est née aux États-Unis, a grandi à Alger jusqu’à la guerre civile des années 1990 puis en France. Elle a également vécu en Espagne et à Cuba. Elle a co-fondé la revue poétique La Seiche (2011-2014), publié un livre de poésie en 2014, Tambour-Machine. Laissez-moi vous rejoindre, publié lors de la dernière rentrée littéraire chez Gallimard, est son premier roman.
Bonjour Amina DAMERDJI,
Votre roman, Laissez-moi vous rejoindre, fait partie des huit ouvrages sélectionnés pour le Prix du Premier Roman de la Ville de Limoges. Pourriez-vous nous donner votre ressenti à l'annonce de la sélection ?
Surprise, d’abord, parce que je ne m’y attendais pas. Puis heureuse de voir que le roman continue à rencontrer les lecteurs et lectrices plus de six mois après sa parution. Enfin, honorée de figurer parmi une si belle sélection (j’ai lu plusieurs des romans sélectionnés !).
Êtes-vous une lectrice compulsive ?
Peut-être qu’enfant, mon premier rapport à la lecture a été compulsif, une nécessité de me plonger dans d’autres mondes au moment où nous avons quitté l'Algérie en proie à la guerre civile, et où mon père avait dû rester un temps. Ma grand-mère (qui avait fui quelques mois avant nous et que nous avons rejoint dans son village natal en Bourgogne) s’inquiétait en tout cas du fait que je lisais « trop ». Pour ma part, mes souvenirs de veillées sous l’édredon, avec une lampe torche et un livre, sont très heureux.
Aujourd’hui, la lecture est davantage un mode de vie, une manière d’habiter le monde au carré, de découvrir des voix et des visions singulières, bouleversantes, et bien sûr, une école d'écriture.
Quels sont vos genres littéraires préférés ?
La poésie et le roman. Autrefois, la poésie surtout. En 2011, j'ai co-fondé une revue poétique, La Seiche puis publié en 2015 un livre de poésie, Tambour-Machine, participé à plusieurs festivals de poésie sonore (la découverte de Bernard Heidsieck a été une étape importante dans mon cheminement littéraire). Puis le roman s’est imposé comme forme plus ample et, surtout, narrative. Je crois que j’aime raconter des histoires.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur un(e) auteur(e) que vous appréciez particulièrement ?
Joyce Carol Oates. C’est l’écrivaine à laquelle je ne cesse de revenir (heureusement pour moi, elle est prolifique). Ses romans (aux veines si diverses), ses nouvelles (sublimes), ses journaux, essais. Je suis entrée dans son œuvre par Blonde, un roman qui raconte la vie de Marylin Monroe, et avec elle, de ce besoin aliénant du regard de l’autre pour exister. Un livre envoûtant par sa profondeur et son écriture.
Avez-vous des habitudes d'écriture ? Et avez-vous de nouveaux projets littéraires ?
Des habitudes temporaires, qui diffèrent d’un manuscrit à l'autre. Pour mon gros chantier romanesque en cours (une fiction sur une famille déchirée pendant la guerre civile algérienne), j’ai besoin d’isolement, d’immersion longue. Pour un texte qui a jailli récemment, plus court, plus contemporain, qui porte sur la pulsion au féminin, j’ai beaucoup écrit dans le métro, le bus, le train, notant les phrases comme elles me venaient. Le temps de l’assemblage et de la réécriture demande maintenant un autre type de travail. Le seul invariant dans tout cela : j’écris mes premiers jets à la main.
Comment est né Laissez-moi vous rejoindre ?
De la combinaison de trois choses : un questionnement existentiel, un long séjour à Cuba et la découverte de cette figure iconique et tabou en même temps, Haydée, totalement fascinante, totalement dérangeante (comme le montrent certaines réactions de pro-castristes au livre !). Je m’interrogeais beaucoup à cette époque sur les limites du désir et du sacrifice. Jusqu’où peut-on aller par désir ? Quand les sacrifices exigés deviennent-ils contradictoires avec ce désir initial ? Comment distinguer le désir de l’idéal ? Ce sont des questions que nous nous posons toutes et tous dans notre vie amoureuse, familiale, professionnelle, amicale. Pour Haydée, qui a participé à une Révolution victorieuse puis qui a exercé le pouvoir, cette question, sans doute la question de sa vie, se pose à un tout autre niveau. Elle a voulu transformer le monde, s’est engouffrée dans ce projet avec toute son âme et y a perdu une part.
Pourriez-vous nous raconter une anecdote sur l'écriture de ce roman ?
Que le confinement est tombé à pic. Je venais d’avoir un premier rendez-vous chez Gallimard avec celui qui allait devenir mon éditeur, Jean-Marie Laclavetine, et qui m’avait donné des conseils pour retravailler le manuscrit. L’arrêt total de la vie quotidienne habituelle, malgré tous les problèmes qu’il posait, m’a aussi offert ce temps béni pour l’écriture.
Le mot de la fin.
Merci et bonne journée !
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