Ce seul en scène n'est pas
solitaire. Dès son entrée, la jeune comédienne Violette Erhart, chanteuse,
danseuse, investit l'espace du Théâtre
de Nesle de son pas souple, de sa posture altière, et ses premiers mots
tranchent dans la sombre réalité souterraine du lieu pour nous emmener - pouvoir
extraordinaire du langage - ailleurs, dans un passé où les personnages qu'elle
mime avec un réalisme stupéfiant, nous rappellent que l'oppression, que la
persécution, que la disparition de la liberté sont aussi sombres que cette cave
où, admiratifs, nous sommes assis. Car si la pièce parle de la montée du
nazisme, elle délivre des messages universels, sur la passion du théâtre, sur
l'amour, sur le destin qui nous emporte dans le vent de l'Histoire, Histoire
où, comme toujours, se révèlent la grandeur et la petitesse de certains. Mais
le texte parfaitement adapté du roman d'Isabelle Stibbe, n'est
pas moralisateur, il décrit et nous laisse juges. Qu'aurions-nous fait en
pareilles circonstances ? Aurions-nous été meilleurs ou plus lâches ?
Le courage comme la peur
ne se décrètent pas, il se vivent. La comédienne ne se pose pas en témoin ou
analyste d'une situation dont on connaît les tenants et les aboutissants.
Actrice jusqu'au bout des ongles, être de chair, sensible, mais forte, elle vit
une passion qui emporte tout, et c'est chaque émotion de cette histoire
personnelle quelle veut nous faire partager. Et elle y parvient admirablement.
Souvent, ses yeux sont tournés vers nous. Mais elle ne nous regarde pas. Elle
regarde plus loin, vers les autres, tous ceux qui comme nous seront un jour
responsables si la bête immonde de l'intolérance refait surface.
Extrait du spectacle
Interview de Violette sur Friendly Radio :
Lien vers l'interview de Violette sur l'
adaptation du roman.
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