22 février 2019

Chronique : Le blé en herbe de Colette (Éditions Flammarion / J'ai lu)

Quatrième de couverture
"Toute leur enfance les a unis, l'adolescence les sépare".
Phil, 16 ans, et Vinca, 15 ans, amis de toujours, passent tous leurs étés en Bretagne. Tout naturellement, l'amour s'installe entre ces deux complices inséparables, un amour qui grandit plus vite qu'eux. Et cet été-là, Vinca et Phil découvrent leurs différences et leurs incompréhensions. L'insouciance et la confiance font alors place à la souffrance et à la trahison. Ces amours adolescentes révèlent à Vinca et à Phil ce qu'ils sont désormais et ne seront jamais plus. Et ces vacances s'achèvent sur un adieu à l'enfance, amer et nostalgique.
Avec délicatesse, Colette excelle à évoquer l'éveil de la sensualité, la douloureuse initiation à l'amour et à la vie.

Notre chronique
Une langue savoureuse par son classicisme mais un roman très audacieux pour l'époque.Une découverte des émois amoureux, de l'amour physique par deux adolescents (Vinca a quinze ans, Philippe seize et demie) tout en subtilité, poésie et douceur. L'apprentissage de la vie. Passions et déchirures. Traîtrises. Ambivalences. Finalement des sentiments qui demeurent très actuels !



Quelques extraits 
Ils refermèrent, ensemble, le judas par lequel, retranchés dans l'amour, ils communiquaient parfois avec la vie réelle. Ils envièrent, pareillement, la puérilité de leurs parents, leur facilité au rire, leur foi dans un avenir paisible.

Elle se tut, sous les prunelles bleues, en haut de la fraîche joue enfantine de son amie, le nacre, le sillon des larmes nocturnes et de l'insomnie, ce reflet satiné, couleur de clair de lune, qu'on ne voit qu'aux paupières des femmes contraintes de souffrir en secret.

Il entendait son souffle trembler dans sa voix, et il tremblait aussi. Il retournait sans cesse à ce qu'il connaissait le moins d'elle, sa bouche. Il résolut, pendant qu'ils reprenaient haleine, de se relever d'un bond et de regagner la maison en courant. Mais il fut saisi, en s'écartant de Vinca, d'une crise de dénuement physique, d'une horreur de l'air frais et des bras vides, et il revint à elle, avec un élan qu'elle imita et qui mêla leurs genoux. Il trouva alors la force de la nommer « Vinca chérie » avec un accent humble qui la suppliait en même temps de favoriser et d'oublier ce qu'il essayait d'obtenir d'elle. Elle comprit, et ne manifesta plus qu'un mutisme exaspéré, peut-être excédé, une hâte où elle se meurtrit elle-même. Il entendit la courte plainte révoltée, perçut la ruade involontaire, mais le corps qu'il offensait ne se déroba pas, et refusa toute clémence. 

2 commentaires:

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Gabriel et Marie-Hélène.