Quel lecteur suis-je ?
En effet, commençons par-là : je suis avant tout un lecteur-voyage…
C’est-à-dire quelqu’un qui considère le livre comme un ami qui nous invite
au voyage, à moi de partir en suivant le chemin des mots proposés ou non, à
moi de choisir mon moment en ouvrant la porte sur une ambiance, des images,
un univers en fait qui m’offre le plaisir du partir. Peut-être pour le
plaisir de mieux revenir… en moi-même.
J’ai découvert la magie du « transport immobile », de la création d’un
univers par les mots tout d’abord avec J. Prévert, « Paroles », il y a
longtemps à l’école, à travers ses « peintures littéraires » qui m’ont
touché, et je me suis dit : « c’est fou la force de la poésie cultivée
dans un terreau de simplicité, ce regard humaniste dans les actes simples
des gens qui prennent le temps de conscience nécessaire à tout ce qui nous
entoure ! » Enfin, c’est mon explication du moment ! Quand j’étais jeune,
je ressentais cela puissamment certes, mais sans vraiment l’analyser. C’est
certainement cette émotion d’alors qui, sans prise de tête, m’a fait aimer
les mots, leurs jeux et leur musique, la construction des images grâce à
eux ainsi que la vie d’une histoire.
Plus tard, j’ai suivi une filière littéraire en m’intéressant aux sillages
des philosophes étudiés jusqu’en classe terminale, avec un appétit qui m’a
presque surpris moi-même. J’écrivais alors des petites nouvelles dans mon
coin, à l’abri des jugements de mon entourage proche, par pudeur, comme on
consigne des soldats de plomb dans une boîte au fond de l’armoire pour
préserver un bout d’enfance… La vie nous apprend à nous protéger ou à
nous évader chacun à sa manière, moi, c’était l’écriture qui me permettait
d’exprimer mes émotions, ma vision du monde.
Et puis je me suis impliqué dans divers clubs et associations d’écriture et
de communication, en participant à des journaux estudiantins par des
chroniques et des articles divers.
J’ai écrit ensuite pour mes proches, amis et collègues ; des poèmes, puis
des contes et nouvelles pour enfants. J’aime écrire pour eux. Les enfants
ne sont pollués que par la perte du désir de voyage décomplexé des grands.
Cette absence d’Extraordinaire qui assombrit parfois leur regard. Alors, je
me suis amusé à rester attentif à leur attente pour déceler le moment de
douce dérive qu’ils nous livrent. Exercice difficile, mais enrichissant.
Encouragé par des retours enthousiastes avec des « encore » pour m’adapter
aux histoires de vie des uns et des autres, j’ai souhaité aller plus loin
pour davantage partager et j’ai cherché à me faire publier ; véritable
parcours du combattant après avoir tourné en autoédition. J’ai vécu une
première expérience d’édition avec les éditions Edilivre Paris pour «
Chat-balai » en 2019 ; recueil de poésie/réflexions poétiques sur les petits
actes de la vie quotidienne, en particulier : la thérapie du balai.
Ensuite, ce fut une rencontre avec une directrice de collection « Saute Mouton »
lors d’un salon du livre, un contact, un suivi. J’ai ainsi été
accueilli chez Ex Aequo ; éditeur dynamique et bienveillant, qui m’a
encouragé et porté, à travers des conseils avisés et des chroniques
positives (dont la vôtre), sur : « Le voyage d’un chat » roman jeunesse en
2019. Puis « le gardien des saisons » fantasy/jeune adulte en 2020, «
Mémoire de glace » thriller d’anticipation tout public en 2021.
Aujourd’hui « Les mots en bandoulière » ; recueil de 15 histoires courtes
pour enfants (7/11 ans) à lire ou à se faire raconter par les grands dans un
souci d’interaction, afin de jouer avec les personnages en animant les
dialogues, en expliquant les situations où se cache chaque fois une morale
dans l’humour.
Je ne pense pas avoir vraiment de rituel pour écrire, ou alors je ne m’en
rends pas compte. Si j’ai toujours un petit carnet à proximité pour
consigner des instantanés de vie, c’est le moment qui me choisit. Certes,
être solitaire est un état nécessaire pour être surpris par l’inspiration.
Je dois avouer que celle-ci me vient souvent avec la présence d’un chat.
J’ai toujours eu un chat près de moi et il devance souvent mon entrée dans
la bulle de l’Auteur. J’en ai déduit qu’il fallait peut-être que
j’apprivoise son errance ou mieux son instant. Ce que j’appelle «
l’instant-chat »… La saison la plus propice étant l’automne, sans doute
grâce à la langueur ambiante, à la lenteur des cycles naturels. J’ai alors
l’habitude de partir en promenade seul, marcher lentement pour ressentir et
lâcher prise. Comme une pratique de méditation qui précède une grande
curiosité, laquelle me mettra en condition de fouiller, me documenter,
apprendre afin de traiter le sujet d’écriture du moment. Lorsque je suis
devant ma page avec mes mots en bandoulière, il faut que cela fasse comme
un film que je regarde avant d’écrire l’histoire. C’est peut-être déroutant
dans ce sens, a priori, mais c’est là mon état. Le travail de construction,
de synthèse, de « produit fini » n’en est que plus intéressant pour moi
après.
Mes influences sont diverses, mais retentissantes aujourd’hui, je
citerais : Aristote, J. Verne, E. Rostand, R. Barjavel, J. Prévert, G.
Musso, D. Gabaldon, F. Roche, N. Vannier, M. Levy, R. Khoury, P. Coelho,
Kh. Gibran, Ph. Delerm, L. Gounelle, M. Pagnol, D. Brown, J.C. Rufin, J.
London, F. Thilliez. Y. Queffelec, E. Fouassier…
Cela peut paraître hétéroclite, mais me ressemble quelque part. Je retrouve
le goût du voyage, de la découverte et de l’improbable, la richesse des
mots, du mouvement de la pensée, moi qui ai beaucoup voyagé jusqu’alors.
Les auteurs de romans en général me plaisent, les romans mêlant fiction et
réalité, conjuguant vision humaniste et humour sur la société. Les épopées
historiques ou même d’anticipation, les récits de voyages avec une pointe
de surnaturel, les aventures avec action et suspens, les thrillers qui
questionnent sur la condition humaine, les orientations sociétales...
Mon plus grand bonheur littéraire est moins le volume des ventes que la
reconnaissance des lecteurs. Si cela va souvent de pair, je peux dire avec
humilité que j’éprouve grande joie lorsque je discute de retours de
lectures avec un inconnu, en direct (salons) ou à travers « la toile » sur
ce qui a plu, le ressenti, le vécu émotionnel du voyage. C’est constructif…
J’ajouterai le grand bonheur d’Être dans l’instant d’écrire, de soigner la
musique des mots, le rythme des phrases, la respiration de l’histoire.
Alors je me sens vivant, éveillé, utile. Cela est en soi précieux, car il
peut être fragile, en tout cas furtif dans notre tourbillon de vie.
Je me prépare à enfanter une suite pour « Mémoire de glace » sur un
encouragement de la directrice de collection « Atlantéîs » chez Ex Aequo
qui a bien aimé le premier tome. J’avais pris soin en effet d’ouvrir la fin
de ce roman au libre déroulé du film dans l’esprit du lecteur. Je ne quitte
pas « l’enfant », je l’aide à grandir en voyageant toujours et encore. Sauf
que le monde évolue, que nous lui appartenons et non l’inverse.
Le mot de la fin ?! (Quel mot ? Puisque la fin de quelque chose est
toujours le début d’autre chose…)
La langue française est fantastique (j’allais dire enfant-astique), elle
livre et délivre avec ses chemins de sens différents et d’essences
troublantes pour y piocher les émotions. Gardons-nous d’en rester maître
nous en serons que plus authentiques !
Vous trouverez des chroniques sur mes ouvrages publiés sur Babelio.
Mon site F.B : christophe blade auteur.
Notre chronique :
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