Oh, que voilà une autobiographie frustrante et… que l’on dévore à pleines dents !
Je m’explique.
Avec mille cinq cents pages de confessions, a quoi pouvait-on s’attendre légitimement ?
Des secrets révélés sur l’art d’écrire, des confidences sur les liaisons d’Aurore Dupin avec des hommes ô combien célèbres, un développement sur les motivations d’un engagement politique original, etc., mais non, rien de tout cela. Rien du tout. Et pourquoi me direz-vous ?
Il faudrait pouvoir le demander à l’intéressée !
Sans doute, à mon avis a-t-elle péché par trop de modestie, et peut-être également par manque de confiance en elle-même ?
Comment le lui reprocher ? Essayons seulement d’imaginer une femme qui au début du dix-neuvième siècle s’émancipe du mariage, élève seule ses enfants, vit en travaillant (de sa plume) tout en entretenant des relations pas toujours platoniques ou intellectuelles avec des hommes connus ?
À quels affronts a-t-elle dû faire face ?
Combien d’humiliations a-t-elle dû subir ?
Pour entrer dans les milieux masculins fermés aux femmes (y compris les salles de spectacle, les théâtres) elle se travestit en homme. Certains s’en amusent, d’autres la conspuent. La société bourgeoise triomphante n’est tendre avec personne et les femmes n’ont guère de droits. Trouve-t-elle enfin le succès ?
Ses anciens amis la jalousent. Alors elle se réfugie à Nohant, sa campagne chérie. Elle y trouvera l’inspiration dans l’amour véritable qu’elle porte aux paysans, aux gens simples qui sont toujours les plus sincères. Et elle écrira, grâce à eux ses plus beaux romans, les plus touchants. Alors, que trouve — ton au fil de ces pages souvent d’une écriture magnifique, digne des plus grands auteurs ? Et bien : des interrogations sur la vie, une philosophie, une mystique, des propos souvent élevés, sublimes. Elle a beaucoup donné. Peu reçu. Musset et Chopin, qu’elle a aimé étaient malades, l’un atteint de la typhoïde, l’autre de la tuberculose. Elle les a assistés. Elle est restée à leur chevet. Et a été payée par bien peu de gratitude en retour. Est-ce pour cela qu’elle en parle si peu ? Balzac fut l’un des seuls qui l’appréciât pour ce qu’elle était véritablement c’est-à-dire, non seulement une femme admirable, mais un auteur de génie.
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Gabriel et Marie-Hélène.