15 octobre 2021

Chronique littéraire : Les orageuses de Marcia Burnier (éditions Cambourakis).


Description de l’éditeur

« Depuis qu’elle avait revu Mia, l’histoire de vengeance, non, de “rendre justice”, lui trottait dans la tête. On dit pas vengeance, lui avait dit Mia, c’est pas la même chose, là on se répare, on se rend justice parce que personne d’autre n’est disposé à le faire. Lucie n’avait pas été très convaincue par le choix de mot, mais ça ne changeait pas grand-chose. En écoutant ces récits dans son bureau, son cœur s’emballe, elle aurait envie de crier, de diffuser à toute heure dans le pays un message qui dirait On vous retrouvera. Chacun d’entre vous. On sonnera à vos portes, on viendra à votre travail, chez vos parents, même des années après, même lorsque vous nous aurez oubliées, on sera là et on vous détruira. »

Un premier roman qui dépeint un gang de filles décidant un jour de reprendre comme elles peuvent le contrôle de leur vie.

Notre chronique 

Ce roman, écrit en toute simplicité, nous touche au cœur. Nous entrons dans l’intimité de nos valeureuses protagonistes qui, à la suite d’un viol, tentent, avec difficulté, de se réparer, de reprendre leur vie en main.

L’horreur du viol n’est pas à démontrer, cependant cet ouvrage, fort et puissant, courageux et apaisant, nous en montre les retombées : l’enfer d’accepter ce corps qui répugne à la suite de cette désacralisation, l’enfer des démarches administratives et judiciaires qui transforment presque la victime en coupable (en tout cas remettent en question le crime, la moralité de la victime…), l’impunité de tant de bourreaux, la difficulté de reprendre une vie sereine, ou tout simplement la vie là où l’on en était avant… 

Il y a l’effraction première, qui pulvérise la personnalité, traumatise, fait exploser l’estime de soi et la confiance en l’autre... l’explosion nucléaire. Et puis vient « l’aftermath », les suites, indifférence, incrédulité, incompréhension, scepticisme, aveuglement, déni... voire, au pire, complicité, tacite ou active... 

Absence d’écoute. Absence de soutien. Absence de protection. Absence de réparation. Absence même de prise en compte.

Retournement des culpabilités...

Au cauchemar de départ s’en ajoutent tant d’autres, tous insupportables, parfois pires encore à surmonter.

Quelle divinité bienveillante se penche alors sur ces femmes qui doivent se recomposer, leur insufflant la colère, la vaillance, la rage nécessaires ? Comme sur la couverture de ce très beau roman, terrible, mais passionnant, et absolument pas déprimant, bien au contraire, qui nous livre le ressenti de certaines de ces victimes prêtes à se battre, ainsi que leur combat pour retrouver un minimum de dignité et de justice…

À mettre entre toutes les mains, masculines et féminines ! 

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Gabriel et Marie-Hélène.