Il se livre avec une ironie mordante et pince-sans-rire à une observation sans concession des travers et ridicules de notre société (cette fois, c’est le monde de l’art, en particulier l’art contemporain qui est sur la sellette), mettant au service de ses constats désabusés une écriture féroce, hilarante, provocatrice, toute de digressions et développements incessants, pleine de trouvailles uniques et percutantes, fustigeant la bêtise qui l’exaspère et les faux-semblants dont il faut se méfier.
Et le jeu des apparences est le thème central de ce roman, dès le titre : « la carte n’est pas le territoire ». La représentation ne rend pas compte de toute la réalité, le mot n’est pas la chose, on pense à Magritte et à son « Ceci n’est pas une pipe », et à Proust qui a bien su décrire le hiatus entre fantasme, évocation du voyage dans un lieu et ses appellations, et le lieu lui-même.
Un héros imaginé – mais inspiré d’un véritable artiste –, un auteur qui se met en scène et invente des pans de sa vie, des célébrités bien connues qui traversent les pages, avec maestria Michel Houellebecq, brouille les pistes, brasse fiction et réel, mélange les genres au confluent de l’ethnologie, de la philosophie, de la critique d’art et même de l’enquête policière, mêlant littérature, photographie, peinture, avec brio et un désenchantement ravageur.
C’est virtuose, dévastateur (pour notre plus grande joie), captivant, jubilatoire. Et finalement profondément humain.
Un immense talent et un style novateur qui vaudront d’ailleurs le prix Goncourt à cet ouvrage fascinant.
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Gabriel et Marie-Hélène.