28 août 2023

Chronique littéraire : Je suis Juan de Pareja d’Elizabeth Borton de Trevino (collection Médium, École des Loisirs).

Résumé de l'éditeur
Quand il rencontre Don Diego, à Madrid, vers 1625, juan de Pareja a déjà appris beaucoup de choses dans sa courte vie d'esclave noir. Il a vu des gens mourir de la peste, et il a eu à se méfier d'autres qui se disaient compatissants. Il a appris à lire et à ne pas s'attirer les foudres de ses maîtres. Avec Don Diego, qui est le grand peintre Velásquez, il va voir s'ouvrir devant lui un champ bien plus vaste de connaissances. Son nouveau maître, en effet, lui apprend comment regarder, mais le blesse en refusant de lui enseigner son art. C'est que les esclaves n'ont pas le droit de peindre. Pour la première fois, juan, qui n'est pas un rebelle, désobéit, agit en secret, parce qu'il ne peut s'en empêcher. Il découvre que l'art doit être vrai, que c'est « la seule chose de la vie qui doive reposer sur la plus solide vérité, parce que, sinon, il ne sert à rien ». Il apprend les règles de la lumière, et à capter, dans les portraits, les âmes emprisonnées. Aux côtés de Velásquez, il parcourt l'Italie et l'Espagne, rencontre Rubens et une jeune femme révoltée qui sait l'avenir...

Notre chronique
Publié pour la première fois en 1966, ce roman n’a rien perdu de sa fraîcheur et de son humanité. L’auteure, née en Californie en 1927, poétesse connue, épousa un Mexicain, ce qui lui donna l’occasion de s’initier à la culture latine encore méconnue à cette époque aux États-Unis. Mais, c’est son fils qui lui raconta la relation singulière de Juan et de Diego Velásquez, et qui lui donna envie de raconter cette histoire dans un premier roman.
Alors, en quoi cette histoire est-elle si singulière ?
Juan était mulâtre, esclave, il fut acheté par Diego, et les deux devinrent amis. Quand on sait que ce récit se déroule au 17e siècle dans l’Espagne puritaine et ultra conservatrice, tout près encore chronologiquement de la « Controverse de Valladolid », autrement dit de ce long débat destiné à décider si les Indiens avaient ou non une âme, on prend la mesure de l’audace d’une telle relation !
Velásquez, le plus grand peintre de son époque, et sans doute un maître universel de la peinture (c’était en tout cas l’opinion de Manet) confia les secrets de son art à un esclave noir qu’il affranchit. Il fit même son portrait, que l’on peut admirer sur la couverture du livre. Un tableau célèbre aujourd’hui, comme le sont, dans une moindre mesure, ceux de Juan, accrochés depuis dans bien des musées du monde !
Dans un autoportrait, Diego Velásquez apparaît sombre et austère. C’est qu’il dut se battre pour être reconnu, concurrencé par les peintres italiens considérés comme les plus grands en ce temps. C’est sans doute cette lutte qui lui a permis de rester un homme juste. Et s’il a peint les têtes couronnées, il n’a jamais oublié les plus humbles, les paysans, les gens simples, qu’il a magnifiquement immortalisés sur ses toiles.

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Gabriel et Marie-Hélène.