03 février 2025

Chronique littéraire : Le secret des mères de Sophie de Baere (JC Lattès).

Description de l'éditeur

Une mère dans le coma. Une fille en quête de vérité. Des secrets de famille enfouis depuis des décennies. Sophie de Baere nous plonge dans une saga familiale poignante où les non-dits façonnent les destins. 

Colette est de retour dans son Morvan natal, après de longues années d’absence, pour y veiller sa mère mourante. Confrontée une fois de plus au mutisme familial, elle décide de faire la lumière sur l’évènement qui, un soir de juillet 1969, a tout fait basculer. De découverte en découverte, elle obtiendra des réponses qui iront bien au-delà de sa quête et feront voler en éclat ses certitudes.

Après Les Ailes collées (Prix Maison de la presse 2022), Sophie de Baere poursuit son exploration de l’intime et nous offre une plongée saisissante dans la France rurale, de l’après-guerre jusqu’à la fin des années 60. Des amours empêchées aux maisons maternelles pour « filles-mères », l’auteure ranime avec sa plume sensible une époque où les femmes avaient bien peu de droits mais ne manquaient ni de passion, ni de révolte.

«  Sophie de Baere fait mouche avec ce Secret des mères, superposant les strates de temps et les points de vue, qui ne ménage pas les surprises  » LIRE


Notre chronique
Un secret qui traverse les âges, une fresque poignante de la condition féminine
J’ai adoré cette plongée bouleversante au cœur de la France rurale, où se mêlent la pudeur des sentiments et les silences qui pèsent comme des fardeaux. Colette, en revenant dans son Morvan natal pour veiller sa mère mourante, s’attaque à des décennies de non-dits et de douleurs enfouies. Dans ce roman choral, l’auteure alterne habilement entre deux époques et tisse un lien invisible entre les drames du passé et la quête d’identité du présent.
On reste bien peu de temps dans l’enfance mais je crois que malgré soi, toute sa vie, on ne cesse d’y revenir.
L’intrigue est portée par une écriture poétique et lumineuse. Les thématiques sont universelles : le poids du secret familial, l’amour empêché et le courage des femmes qui ont défié les conventions pour préserver une part d’elles-mêmes ou protéger leurs enfants. À travers les destins entremêlés de Marthe, Hélène, Ada/Colette..., Sophie de Baere dresse le portrait de figures féminines fortes, qui oscillent entre passion, révolte et sacrifice. Comme l’évoque la citation : « Mais le secret est une pourriture qu’on n’enterre jamais tout à fait. », ces secrets, loin d’apaiser, gangrènent les cœurs et façonnent des vies entières. Ce roman rappelle Un secret de Philippe Grimbert, que j’ai également adoré.
Mais le secret est une pourriture qu’on n’enterre jamais tout à fait. Il hante et affadit tout. Et chaque jour, chaque heure, chaque minute, il jetait son fiel par-dessus l’épaule de Marthe, tordant sa réalité, abîmant jusqu’à ses plus jolis gestes et ses plus pures intentions avec l’enfant. 
La fresque historique, qui s’étend de l’après-guerre à l’année 2004, est un hommage aux femmes qui, malgré les entraves de leur époque, ont su trouver en elles la force de vivre selon leurs envies et croyances. J'ai apprécié en apprendre davantage sur les maisons maternelles pour filles-mères et les enfants placés. L'auteure nous permet d'apprendre et de nous évader dans un histoire qui nous touche tellement !
En outre, dans cet ouvrage, l’écriture, poétique et incisive, met en valeur les superbes paysages du Morvan. Les multiples voix narratives enrichissent le récit, offrent un éclairage nuancé sur les drames et les choix de chacun et maintiennent une tension narrative constante.
À lire pour redécouvrir une époque et ses luttes sociales sous un prisme intime.
Un ouvrage qui reste en mémoire longtemps après la dernière page...

Pour aller plus loin
Finaliste du Grand Prix RTL-Lire (résultats 24 mars 2025)

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Gabriel et Marie-Hélène.