Chronique : La trilogie psychiatrique James Osmont, aux Éditions Nouvelle Bibliothèque. Concours terminé.

Résumé de l'éditeur

Aucun d'eux ne l'a choisi. Certains l'ont subi ou provoqué, lui ont prêté allégeance, y ont finalement pris goût... Mais le Mal, solitaire et tout-puissant, trace sa route et anime ses pantins. Desseins mystérieux, atours inattendus, voies impénétrables ; il rôde et patiente dans le noir. Tant et tant, il tente et torture, sème la mort et le désarroi, se joue bruyamment de la condition des Hommes, de leurs faiblesses et de leurs bas instincts. Regis, Sandrine, Dolores, et tous les autres, se débattent, s'y noient... Ou bien s'en libéreront-ils, peut-être ? Et quel sera alors le prix à payer pour des âmes turbulentes, égarées dans ce grand bal fou ? 

L'auteur

James Osmont, 36 ans, originaire de Brest en Bretagne, je suis auteur-photographe depuis plusieurs années, je montre régulièrement mon travail dans le cadre d'expositions depuis 2013.

J'exerce par ailleurs la profession d'infirmier en psychiatrie, domaine méconnu, tourmenté et profondément humain, souvent caricaturé ou abordé superficiellement en littérature, à grands renforts d'archétypes...

L'écriture m'accompagne depuis longtemps, ayant animé un fanzine musical pendant plus de 10 ans.

En 2016, j'ai publié deux premiers romans, "Regis" puis "Sandrine", des œuvres de fiction mêlées de drame et de suspense, de violence et de poésie... En février 2017, "Regis" a remporté le prix littéraire LES PETITS MOTS DE LIBRAIRES dans la catégorie "découverte polar/thriller". Tandis que "Dolores", le tome 3, a vu le jour en juillet 2017, toujours en auto-édition.

A l'automne, le soutien du public m'a placé en finale de plusieurs concours d'écriture (Nolim et Écrire Au Féminin, Trophée Anonym'Us...). "Regis" a également remporté le prix Marque-Page du salon noir de Plaine-Haute 2018. "La trilogie Psychiatrique" s'est classée deuxième du prix Indés Awards, catégorie thriller/noir. 

Interview 

Quand as-tu commencé à écrire ?

C'est difficile à dire précisément... J'ai toujours aimé ça, même à l'école, hors de question de prendre le commentaire de texte, toujours la dissertation ! En réalité, j'ai surtout commencé à mettre des mots sur des ressentis en chroniquant de la musique, les vinyles paternels puis au sein d'un fanzine pendant plus de dix ans. C'est encore un processus que je réalise chaque jour dans le cadre de mon métier en psychiatrie : je reçois toute la journée des gens en souffrance, des situations variées et plutôt noires dont je dois ensuite rédiger un compte rendu, une analyse qui mêle synthèse, empathie et sens clinique. C'est très riche humainement parlant, douze ans plus tard, c'est quelque chose que j'aime toujours autant... Concernant la fiction, c'est venu plus progressivement, après une période d'intense activité photographique. Au fil des expositions (une quinzaine en trois ans), un certain travail plutôt abstrait, là aussi sur des émotions, j'ai eu ce besoin d'agrémenter les visuels de citations, d'aphorismes puis de paragraphes entiers, non pas explicatifs mais pour ouvrir la réflexion... C'est un processus, on n'arrive pas comme ça à assumer le dépouillement artistique absolu que représente l'écriture, encore plus quand on destine cela au public...

Quelles sont tes principales influences ?

La musique, c'est une évidence. Elle baigne mon quotidien, mes contenus de pensées, mes inspirations, mes sentiments contrastés... La nature aussi, j'ai ce goût de l'errance, de la contemplation, de la saisonnalité : une description m'emballera toujours plus qu'un dialogue, et je sais que les lecteurs se divisent parfois sur cette question... La folie, en tout cas concernant « La Trilogie Psychiatrique », les travers humains, les choses enfouies, secrètes, indicibles... Ensuite, j'ai été un lecteur plutôt classique toute mon enfance, Balzac, Hugo, Zola, puis Leblanc, Conan Doyle, Simenon qui m'ont amené vers le roman noir et policier. J'ai eu aussi une longue période fantastique/SF, et je trouve encore aujourd'hui que c'est un genre un peu méprisé par les critiques littéraires alors qu'on y trouve des pépites comme Simmons ou Moorcock, même pour Stephen King, ce sont ses romans fantastiques que je préfère...

Quel a été ton plus grand bonheur littéraire ?

Pour reprendre certains que j'ai cités plus haut, je dirais : « Germinal », « Les Cantos d'Hyperion » et la saga du « Pistolero », chacun à part égale... D'ailleurs, je crois qu'il ne faut pas trop expliquer pourquoi, cette alchimie, cette connexion, dans des genres si divers, c'est très éclairant sur ce que nous sommes, nous aussi lecteurs, dans notre pluralité, notre curiosité intellectuelle. À ce sujet, je ne comprends pas vraiment ceux qui s'enferment compulsivement dans un genre unique...

Qu’est-ce que tu préfères dans ton métier d’écrivain ? Quelles facettes te plaisent le plus ? Te déplaisent ?

Une certaine exaltation, comme un effort physique, il y a quelque chose d'éprouvant mais de très gratifiant aussi dans cet accomplissement-là... Parfois juste pour une phrase – en exagérant un peu – qui t'aura pris la journée...

Il y a un processus presque chimique, une sublimation, quand les idées passent à l'état de mots, puis en bout de processus, à un paragraphe ou une page aboutie d'un point de vue littéraire, avec l'idée force, conductrice qui résonne, palpite encore, fait sens avec ce que tu avais initialement en tête...

Déplaisant ? Bah, c'est une telle exigence personnelle... Comme tout ce qui habite jusqu'à obséder voire, ronger, il y a des aspects « déplaisants » bien sûr...

Pourquoi une trilogie ?

Oh ça n'était pas calculé du tout. Même s'il n'y pas vraiment de rapport, Regis, le tome 1, est né en réaction aux attentats du 13 novembre 2015. Une semaine après je commençais à écrire. Cette émotion-là, collective et personnelle, a impulsé quelque chose de créatif en moi. J'y ai mis beaucoup de moi-même, un peu naïvement, excessivement... Je n'avais pas en tête d'écrire une suite à ce moment-là. J'étais épuisé après l'avoir bouclé... Puis l'accueil très passionné des lecteurs pour cet objet littéraire mal identifié, atypique (sûrement le terme qui est le plus souvent revenu), m'a encouragé, peut-être décomplexé aussi, et les deux tomes suivants – Sandrine et Dolores – sont venus beaucoup plus naturellement. Comme il en va je crois des grossesses successives... Aujourd'hui, sortir une intégrale c'est plus qu'un aspect collector, une démarche de cohérence artistique parce qu'il me paraît évident que ce « cycle » constitue une seule et même expérience de lecture, y compris les textes additionnels en forme de « spin off ».

Un mot de la fin ?

Restez curieux, ayez le goût de la découverte et de la prise de risque, quitte à être déçu ou insensible peut-être, mais au moins surpris... Surpris par vous-même déjà, d'avoir osé sortir d'une certaine zone de confort ou d'une forme de consumérisme dans lequel on tombe parfois dans son rapport à l'objet-livre, moi le premier !... Et puis parlez-en, car sans bouche à oreille, pas d'auteurs émergents !

Un des dessins originaux que Laurent Fièvre a créés pour agrémenter cette édition intégrale (une douzaine au total) :

ANECDOTES 

Il y aurait tant à dire de ces voyages intérieurs, de ces projections, de ces mouvements contradictoires qui se sont produits en moi tout au long de ces deux ans d'écriture. C'est particulier puisqu'il s'agit d'une œuvre en trois étapes, et que j'ai forcément évolué moi aussi, personnellement, au gré des parutions, de leur succès, du stress et de l'exigence de garder le cap tout me renouvelant, des attentes du public aussi...

J'aimerais citer les recherches étymologiques sur les noms des personnages, et inciter le lecteur à aller lui-même y chercher du sens, des niveaux de lecture différents ; j'aimerais citer l'omniprésence de la musique et là aussi inciter le lecteur à jouer le jeu de cette immersion sensorielle globale (via la bande-son) dans l'état d'esprit de ces personnages torturés...

On aime souvent à cloisonner les sentiments, les émotions, les horizons. Pour moi, c'est un spectre unique, un prisme autour duquel on tourne toute sa vie, qui transcende les media (peinture, poésie, musique, écriture, photographie, cinéma...). Mes romans sont par nature clivants et pas destinés à plaire à tous, mais ils opèrent un genre de sélection naturelle : seuls les curieux resteront, y compris certains qui ne seront pas sûrs d'avoir aimé... On a ainsi les lecteurs que l'on mérite et c'est l'occasion, ici, de remercier encore une fois tous ceux qui se sont intéressés à ma démarche.

Notre chronique

Une chronique en trois parties pour une trilogie coup de poing !

Ce roman est un véritable tour de force. Préparez-vous à plonger dans un univers unique.

Une trilogie abyssale… trois romans, des nouvelles en bonus qui éclairent les personnages, les liens qu’ils entretiennent et complètent merveilleusement bien ce texte d’une beauté rare, malgré le sujet difficile, traité délicatement, en finesse, celui de la folie. La folie sous toutes ses facettes, en fil conducteur : la folie des schizophrènes, mais aussi celle, moins extrême (parfois) mais tout aussi dangereuse, de tous les jours, celle des enfants délaissés, des familles dysfonctionnelles, des attentats, de la montée des extrémismes, des non-choix environnementaux, de l’abandon, du manque d’amour, de la détresse extrême… Cet ouvrage, à l’écriture ciselée, vraie et poétique, exprime avant tout la déshumanisation et la détresse des patients comme celle des soignants et nous montre à quel point la différence entre les uns et les autres peut, éventuellement, être limitée, et qu’ainsi l’on peut se retrouver de l’autre côté du miroir, à force de frustrations et de solitude, ce mal parmi les maux.

Trois livres en un, trois livres qui s’interpénètrent, s’imbriquent et s’éclairent, tour à tour, dans une alternance de points de vue, de coups de projecteurs, passionnante, qui nous fait voyager (au secours) au plus profond de la noirceur de l’âme humaine. Une étude du Mal sous toutes ses formes et surtout de ses causes, de sa naissance. Un cri. Puissant. Celui de ceux qui n’ont pas voix au chapitre, les délaissés, laissés pour compte, les enfermés…
Les personnages, réalistes et crédibles, nous touchent et nous interpellent. Tous ou presque sont rongés par un passé qui les annihile, indéniablement, ou par une culpabilité qui ronge et fait passer de l’autre côté du miroir tels des Alice modernes. Des vies gâchées…

Un ouvrage parsemé d’art sous toutes ses formes : illustré par les superbes et effrayantes peintures de Laurent Fièvre, par la musique, omniprésente, entêtante, noire, engendrant comportements atypiques et questionnements. Un tout au service de la dénonciation. Des extraits de penseurs et auteurs servent admirablement le texte. Métaphores, allitérations, personnifications, références christiques... Un style parfois sombre, direct, froid, à l’aune du sujet traité, implacable, cru. Une œuvre en symétrie, un ballet surréaliste sur la différence et la difficulté d’exister face au mépris, à la solitude, à l’ingratitude, l’incompréhension, l’impuissance, la misère, face aux manques de toutes sortes.

« Mais du sens, Régis en prospectait, en incubait, en trouvait dans les mots, parfois. »

Annexes

Un épilogue sous forme de mise en abyme avec des extraits de l’un des livres de la trilogie, un clin d’œil à Brian Merrant.

Un ouvrage que j’ai lu en même temps que je relisais Death of a salesman d’Arthur Miller que j’enseigne en ce moment en terminale. Des allers-retours entre ces deux textes sur la folie, deux textes qui s’éclairent tour à tour ! Des textes sur la réalité et l’illusion, sur l’illusion de la stabilité, sur « la vie en morceaux ». Deux textes dans lesquels l’hubris des personnages, Willy Loman dans Death of a salesman, celle de la plupart des personnages de la trilogie (en particulier l’Anar et Léonard) cause leur perte et leur aliénation.

Une trilogie magistrale, qui n’a rien de manichéen, qui vous fera réfléchir sur toutes les questions de notre époque, qui vous emportera dans vos retranchements les plus intimes, qui vous touchera comme peu de livres l’ont fait et qui vous laissera seul, finalement KO.
Une ode (étrangement) à la liberté, à l’absurdité, à l’Humanité, dans un monde particulièrement violent. Un ouvrage qui ne tombe jamais dans le pathos avec un savant dosage de réalisme et de violence sur autrui et sur soi-même. Un engrenage, un sens du destin, un livre, en conclusion, implacable !

Si vous avez aimé cette chronique et avez envie de gagner un collector unique en son genre, jouez pour tenter de remporter la nouvelle « Encrage » copiée de la main par son auteur, agrémentée d’une dédicace.

Pour cela, il vous suffit de 

* suivre la page Facebook de James Osmont,

* notre page auteurs/chroniqueurs (et si vous le souhaitez, n’hésitez pas à recommander et évaluer la page)

* ajouter un petit commentaire sous ce billet qui nous indique que vous jouez (en n'oubliant pas d'indiquer votre nom, les "anonymes" ne peuvent pas jouer !)
le tout avant le 9 mars 2019.

Version intégrale augmentée

Nombreux bonus :

·         Un chapitre supplémentaire dans Régis,

·         8 nouvelles en forme de spin off,

·         QR code pour accéder aux playlists,

·         Illustrations totalement inédites de Laurent fièvre

Pour aller plus loin

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Interview dans le cadre de la sélection pour le prix du Concierge Masqué2017 

Interview dans le cadre du Trophée Anonym'Us 2018

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