Description de l'éditeur
Espagne, années 1930. Des paysans s’éreintent dans les rizières du delta de l’Èbre pour le compte de l’impitoyable Marquise. Parmi eux grandit Toya, gamine ensauvagée qui connaît les parages comme sa poche. Mais le pays gronde, partout la lutte pour l’émancipation sociale fait rage. Jusqu’à gagner ce bout de terre que la Guerre civile s’apprête à faire basculer.
De son écriture habitée par la sensualité de la nature, Laurine Roux nous conte, dans L’Autre Moitié du monde, l’épopée d’une adolescente, d’un pays, d’une époque où l’espoir fou croise les désenchantements les plus féroces. Une histoire d’amour, de haine et de mort.
Notre chronique
« Derrière chaque bouquet au bord de la route se tient un fantôme. Sa silhouette flotte en lisière, vie brumeuse dont on ne saura rien, à peine les derniers instants. Le reste, on peut uniquement l’imaginer: une maison non loin, quel » qu’un resté seul, une toile cirée avec des motifs, longtemps on a mis une assiette en trop. Chaque fois les mains ont frémi. Cela fait cet effet de toucher l’absence. »
Comme les deux autres livres de Laurine Roux, L’autre moitié du monde est un récit d’une grande profondeur, superbement et poétiquement écrit, avec juste ce qu’il faut de jolis néologismes. Ce texte est avant tout un cri, le cri des laissés-pour-compte, des petites mains, de ceux qui travaillent la terre et n’obtiennent que quelques miettes, qui ne vivent pas, mais survivent, et dont les maîtres font ce qu’ils veulent, impunément… jusqu’au jour où les passions se déchaînent et où le vent de la rébellion se lève.
« Pourquoi n’auraient-ils pas droit, eux aussi, à un sort meilleur ? Quitte à donner un coup de fusil. Le soir, fourbissant leur rage, ils peinent à trouver le sommeil. Et le lendemain, la colère surgit au moment où ils s’y attendent le moins, devant le café noyé dans l’eau, ou au champ, quand ils se cassent le dos. »
Roman historique, roman d’amour, hymne à la nature et à l’égalité, en plus de la liberté, L’autre moitié du monde est effroyable de vérité, terrible, mais surtout d’une beauté sans borne et un superbe hommage au pouvoir de la musique (que les dictatures attaquent souvent tout naturellement en premier...). Il nous rappelle la rage, la résignation, l’amertume, la frustration des exploités des Raisins de la colère quand elles se transforment en folles et légitimes espérances et en vagues de révolte, et tant d’autres combats acharnés pour arracher un peu de dignité et de justice.
Le titre nous rappelle L’autre moitié du soleil dans lequel Chimamanda Ngozi Adichie, comme l’auteure, nous donne à voir comment l’Histoire bouleverse des vies, qui nous parle aussi de conflit, de mort et d’amour. Une tragédie (qui aboutira à une plus grande encore dans la répression féroce et la mise en place d’une dictature interminable) au goût âpre de vengeance et aux échos encore tellement actuels. Et qui nous donne à réfléchir comme la phrase de Rabelais : « La moitié du monde ne sait comment l’autre vit. ».
Pour aller plus loin
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Gabriel et Marie-Hélène.