19 juin 2019

Interview de Sylvia Tabet



Quand avez-vous commencé à écrire ?
Enfant, vers dix ans, je me souviens m’être dit - j’étais en Angleterre justement ! - que je voudrais devenir écrivain. Pourtant, cela me paraissait inconcevable ; infaisable, hors de portée. En classe, je soignais particulièrement mes rédactions. J’écrivais des poèmes et j’ai longtemps tenu un journal que je trouvais absolument dénué d’intérêt car autocentré.
Mais ce n’est que plus tard, en rédigeant des travaux universitaires, que j’ai découvert à quel point j’aimais écrire. D’ailleurs, mon directeur de recherche m’avait donné un conseil auquel je repense régulièrement, pour tenter de l’appliquer à la littérature : « aller toujours chercher derrière ce qu’on voit ».

Quelles sont vos principales influences ?
Deux « Marguerite » ! Yourcenar et Duras. Yourcenar pour la profondeur du propos et la recherche du sens des choses. Duras pour l’écriture à proprement parler : la construction exigeante mais minimaliste des phrases. L’œuvre de Milan Kundera.

Quelle lectrice êtes-vous ?
J’aime apprendre des choses en lisant, comme j’ai besoin d’être confrontée à une recherche de sens. Aussi, je suis une lectrice lente ! Je lis donc moins que d’autres, peut-être, mais je pénètre les atmosphères, je les habite et les éprouve… Par contre, je lâche volontiers un livre qui m’ennuie ou ne m’intéresse pas, car la vie est courte.

Quels sont vos livres de chevet ?
Le théâtre de Jean Racine, « Phèdre » et « Bérénice » tout particulièrement. Shakespeare.
S’agissant des romans, « La promesse de l’aube » de Romain Gary, les livres de Jane Austen et « Une histoire d’amour et de ténèbres » d’Amos Oz. Longtemps, aussi, « Le rivage des Syrtes » de Julien Gracq, mais que je lis moins facilement qu’auparavant, car on change et c’est bien !
En poésie, « Les Fleurs du mal » et « Les Contemplations » de Victor Hugo.

Exercez-vous une autre profession ?
J’ai longtemps exercé dans le domaine de la communication institutionnelle et je suis peintre.

Si oui, comment gérez-vous les deux ?
Quand je ne peins pas, j’écris. Et inversement !

Avez-vous des habitudes / petites manies d’écrivain ?
J’écris dans le silence. Je corne les pages annotées des livres consultés. Chacun de mes livres est un travail de recherche sur un sujet donné. Pour « La femme qui lisait des romans anglais », par exemple, j’ai lu et pris des notes pendant dix-huit mois avant de commencer à écrire réellement. Mais quand une phrase se forme spontanément dans mon esprit et qu’elle correspond à la « petite musique » que je cherche, je la note. J’évoque rarement des endroits où je ne suis pas allée, car la recherche sur Internet ne me suffit pas. Il faut saisir les atmosphères. L’esprit des lieux.

Quelles sont vos autres passions ?
La peinture, l’Italie. La nature.

Comment est né votre roman ?
Mon éditrice m’a demandé 30 feuillets sur une trame fictionnelle de mon choix ; je lui ai envoyé des pages qui parlaient d’une femme avouant à son psy adorer les romans anglais…

Est-il en partie autobiographique ?
Pas au plan de la narration. Mais s’agissant du regard porté sur des choses de la vie et sur mon interprétation de la portée des romans anglais évoqués, d’une certaine façon ; autant que sur les lieux évoqués. La vie dans le XIè arrondissement au moment des attentats de Paris en 2015, par exemple.
Avez-vous un lien particulier avec la littérature anglaise ?
J’ai beaucoup été au Pays de Galles, enfant, en étant peu à peu imprégnée de cette culture anglaise (les berceuses, les Beatles, la nature, les chevaux, bref, « l’anglicité » ...). Puis j’ai assez tôt lu la littérature anglaise dite « classique », mais sans l’analyser avant ce livre. J’aime beaucoup l’Angleterre, où par ailleurs mon grand-père a passé une partie de la seconde guerre mondiale.

Etes-vous en train d’écrire un nouveau roman ?
Je suis en train de réfléchir… La question des sources antiques de notre culture m’a beaucoup intéressée en écrivant ce livre. J’aimerais la prolonger en travaillant sur le thème de l’amour chez les Anciens. Je commence mes recherches…

Le mot de la fin ?
J’estime qu’il faut aller vers la littérature qu’on aime, qu’on soit lecteur ou auteur, mais alors savoir comprendre ce qu’on aime moins et pourquoi.
Merci Marie-Hélène !



Merci infiniment Sylvia !

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