacer cette sensation de puissance quand je menais le traîneau, imperturbable. J’adorais les bruits feutrés, les premiers flocons qui chatouillaient mon museau, le moelleux de la poudreuse sous les pattes. Même au plus fort de la tempête, j’aimais les rafales de grésil cinglantes, le froid, le vent glacial ; la couche de neige était si profonde que je m’y enfonçais jusqu’au ventre, m’obligeant à avancer par bond…
Je ne regrette pas le sifflement des bombes au-dessus du traîneau, les cris des mushers affolés, et encore moins le bruit des obus qui explosaient tout autour de nous. Je ne souhaite plus me rappeler l’odeur de la poudre, de la peur, de la mort. Les hommes parlent souvent d’un endroit horrible qu’ils appellent enfer et je suis certain que nous y étions.
Je repense à tous mes compagnons d’aventure qui ne sont pas revenus : Durst et Anoky, mes « swing dogs », Chanouk le malamute, mon compagnon d’infortune sur le SS Pomeranien. Et aussi, Dubby, Sam, Will... Il y en a tant eu que je n’arrive pas à tous me les rappeler.
Jeannette est là. Elle s’est assise à côté de moi et a posé délicatement ma tête sur ses genoux. Sans dire un mot. Il n’y a d’ailleurs jamais eu besoin de beaucoup de mots entre nous. Que j’ai aimé, non que j’aime, cette enfant, qui menait son monde par le bout du nez. Et moi par le bout de mon museau… Je lui suis si reconnaissant pour tous ces instants magiques, cette grande complicité qui nous lie tous les deux.
Maintenant, je peux partir serein…
Un roman jeunesse historique, des chiens, un
narrateur-chien, des aventures, un voyage et la guerre, accompagnée de toutes
ses souffrances. Ce roman offre aux jeunes et moins jeunes une vision très
juste et évocatrice de la grande guerre tout en utilisant le filtre de la vision
d’Ukiak, ce qui permet de ne pas être traumatisant pour un jeune public.
Les aventures d’Ukiak permettent de mieux comprendre un
épisode méconnu de la Grande Guerre, une mission secrète : l’idée d’utiliser
des chiens de traîneau d’Alaska pour ravitailler les soldats de la « ligne
bleue des Vosges », le massif des Vosges étant considéré comme hautement
stratégique. Ainsi pendant des mois 430 chiens d’Alaska ravitaillent en vivres
et armes des troupes isolées puis au retour évacuent les blessés.
Ce livre se lit très bien lorsque l’on est adulte aussi et
permet de faire découvrir l’Histoire à l’aide d’une histoire fabuleuse et très
touchante.
Ukiak partage son vécu avec ses capacités et intérêts de
chien. Son dévouement, son expérience font de cette histoire un magnifique
hommage à ces animaux fidèles qui ont soutenu nos soldats pendant la guerre et
à tous ceux qui ont combattu pour la liberté.
La postface et les annexes sont composées des faits
historiques, d’un point sur les personnages fictifs et authentiques.
Un bien beau cadeau à offrir à de jeunes curieux !
Interview de Marie-Hélène
Quand
avez-vous commencé à écrire ?
Mes premières velléités d’écriture
remontent certainement à l’été de mes 14 ans. Mais à l’époque j’avais une
orthographe déplorable (ça s’est amélioré avec le temps mais pas tant que
ça !) et du coup je ne me sentais pas « légitime » à devenir
auteur. Alors j’ai continué à lire.
Et je suis devenue maman. Et tous les
soirs, j'invitais une histoire à dormir pour mes deux fils aînés, que
j'enrichissais à chaque fois. Aussi un jour, je me suis dit qu’il fallait que
je la retranscrive sinon je risquais de l’oublier. Et c’est comme cela que tout
a commencé. Ce devait être en 1985-1986. Et depuis je n’ai quasiment jamais
arrêté d’écrire.
Quelles
sont vos principales sources d’inspiration ?
Un mot, une image, un son, une couleur.
Tout est source potentielle d’inspiration. Je puise mon inspiration dans ce que
je lis, les émissions que j’entends à la radio, des sujets qui me révoltent ou
qui m’émeuvent. Mon inspiration me vient de mes 4 sens,
du monde qui m’entoure.
Je ne sais jamais d’où elle va surgir, ni
ce que cela va donner…
Pourquoi
des ouvrages pour enfants ?
Je ne me suis jamais vraiment posé la
question. Écrire pour les enfants était au départ une évidence. J’y ai trouvé,
au fil de mes écrits, une liberté de style et de forme qui me convient tout
particulièrement. Cependant ces derniers mois, je me suis sentie un peu à
l’étroit d’écrire des albums et des contes. Peut-être trop de contraintes liées
au genre (longueur des textes, concision des phrases…). Je me suis donc essayée
à des histoires plus longues, au roman. Mais pas des romans trop longs. Des
romans courts, pour les lecteurs débutants ou en difficulté, âgés de 8 à 12 ans. Des romans dans
l’ensemble assez structuré, avec des chapitres de longueur égale. Alors que
dans mes albums j’ai une prédilection pour l’imagination et l’humour, dans mes
romans, j’aborde plutôt des récits de vie, des problèmes qui touchent
directement mes lecteurs dans leur vie quotidienne : le harcèlement
scolaire, la malbouffe, les relations intergénérationnelles, la maltraitance
animale ou encore des faits historiques.
Une
lecture fondatrice ?
J’aurais envie de dire « Qu’est-ce
qu’une lecture fondatrice ? ». Parce que toutes mes lectures sont des
lectures fondatrices, quel que soit le genre ou le sujet que je lise.
Exercez-vous
une autre profession ? Si oui, comment gérez-vous les deux ?
À la ville je suis webmaster pour un
laboratoire de recherche en botanique et biologie végétale. Mon activité
d’auteur (je n’aime pas le mot autrice) à mes moments perdus. En règle
générale, comme ce sont deux activités créatrices, cela ne me pose pas de
problèmes de concilier les deux. Sauf peut-être quand j’ai un nouveau projet de
site internet, où je n’arrive plus à écrire : toute ma créativité est au
service de ce nouveau site
Êtes-vous
en train d’écrire un nouvel ouvrage ?
Je n’ai pas encore véritablement commencé à
l’écrire, parce qu’il faut que je fasse pas mal de recherches. Mais oui je
tiens mon prochain sujet, un sujet qui à nouveau me tient terriblement à cœur.
Quel
a été votre plus grand bonheur littéraire ?
« La chevauchée de Yellowstone » de Jean-Claude Berrier. Le
premier livre que j’ai lu en entier, toute seule. Je
m’en rappelle comme si c’était hier.
Un
mot de la fin ?
Je ne suis pas très douée pour les fins ; il paraît que
très souvent je les bâcle…
Un grand merci à Marie-Hélène Lafond et aux Éditions Nouvelle Bibliothèque Jeunesse !
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