Des hommes justes d'Ivan Jablonka (Seuil).
Grand Prix des Lectrices Elle 2020. Sélection septembre 2019.
Ivan Jablonka consacre sa monographie à l’histoire et aux
perspectives de ces rapports conflictuels, mais nécessaires, car homme et femme
pourraient-ils jamais se passer l’un de l’autre ? Leur destin est commun et
c’est tant mieux !
Pourtant la violence
et l’amour s’entrecroisent, les déchirements perdurent, alors que des siècles
se sont écoulés, émaillés de luttes pour que les femmes ne restent pas réduites
à l’enfantement, à la perpétuation de l’espèce, subordination biologique avant
d’être sociale.
Heureusement le vingtième siècle à pointé son nez, décisif
en ce domaine, comme en bien d’autres.
Est-ce à dire que par
le passé les hommes ignoraient les qualités des femmes ? Bien sûr que non !
Mais ils les occultaient, délibérément, par peur de perdre leurs prérogatives…
Aujourd’hui, bien des femmes accèdent au pouvoir, politique,
entrepreneurial. C’est que les hommes ont compris que leurs qualités
particulières, empathie, écoresponsabilité, étaient en fait un plus pour
l’entreprise ! Il n’y a pas d’angélisme…
Faut-il le regretter ?
Le Monde est ainsi fait et Ivan Jablonka montre qu’il existe
bien des nuances dans la vie à deux. La souffrance reste souvent partagée.
L’insatisfaction, l’inutilité du mâle, sa longévité réduite, demeurent, comme
demeure la honteuse violence physique parfois faite à ses compagnes…
Malgré le retour des religions qui enserrent à nouveau les
femmes dans le carcan de soi-disant volontés divines, l’espoir reste entier, et
les évolutions sont loin d’être
négligeables.
La déclaration des droits de l’homme en a posé les bases,
car, en français, homme doit être pris dans une acception plus large, les
hommes, ce sont les hommes ET les femmes ; leurs droits sont égaux, sans quoi
rien ne sera jamais possible, rien ne sera jamais, ni authentique, ni
acceptable.
Elizabeth Badinter avait déjà amorcé cette réflexion
sociétale, qui n’est pas restrictivement d’ordre universitaire et qui nous
concerne tous.
Et tout d’abord : qui sommes-nous au premier niveau ? Quel
est notre comportement avec nos proches ? Sommes-nous cohérents avec nos idées,
nos principes ?
Comme pour le respect de l’environnement, dans notre cercle
familial, professionnel, une morale personnelle n’est-elle pas nécessaire ? Un
respect mutuel ne doit-il pas s’instaurer de lui-même, comme une évidence ?
Ivan Jablonka aborde cette question à la fin de son
excellent livre, de manière touchante et avec beaucoup d’humilité.
Il y a dans le statut des femmes une simple question de
justice. Rendons justice aux femmes et
les hommes ne pourront qu’y gagner une fierté, non pas née d’une stupide
domination virile, mais une fierté de solidarité, de respect, d’amour
véritable.
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Gabriel et Marie-Hélène.