09 janvier 2019

Les acteurs de la littérature ! Découvrez Brian Merrant, graphiste.

Pourrais-tu nous parler des études de graphisme, stp ?
Ce serait compliqué parce que je n’ai pas fait d’études dédiées spécifiquement à ce domaine ! En revanche, j’ai une licence professionnelle « Métiers de l’édition » avec la spécialité édition, ce qui m’a permis de toucher aux outils de graphisme tels que Photoshop et Illustrator, mais aussi au maquettage avec InDesign. Nous avions un cours de création graphique dans lequel je m’ennuyais profondément puisqu’il était question de… collages. Découper des images dans des catalogues ou des magazines, et les assembler ensuite pour créer quelque chose qui devait répondre à une interrogation, par exemple « Pour vous, qu’est-ce que la littérature ? ». Autant dire que je n’ai pas accroché, et que ça s’est remarqué 😊
Plus tard, j’ai été formé à la suite Adobe CC pour intégrer une équipe de rédacteurs techniques et PAO. Là, c’était déjà plus intéressant, plus technique. Nous sommes repartis des bases avec la découverte des logiciels, mais aussi le travail de designer en agence de publicité. C’était très intéressant de voir le travail de professionnels pour s’en inspirer et comprendre comment créer un visuel qui parle. L’image est très importante en communication et elle répond à des codes parfois subtils qu’il faut connaître et apprendre à maîtriser. Cette formation a été très efficace en ce sens. Ma dernière formation était par correspondance, cette fois dédiée davantage à la maîtrise de la technique.
Pour résumer, je dirais que ce parcours s’attache à faire découvrir le monde de l’image, sa perception par le public et le choix d’une stratégie visuelle en fonction du public visé. On apprend bien sûr la technique, les logiciels… et on développe sa créativité en étudiant ce qui existe et en effectuant des travaux pratiques. Il me semble qu’il existe des formations, BTS/DUT et licences, dédiées à ces métiers. Elles doivent alors proposer des plaquettes qui explicitent le déroulement des cours. Pour ma part, je ne serai pas un bon exemple niveau cursus, alors j’invite celles et ceux qui s’y intéressent à se rapprocher d’une école qui propose ces diplômes. Ce sera beaucoup plus précis !

Que préfères tu dans le métier de graphiste ?
Avoir un résultat final en tête et réussir à l’atteindre, c’est une satisfaction personnelle. J’aime bien me dire « Je veux arriver à ce rendu » et après plusieurs jours de travail me dire « Voilà, c’est ça que je voulais. » L’utilisation d’outils et de logiciels pour créer quelque chose d’abstrait, je ne saurais pas expliquer pourquoi mais ça me plaît bien.
Mais le plus gratifiant reste la joie de l’auteur qui découvre le visuel de son ouvrage… Même si, passée la découverte, il reste souvent des ajustements à faire en fonction des envies de l’auteur, la surprise fait toujours énormément plaisir. Il y a ce côté « travail d’équipe » qui atténue un peu la technique et fait place à l’humain, ce qui est une vraie bouffée d’oxygène après avoir passé 8 heures seul devant son écran…

Comment choisis-tu tes projets ?
Avec les Éditons Nouvelle Bibliothèque je ne choisis pas les projets puisqu’ils s’imposent en fonction des choix éditoriaux.
Pour ce qui est des ouvrages indépendants ou autres, ma première règle est de n’accepter un projet que s’il me parle, si je sais que je peux répondre à l’attente de l’auteur. Par exemple, mais ce n’est pas exhaustif, je ne travaille pas les textes de bit-lit ou érotiques. Ce ne sont pas des genres qui m’intéressent, et comme je me refuse à bâcler un visuel parce qu’il ne m’inspire rien, je préfère refuser et orienter l’auteur vers un collègue susceptible d’être plus à même de fournir un travail de qualité.
Il y a aussi la question du planning surchargé, mais ça ne s’est pas encore produit.

Beaucoup d'auteurs te contactent pour leur couverture, des maisons d'édition ?
Les ENB me sollicitent pour chacun de leurs ouvrages, ce qui représente un travail conséquent, je n’ai pas à me plaindre ! Quelques auteurs indés m’ont aussi contacté, certains projets sont à l’étude… Il y a aussi « mes auteurs » fidèles qui m’ont fait confiance et souhaitent continuer, par exemple Albane Mondétour et Frédéric Brusson.
Cela étant, je ne serais pas contre travailler avec Le Bélial’, mais Aurélien Police fait de l’excellent travail, alors… on va dire que c’est râpé !

Quel est le projet dont tu es le plus fier ?
Il y en a tellement ! Mais j’en citerai deux, pour deux raisons différentes. « Ukiak, héros de guerre » parce qu’il est destiné à la jeunesse et que les jeunes du comité de sélection ENB ont été unanimement très enthousiastes en découvrant la couverture. C’est donc rassurant…


Et les deux derniers d’Albane Mondétour (« Pour une vie » et « La Dette ») parce que ce qui était attendu m’a poussé à découvrir de nouvelles techniques de création. J’étais donc fier de m’être formé, et que le résultat plaise autant à son auteure.




Aurais-tu des conseils pour les jeunes graphistes ou futurs graphistes stp ?
Crois en tes rêves… Ah pardon, on n’est pas dans un Disney 😊
Je ne pense pas avoir encore assez d’expérience ni la légitimité suffisante pour donner des conseils, alors je dirais juste… Bossez, faites-vous plaisir ! C’est un métier passionnant qui fait toucher à tout et rencontrer du monde : lecteurs, auteurs, éditeurs, chroniqueurs… On pourrait craindre que ce soit un job solitaire, mais pas tant que ça, il y a des échanges fréquents avec tous ces acteurs de la chaîne du livre. On apprend vraiment beaucoup des autres et de leurs expériences, c’est très enrichissant humainement et techniquement.
Aussi, et c’est le cas pour mes collègues graphistes/illustrateurs, on m’a sollicité sur des travaux parce qu’on a repéré ma « patte. » C’est flatteur, mais ça signifie surtout qu’il ne faut pas chercher à copier les autres, trop se conformer à des règles, se brider ou s’empêcher de s’exprimer. C’est vraiment l’originalité, le caractère et la personnalité d’un univers qui fait qu’on favorisa tel ou tel illustrateur. Alors il faut rester soi-même, parce qu’un auteur viendra vous voir en disant « J’ai vu ce que tu as fait pour untel, ça me plaît beaucoup, j’aimerais te proposer mon projet… »
Il ne faut pas non plus oublier que la technologie évolue et nos logiciels avec elle, donc c’est absolument nécessaire de continuer de se former pour ne pas s’encroûter. Aussi, garder un œil sur ce que propose la concurrence… Je suis très récemment passé d’Illustrator à Affinity Designer pour le dessin vectoriel, pour des raisons de coûts et d’utilisation du logiciel. Donc même si beaucoup ne jurent que par Adobe (ce qui est mon cas pour Photoshop), il peut être judicieux de tester plusieurs outils avant d’acquérir une licence et de choisir le logiciel adapté à ses besoins.
Et ne pas se refuser un petit challenge de temps en temps, ça permet d’apprendre de nouvelles choses.
Bon, finalement j’ai donné quelques conseils… Quel bavard, ce mec !

Pourrais-tu partager avec nous des anecdotes sur ton métier de graphiste ?
Le jour où j’ai comparé mon travail actuel avec certains visuels faits il y a plus d’un an… et que je me suis dit « Oh, bah, c’était vraiment pas beau ! » Heureusement ils n’ont pas été retenus…
Il m’est arrivé de ne pas comprendre pourquoi tel ou tel outil ne fonctionnait subitement plus sur Photoshop. Alors hop, petite crise de panique, fermeture, réouverture, redémarrage du PC… Sans résultat… Pour me rendre compte une heure après que le clavier avait basculé en anglais. Forcément, tout s’explique d’un coup…
Dernière petite anecdote : je poste parfois certains artworks sur un forum dédié à Photoshop et à la photo. C’est un forum où l’on poste pour demander des critiques constructives ou simplement pour faire découvrir son travail. Et c’est toujours amusant quand quelqu’un déboule en ordonnant « Fais un tutoriel pour dire comment tu as fait ça » ou « Fais la même chose pour moi ! »

Comment t'y prends-tu pour faire une couverture de livre : as-tu besoin de le lire d'abord ?
Pour les ENB, je lis les comptes-rendus du comité de lecture, les avis, les ressentis des lecteurs, tout ça m’aide à saisir le texte et à m’en imprégner, ça me donne des idées d’atmosphères, d’ambiances. L’équipe éditoriale peut également me proposer des pistes. Comme j’ai aussi accès aux textes et aux résumés, si besoin parce que je bloque, je peux piocher dedans. Il y a ensuite le contact avec l’auteur qui permet d’affiner le rendu en fonction de ses attentes.
Avec les auteurs indépendants, je leur demande de quoi parle leur ouvrage : résumé, personnages, intrigue… Puis une série de questions qui me permettent d’avoir une idée du rendu final, en sachant qu’au départ les auteurs ont déjà une idée de ce qu’ils souhaitent. Il n’y a généralement pas besoin de lire l’ouvrage entier pour savoir où aller, l’auteur le sait très bien. Il suffit de poser les questions utiles et d’être à l’écoute des attentes.

Le mot de la fin ?
Antépénultième (ce qui n’est donc pas tout à fait le mot de la fin)

Merci infiniment cher Brian !

2 commentaires:

  1. Et en plus, il écrit, et des textes assez poétiques, entre autres

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Gabriel et Marie-Hélène.