Sélection du Grand Prix des Lectrices Elle d'octobre 2019. Document.
Massacres, tortures, bombardements
chimiques, revanche des médiocres
investis d’un pouvoir
sans limites : la guerre garde le même visage atroce au fil du temps, scénario cruel, absurde, qu’on voudrait voir enfoui à jamais.
Le témoignage de ces femmes exilées confirme ce que la presse nous
rapportait alors, à nous
Occidentaux, pour qui ces événements paraissent si lointains,
si difficile à démêler.
Comment comprendre en effet aux premiers
jours de la révolte la méfiance des insurgés envers les alaouites, si l’on ignore que Bachar et son père sont eux-mêmes issus de cette communauté qui prêche une voie de l’islam différente de celle des sunnites et des
chiites ? Et il y a aussi les Kurdes et le PKK. Un véritable imbroglio.
Dix-neuf femmes, toutes issues de la classe
moyenne, racontent ce qu’elles ont vécu au quotidien, dans leurs
quartiers, dans leurs villes, l’espoir des
commencements, complètement fou,
mais sincère : chasser
le despote, Bachar. Et puis, bien plus tôt encore qu’on ne l’avait compris à ce moment-là, les islamistes, financés par le Qatar et l’Arabie Saoudite, principalement la
faction Jabhat al nusra, ont noyauté le mouvement. Sara rapporte : « Tous les membres du Conseil étaient des hommes… Ils se
moquaient de nous : rentre chez toi, ce n’est pas un endroit pour une femme ! ». Finalement, le conflit, qui a fait 500.000 morts, s’est transformé en une lutte sanglante entre
Bachar et Al Quaïda.
Bachar. Comment un homme peut-il se résoudre à exterminer son peuple, et de la manière la plus horrible, avec des bombes chimiques, du gaz sarin, pour
se maintenir au pouvoir ? Incompréhension, encore.
Toutes ces femmes, dont on se demande pour
certaines comment elles ont pu survivre aux tortures qu’elles ont subies dans les prisons du tyran, sont aujourd’hui réfugiées en
France, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Turquie. Leurs familles sont décimées. Retourner en Syrie est exclu. Pourtant elles continuent la
lutte. Ce qu’elles ont
connu, et qui est, dans ce livre, crûment raconté, a renforcé encore leurs convictions, leur
passion pour la démocratie et
la liberté. L’espoir demeure. Elles doivent y
croire, en dépit de tout.
Pour leurs enfants, pour leurs parents, morts ou disparus.
À lire,
absolument !
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Gabriel et Marie-Hélène.