19 février 2019

Interview : Isabelle Stibbe.

                                                        © E Robert Espalieu

Isabelle Stibbe est écrivaine et critique théâtrale. Son premier roman, Bérénice 34-44, revient sur l’exclusion des Juifs à la Comédie-Française pendant l’Occupation. Il a reçu neuf prix littéraires dont le prix Simone-Veil 2013 et le prix des Grandes Écoles 2013, et a fait l’objet d’une adaptation théâtrale par Violette Erhart dans une mise en scène de Pierre-Olivier Scotto (Avignon 2018). 
Son deuxième roman, Les Maîtres du printemps, est inspiré de la fermeture des hauts-fourneaux de Florange. Tous deux sont parus aux éditions Serge Safran.
Le Roman ivre, son troisième roman, est un hommage aux Trois Mousquetaires Alexandre Dumas dans le cadre de la collection « Les Passe-murailles » aux éditions Robert Laffont.
Isabelle Stibbe vit et travaille à Paris.

Interview
Quand avez-vous commencé à écrire ?
Vers 8 ou 10 ans. A l’époque, je voulais devenir cantatrice. J’avais écrit un livret d’opéra et j’ai longtemps rattaché cela à mon amour pour le lyrique, sans m’apercevoir que c’était mon premier acte d’écriture ! A l’adolescence, j’ai commencé un journal que je continue à tenir régulièrement. Un roman aussi, mais il est resté inachevé.

Quelles sont vos principales influences ?
Les grands romanciers du XIXe constituent un socle : j’en aime le souffle narratif, le style, le foisonnement, qu’il s’agisse des Français (Hugo, Balzac, Stendhal…) ou des Russes (surtout Dostoïevski). Aujourd’hui, je m’attache moins à l’histoire et plus au style, ce qui me fait aller vers des auteurs comme Maylis de Kerangal ou Pierre Michon qui est pour moi le plus grand de nos auteurs contemporains. Dans un autre genre, Virginie Despentes et son Vernon Subutex m’a récemment scotchée.

Vos 5 romans préférés ?
Crime et Châtiment, Illusions perdues, Les Trois Mousquetaires, Belle du seigneur, Vies minuscules.

D'où vous est venue l'idée d'écrire Bérénice 34-44 ?
Lorsque j’ai travaillé à la Comédie-Française il y a une dizaine d’années, j’ai appris que les Juifs avaient été exclus de la Troupe sous le mandat de Jacques Copeau. Sur le moment, je n’ai pas voulu creuser : je me sentais bien dans la Maison de Molière et je n’avais aucune envie de plonger dans cette histoire sombre. C’est un ou deux ans après, en relisant les notes d’une amie prof de théâtre à ce sujet, qu’est venue tout à coup l’indignation. L’indignation, mais aussi l’incompréhension. Comment un tel scandale avait-il pu être possible, dans l’indifférence quasi-générale ? C’est alors qu’est venue l’idée d’écrire ce roman. 


En tant que romancière, comment avez-vous vécu l'adaptation théâtrale de votre roman ?
Mais très bien ! J’ai été contactée par le metteur en scène Pierre-Olivier Scott et par la comédienne Violette Erhart. Ils m’ont parlé du roman et de leur projet de l'adapter. J’ai tout de suite été d’accord bien sûr, même si cela me paraissait assez abstrait : il y a tant de projets enthousiasmants qui finalement ne se font pas. Avec mon éditeur, Serge Safran, nous avons donné notre accord et un jour, nous avons reçu l’adaptation par mail. C’était étonnant de voir le roman et sa multitude de faits et de personnages condensés en un seul-en-scène. L’étape suivante a été le passage à la scène. Un moment que je redoutais un peu car je n’avais jamais vu jouer Violette. Son talent m’a bluffée, tout comme m’a bluffé sa capacité à porter si jeune ce projet sur ses épaules.
Pourriez-vous nous parler de vos autres ouvrages ?
Je travaille beaucoup sur la question de l’identité, au moment où elle est mise en difficulté et donc révélée. Dans Bérénice 34-44, l'identité juive et de comédienne de Bérénice est révélée via les circonstances dramatiques de l’Occupation. Pour mon deuxième roman, Les Maîtres du printemps, qui s’inspire des hauts-fourneaux de Florange, il s’agit de l’identité des travailleurs qui perdent leur emploi. 


Le troisième roman, Le Roman ivre, est un peu différent puisqu’il s’agissait d’une commande dans le cadre d’une collection intitulée « Les Passe-Murailles » chez Robert Laffont. Je n’ai peut-être pas encore assez de recul pour analyser vraiment de quelle identité il s’agit mais cela a à voir avec l’identité du lecteur face à un classique de la littérature puisque le livre traite d’une avocate qui rencontre un de ses héros littéraires : Athos des Trois Mousquetaires.


Un mot de la fin ?
Bravo pour votre blog qui est très éclectique !

Merci à vous pour cette interview !

10 commentaires:

  1. Je ne la connaissais pas du tout, alors merci beaucoup pour cette belle interview qui donne envie de se pencher sur son travail !

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  2. J'aime beaucoup ce genre d'article qui permet de mieux connaitre les auteurs.

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  3. Je prends toujours autant de plaisir à lire les interviews d'auteurs... Merci beaucoup ! :D

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  4. C'est une très belle interview, riche et intéressante. Les questions posées sont top et orientent bien l'article. Un plaisir à lire !

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  5. Très belle interview ! Merci pour la découverte, bises

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Gabriel et Marie-Hélène.