Description de l’éditeur
" Elles étaient au nombre de douze. Douze méduses qui plongèrent parmi les bulles éclairées au néon dans l'aquarium. Leurs tentacules flottant comme des fourreaux de fantômes. "
Dans les rues serpentines du Vieux-Nice, Rosa déambule au bras de son fils, Lino. Ensemble ils rêvent de posséder un hôtel dans lequel un immense aquarium accueillerait des méduses. À peine dix-neuf ans d'écart, ils forment un duo inséparable. Jusqu'au jour où Lino est arrêté et emprisonné pour le meurtre d'un enfant. Pour Rosa, l'innocence de son fils est incontestable.
Dans un ballet d'images charnelles, poétiques, la mater dolorosa se lance dans une quête sublime et dévorante. Mais jusqu'où l'amour maternel peut-il conduire ?
L'auteure
Née en 1975, Caroline Dorka-Fenech, diplômée de lettres modernes et de l'Atelier scénario de la FEMIS, a travaillé comme lectrice de scénarios, script doctor et enseignante. Rosa dolorosa, son premier roman, est le fruit d'un travail de dix ans.
Notre chronique
Tout va pour le mieux, semble-t-il, et ils sont sur le point de remettre en état un petit hôtel et de se préparer des jours heureux dans ce futur trois étoiles illuminé par la blancheur des méduses – qui accueilleront grandiosement les visiteurs dès l’entrée –, des murs, de tout le décor.
Mais ce blanc immaculé, radieux, ce blanc de la pureté originelle et des terrains vierges, bascule brutalement dans le noir des pires cauchemars, car Lino (qui lui-même participe de toute cette blancheur, n’est-il pas de la couleur du lin, emblème de candeur ?) est accusé du pire des crimes, le meurtre d’un enfant.
Est-il vraiment coupable, et de quoi ? Cet environnement sans tache était-il déjà une quête de l’innocence perdue ? D’autres innocences ont-elles été souillées ? Quand, et pourquoi ?
Quant à Rosa elle va ajouter aux épines de son prénom la douleur qui vient du fond des âges, celle de la mère éplorée, qui n’est plus que souffrance indicible. Mais elle ne gémit pas comme les pleureuses antiques (et qui existent encore), elle ne sanglote pas comme Niobé dont on a tué toute la progéniture, ne se lamente pas comme Hécube ou Andromaque, ne se tord pas les mains, ne s’arrose pas la tête de cendres... Et surtout, reste digne, figée, muette et presque évanouie comme Marie au pied de la croix ou en train de serrer le corps froid et pâle de son fils dans ses bras...
Son fils à elle est vivant, et comme Jésus, injustement calomnié, accusé à tort, elle en est certaine. D’ailleurs « Lino » n’est-il pas aussi le diminutif d’Angelino ? Son ange n’a rien pu faire de mal et elle va se battre pour le prouver.
Dans ce combat, elle jette toute son énergie de « mamma » à l’italienne, telle la louve romaine, démesurée, déchaînée, féroce, indéfectible, intraitable, extrémiste (quel que soit d’ailleurs le côté vers lequel elle penche), défendant et soutenant son fils envers et contre tout et tous, jusqu’au dénouement - finalement prévisible, d’une force terrible.
Prévisible si l’on pressent que la méduse, c’est elle, avec son amour tentaculaire, qui n’a pas laissé à son enfant unique la marge d’éloignement nécessaire pour se construire en dehors d’elle, qui l’a surprotégé de la violence paternelle, mais l’a aussi empêché d’avoir un développement normal, à la bonne distance.
Symboliquement l’avenir devait encore se reconstruire, étroitement, à deux, dans une symbiose délétère, car anachronique... Il n’a pas d’espace de liberté propre. Il est comme une méduse lui aussi, qui n’a d’autre choix que de se laisser porter par les courants, habile à les utiliser, mais ne dirigeant rien. La méduse est très belle, mais venimeuse…
Un ouvrage puissant, au style précis et efficace, qui nous plonge dans l’irréparable, le tragique, l’épouvantable, sans pathos. À lire absolument !
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Gabriel et Marie-Hélène.