27 août 2025

Chronique littéraire : Le Livre perdu d'une pirate de l'Edelweiss de Brianna Labuskes (HarperCollins - 2024).

Présentation de l'éditeur
Après La Bibliothèque des livres brûlés, le nouveau roman historique de Brianna Labuskes.
Allemagne, 1946.
Emmy Clarke est une bibliothécaire, pas un soldat. Et pourtant, elle est envoyée en Allemagne pour aider les Monuments Men à répertorier la littérature pillée par les nazis. Dès son premier jour, elle tombe sur un recueil de poésie de Rainer Maria Rilke, avec sur la page de titre une dédicace…
« À Annelise, ma courageuse pirate de l’Edelweiss. »
Fascinée, Emmy se promet de découvrir l’histoire cachée derrière cette note manuscrite. Ses recherches la conduisent à deux sœurs, à une horrible trahison et à une extraordinaire manifestation contre les nazis, qui s’est tenue à Berlin au plus fort de la guerre.
Près d’une décennie plus tôt, des centaines de femmes se sont en effet rassemblées devant le centre de détention où leurs maris juifs avaient été enfermés par la Gestapo. Malgré la pluie verglaçante et les bombardements de la RAF, elles ont affronté une mort certaine pour faire ce que si peu d’autres ont osé sous le IIIe Reich : dire non.
À travers les fantômes de ces deux mystérieuses sœurs, Emmy découvre une puissante histoire d’amour, de pardon et de courage, qui éclaire même les jours les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale.

Notre chronique
Je sors de cette lecture avec la sensation d’avoir tenu la main à trois femmes face à l’Histoire. En tant qu’enseignante, j’apprécie les romans historiques, qui donnent envie de lire et nous permettent de réfléchir. Ici, tout part d’une dédicace trouvée dans un Rilke :
« À Annelise, ma courageuse pirate de l’Edelweiss… »
Cette phrase ouvre une quête, fragile et tenace, qui entraîne le lecteur vers deux sœurs allemandes séparées par la guerre.
Ce qui me touche avant tout : la place des livres. Le texte défend une idée que je partage avec mes élèves : 
« Les livres nous incitent à nous intéresser à des personnes différentes et nous aident à les comprendre. » 
La littérature crée un terrain commun quand tout divise.
Le roman suit Emmy, bibliothécaire envoyée auprès des Monuments Men en 1946. Sa mission ? Restituer des ouvrages spoliés. Sa devise : 
« Quelle meilleure manière de panser ses blessures que d’aider ces livres à rentrer chez eux ? »
J’ai été touchée par les Pirates de l’Edelweiss, ces jeunes qui refusaient la soumission : 
« Faire ce qui est juste est plus important que ce qu’on risque en le faisant. » 
Leurs destins rappellent la fragilité apparente de l’edelweiss : une fleur belle et délicate, mais qui ne pousse qu’au prix du courage.
La question du pardon est également très importante dans ce roman. 
« Je pense que reconnaître qu’on a fait du mal à quelqu’un est la deuxième chose la plus difficile au monde. 
— Et la première ? 
— Pardonner. » 
L’éthique juive de la techouva donne un cadre exigeant : repentir, réparation, puis absolution possible. 
Cette histoire magnifique m’a rappelé Le Bureau d’éclaircissement des destins.
 En effet le livre de Gaëlle Nohant se concentre sur une autre mission : retrouver des personnes, démêler des vies à partir de dossiers, de lettres, de traces dispersées. Dans les deux romans, une femme se penche sur des existences brisées et redonne une voix à celles et ceux que le fracas a fait taire. Gaëlle Nohant installe une tension plus feutrée, une enquête patiente dans les papiers et la mémoire. Brianna Labuskes ouvre davantage le cadre, avec trois lignes de temps et des héroïnes qui avancent vers la vérité grâce à la lecture, l’amour et au courage.
Ces deux romans se rejoignent sur l’essentiel : comment vivre avec l’ombre, comment transmettre une vérité sans effacer la nuance, comment nommer le mal, et comment le combattre, comment ne pas perdre sa propre humanité… : deux chemins vers une même interrogation morale, l’un par l’archive, l’autre par le livre retrouvé.
Un livre qui sonne juste et que je recommande !

Pour aller plus loin 
Le bureau d'éclaircissement des destins de Gaëlle Nohant (éditions Grasset).
Tout le bruit du Guéliz de Ruben Barrouk (Albin Michel).
L'enfant de Noé d'Eric-Emmanuel Schmitt (Editions Albin Michel).
Violette Erhart dans : Bérénice 34-44 -- Adaptation du roman d'Isabelle Stibbe, Mise en scène de Pierre-Olivier Scotto.

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Gabriel et Marie-Hélène.