Présentation de l'éditeur
Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles. Le temps d'une soirée, le Tout-Paris s'encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Réparti sur deux salles - d'un côté les idiotes et les épileptiques ; de l'autre les hystériques, les folles et les maniaques - ce bal est en réalité l'une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté, dans ce premier roman qui met à nu la condition féminine au XIXe siècle.
Prix Renaudot des Lycéens 2019
Sélection Les 30 meilleurs livres de l'année 2019 du magazine Le Point
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Revue de presse
Voilà l'une des plus belles et fortes surprises de la rentrée. La pépite surgie de nulle part [...]. Entrez dans la danse de ce petit chef d'oeuvre et laissez-vous étourdir. --Le Parisien
Un premier roman, vif, dialogué, touchant. --Marie France
Des personnages attachants, un livre émouvant à ne pas manquer. --Page
Biographie de l'auteure
Après des débuts au cinéma, Victoria Mas signe son premier roman chez Albin Michel en 2019. Prix Renaudot des lycéens, le livre est un best-seller.
Extrait
"Eugénie entend sans véritablement écouter. Elle n'est pas tentée de bousculer un peu ce monde aux pensées étriquées, même si parfois l'envie lui prend d'intervenir, de rebondir sur une idée, de pointer les contradictions de certains propos ; mais elle connaît d'avance la réponse qu'elle susciterait : ces hommes la dévisageraient, moqueraient sa prise de parole et balayeraient d'un revers de la main son intervention, la reléguant à la place qu'elle se doit de garder. Les esprits les plus fiers ne veulent pas qu'on vienne les ébranler -- surtout pas une femme. Ces hommes-là n'estiment les femmes que lorsque leur plastique est à leur goût. Quant à celles capables de nuire à leur virilité, ils se moquent d'elles, ou mieux encore, s'en débarrassent." (Pages 36-37)
Notre chronique
Un premier ouvrage remarquable, sans temps mort. Un témoignage de la condition féminine du XIXeme siècle et de la peur d'être internée au moindre faux pas. À la Salpêtrière sont enfermées (sans grand espoir d'en sortir un jour) des femmes et jeunes filles de conditions très diverses : de la bourgeoisie (parce qu'elles dérangent, font honte à leur famille, à cause du "qu'en dira-t-on", comme Eugénie qui est contactée par les défunts), les hystériques (terme bien pratique pour englober tout ce qui n'a pas de nom, pour se débarrasser d'une parente gênante, que l'on a par exemple violée... comme la jeune Louise de seize ans molestée par son propre oncle et rejetée par sa tante au courant des faits, comble de malheur), les femmes de la rue (dont Geneviève qui a tenté de tuer l'homme qui la faisait se prostituer).
Chaque année, une espèce de stupéfiante parade est organisée, une foire aux folles (certaines le sont, oui, mais pourquoi ?) qui serait impensable aujourd'hui. Mais c'est aussi le temps des visites aux "monstres" de foire, des indigènes que l'on regarde plus comme des bêtes curieuses que comme des êtres humains, des petites bonnes chassées parce que les maîtres ont abusé d'elles, des filles-mères jetées à la rue, des bals où la bonne société s'encanaille à peu de frais. Dans la logique d'un univers hypocrite et cruel, qui plus est conçu par l'homme et pour lui. Dans le louable souci de les ramener dans un monde dont on leur a interdit l'accès, par pur égoïsme ou souci des convenances.
Des portraits acérés de femmes hors du commun, et pourtant ordinaires, écrasées par une société bien pensante, empreinte de morale religieuse (où compassion, charité et même respect de la personne n'ont guère leur place !), dans laquelle l'homme (le père, le mari) est tout puissant vis à vis de sa femme, de ses filles, de ses sœurs célibataires. Des femmes qui, malgré tout, se battent et vont pouvoir (en tout cas au moins l'une d'entre elles) mener une vie aboutie grâce à l'aide inattendue d'une femme également touchée par le drame, qui saura évoluer, remettre en question sa vision de la société. Un texte magnifique lu d'une traite.
En conclusion
"Ces gens qui l'ont jugée, qui m'ont jugée moi... leur jugement réside dans leur conviction. La foi inébranlable en une idée mène aux préjugés. T'ai-je dit combien je me sentais sereine, depuis que je doute ? Oui, il ne faut pas avoir de convictions : Il faut pouvoir douter, de tout, des choses, de soi-même."
Une hallucinante descente dans un enfer bien réel, qui même s'il appartient à une époque précise, nous fait brutalement réfléchir à la condition faite aux femmes à toutes les époques y compris la nôtre. Qui fera aussi écho à toutes les situations, passées ou présentes, où l'on cache, exclut, essaie d'anéantir tout ce qui risquerait de troubler l'ordre dominant établi...
Pour aller plus loin
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Gabriel et Marie-Hélène.