04 juin 2018

Chronique : L'art de la guerre de Sun Tzu




Mon père a fui les nazis sur la route de ce que l’on a nommé l’Exode en 1940, mon grand-père était brancardier sur le front, mon beau-père est grand invalide de guerre (Algérie) et mon arrière-grand-père était militaire de carrière… Je pourrais continuer cette généalogie sans doute à l’infini. Mais moi, je n’ai jamais connu la guerre.
Cette paix de plus de soixante-dix ans sur le vieux continent est le principal argument des défenseurs de l’Europe. On ne peut pas leur donner tort. Pourtant, partout ailleurs, sur le théâtre du monde, la guerre sévit, endémique. Pour Sun Tzu, elle est un mal. Mais un mal inévitable. Serait-elle, pour parler dans un langage actuel, inscrite dans nos gènes ? La question n’est pas tranchée. Mais si Sun Tzu a raison, alors, il est bon d’avoir de sages conseils en cas de conflit. Autant être préparé au pire ! Mais le traité du célèbre philosophe et stratège a été écrit au cinquième siècle av. J.-C., c’est-à-dire - pour avoir un ordre de datation - qu’il est contemporain de L’Odyssée d’Homère ! Dans ces conditions, n’est-il pas plus une pièce de musée qu’un livre encore réellement utilisable ? Contre toute attente, il se trouve que non, car l’ouvrage de Sun Tzu étudie avant tout le comportement humain. La psychologie y est plus importante que les éléments matériels. Et tout cela n’a pas changé. Les gradés sont-ils compétents ? Le pouvoir prend-il des décisions cohérentes ? Les soldats sont-ils bien traités ? La stratégie est-elle judicieuse ? Sun Tzu est bien conscient que la guerre est mauvaise. Alors il faut aller vite : c’est à dire gagner. On songe à la blitzkrieg, la guerre éclair de Hitler.
En lisant ce petit ouvrage, j’ai tout de suite repensé au merveilleux film de John Woo : Les Trois Royaumes. Il me semble que ce film s’inspire directement du traité de Sun Tzu. On y retrouve, dans une mise en scène fabuleuse, les ruses, les espions, la force du destin, le rôle puissant d’un poète visionnaire, le retournement des situations, les subtilités de la stratégie, l’importance de la maîtrise du temps, etc… Le livre de Sun Tzu n'est donc absolument pas démodé, même s’il traite d’un sujet auquel on souhaiterait - comme l’auteur du reste! - échapper.

Une préface érudite du traducteur complète parfaitement l’ouvrage, ainsi que des illustrations somptueuses de Giuseppe Castiglione.
Bref, la qualité habituelle des éditions Synchronique est au rendez-vous.


Une vidéo de L'Arche pour compléter cette chronique :


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Gabriel et Marie-Hélène.