06 janvier 2019

Chronique : Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin (Gallimard et folio).

Quatrième de couverture
La grande aventure des Français au Brésil est un des épisodes les plus extraordinaires et les plus méconnus de la Renaissance.
Rouge Brésil raconte l'histoire de deux enfants, Just et Colombe, embarqués de force dans cette expédition pour servir d'interprètes auprès des tribus indiennes. Tout est démesuré dans cette aventure. Le cadre : la baie sauvage de Rio, encore livrée aux jungles et aux Indiens cannibales. Les personnages - et d'abord le chevalier de Villegagnon, chef de cette expédition, nostalgique des croisades, pétri de culture antique, précurseur de Cyrano ou de d'Artagnan. Les événements : le huis clos dramatique de cette France des Tropiques est une répétition générale, avec dix ans d'avance, des guerres de religion.
Fourmillant de portraits, de paysages, d'action, Rouge Brésil écrit dans une langue à l'ironie voltairienne, prend la forme d'un roman d'éducation et d'amour.

Mais plus profondément, à travers les destins et les choix de Just et de Colombe, ce livre met en scène deux conceptions opposées de l'homme et de la nature. Et il fait revivre le monde disparu des Indiens, avec sa cruauté mais aussi son sens de l'harmonie et du sacré, le permanent appel du bonheur...

L'auteur

Jean-Christophe Rufin est ancien directeur d'Action contre la faim, il a été ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie jusqu'en 2010.
Il est l'un des pionniers du mouvement humanitaire Médecins sans frontières.
Jean-Christophe Rufin a consacré plus de vingt ans de sa vie à travailler dans des ONG au Nicaragua, en Afghanistan, aux Philippines, au Rwanda et dans les Balkans. Cette expérience du terrain l'a conduit à examiner le rôle des ONG dans les situations de conflit, notamment dans son premier essai Le Piège humanitaire (1986), un essai sur les enjeux politiques de l'action humanitaire et les paradoxes des mouvements « sans frontières » qui, en aidant les populations, font le jeu des dictateurs, et dans son troisième roman, Les Causes perdues (1999).
Ses romans d'aventures, historiques, politiques, sont de la veine des récits des grands reporters romanciers d'autrefois — Albert Londres, Joseph Kessel, Henry de Monfreid — et des visionnaires comme George Orwell et Ray Bradbury.
"J'ai été déformé dans le sens du visuel. (...) Comme le disait Kundera, il y a deux sortes d'écrivains : l'écrivain musicien et l'écrivain peintre. Moi je suis peintre. (...) Quand on écrit, soit on écoute, soit on voit. On ne peut pas faire les deux en même temps."
En 2001, Jean-Christophe Rufin obtient le Prix Goncourt pour Rouge Brésil après avoir obtenu le Prix Interallié, en 1999, pour Asmara et les causes perdues et le prix Goncourt du premier roman et le prix Méditerranée pour L'Abyssin en 1997.
Jean-Christophe Rufin est élu à l'Académie française le 19 juin 2008.
En 2010, il reçoit la Plume d'Or de la Société des Auteurs Savoyards, présidée par Michel Germain, pour l'ensemble de son œuvre

Notre Chronique 
Un roman d’aventures réaliste et réel, une plongée au cœur de la jungle en plein seizième siècle, une confrontation des cultures, une mise à l’épreuve du mythe du « bon sauvage » développé plus tard par Jean-Jacques Rousseau, en particulier à partir de récits de cette aventure !

Un roman historique sur des événements que nous ne connaissons pas, des aventures palpitantes, des personnages attachants (historiques et inventés), un récit bien au-delà de la fresque historique : philosophique et humaniste.
Les prénoms des protagonistes, Just et Colombe, les prédestinent à vivre de grandes choses et ils ne nous déçoivent pas ! Leur chemin est toutefois semé d’embûches, fait d’exil (de l’Italie à la France puis de la France au Brésil) et ressemble à un parcours initiatique dans lequel ils deviennent tous deux des adultes libres et ouverts d’esprit, dans le contexte oppressant des guerres de religion, de l’absence d’ouverture d’esprit et de condamnation de tout ce qui est différent de la morale chrétienne.
Cette fresque est également un bildungsroman original puisque Colombe doit, pour accompagner son frère au Brésil, se faire passer pour un garçon, Colin.
Un récit passionnant et passionné, un texte d’une beauté pure et magistrale, une grande épopée !

4 commentaires:

Bonjour !
Votre commentaire sera bientôt en ligne.
Merci d'échanger avec nous !
Gabriel et Marie-Hélène.